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La Russie, ce sera sans eux #10 – La Lettonie

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La phase de groupes des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 est malheureusement arrivée à son terme.  Footballski revient sur le parcours de nos vinqt-quatre sélections assurées de ne pas être en Russie en juin prochain. Voici maintenant la Lettonie, reléguée à la cinquième place d’un groupe composé du Portugal, de la Suisse, de la Hongrie mais aussi des Îles Féroé et d’Andorre.  

Les résultats

Andorre – Lettonie : 0-1
Lettonie – Ils Féroés : 0-2
Lettonie– Hongrie : 0-2
Portugal – Lettonie : 4-1
Suisse- Lettonie : 1-0
Lettonie – Portugal : 0-3
Hongrie – Lettonie : 3-1
Lettonie – Suisse : 0-3
Iles Féroés – Lettonie : 0-0
Lettonie – Andorre : 4-0

Groupe B :

  1. Portugal 27 points
  2. Suisse 27 pts
  3. Hongrie 13 pts
  4. Îles Féroé 9 pts
  5. Lettonie 7 pts
  6. Andorre 4 pts

La Lettonie entamait son parcours par une courte victoire à Andorre via un but de Sabala. Malheureusement, la réception des Iles Féroé se soldait par une humiliante défaite (0-2). L’affaire était déjà très mal embarquée. Même score pour la réception d’une Hongrie pourtant loin d’être impériale. Le déplacement à Faro contre le Portugal se solde par un solide 4-1. Il faut cependant noter que Zjuzins avait égalisé à la 67e (1-1), mais le Portugal reprenait l’avantage trois minutes plus tard et giflait l’insolence Lettone en fin de match, Cristiano Ronaldo s’offrant un doublé pour l’occasion. Le déplacement en Suisse se solde par une courte défaite 1-0 et la réception du Portugal par un net 0-3, Ronaldo s’offrant un nouveau doublé. A Budapest nouvelle défaite 3-1, Freimanis sauvant l’honneur. La Suisse s’impose facilement 0-3 à Riga. A Torshavn, la Lettonie arrache un triste 0-0. La réception d’Andorre permettra de terminer sur une note positive 4-0 via Ikaunieks, Sabala par deux fois et Tarasov.

Un parcours particulièrement pénible donc.

Les raisons de la non qualification

Il est loin le parcours glorieux de l’Euro portugais de 2004. Dans un groupe avec le vainqueur de l’Euro en France, la Hongrie qui y avait réalisé un beau parcours, une Suisse toujours solide, on attendait de la Lettonie qu’elle assure contre les deux équipes présumées faibles du groupe (Andorre et Iles Féroé) et qu’elle grappille un point ou l’autre contre les équipes plus fortes. Le résultat final est donc extrêmement décevant. Les iles Féroé ont en fait réalisé ce qu’on attendait de la Lettonie.

Avec un effectif âgé et composé essentiellement de joueurs du championnat local, il était clair que la tâche ne serait pas aisée. Andris Vanins à 37 ans et affichant 82 capes illustre parfaitement le problème de l’équipe lettone. Bien que prestant encore FC Zurich il n’y a pas de jeune relève pour venir lui mettre la pression. Ces remplaçants Pavel Steinbors (Arka Gdynia) et Kaspars Ikstens (Jelgava) affichent déjà 32 et 29 ans.

En défense, le capitaine Kaspars Gorkss (FC Riga) affiche 35 ans. Il est entouré de Vladislavs Gabovs (32 ans/ Pafos), Gints Freimanis (32 ans/ Jelgava) seuls Kaspars Dubra et Vitalijs Maksimenko font redescendre la moyenne d’âge (26 ans tous les deux), mais ils évoluent respectivement au RFS Riga et au BrukBet Termalica Nieciecza.

Au milieu, seuls Igors Tarasov ( Slask Wroclaw) et Davis Ikaunieks (Vysocina Jihlava) évoluent à l’étranger. Autour d’une flopée de jeunes joueurs de D1 lettone, on retrouve encore Aleksejs Visnakovs (33 ans/ RFS Riga) et Olegs Laizans (30 ans/ Riga FC).

En attaque, Valerijs Sabala (23 ans) doit se démener pour alimenter le marquoir. Quittant en 2014 le Skonto Riga pour tenter sa chance au Club de Bruges, il n’y joue pas une seconde et est prêté (Anorthosis Famagusta/ Jablonec/ Miedz Legnica/Pribam/ DAC/FC Riga) avant d’atterrir cette saison au Podbeskidzie Bielsko-Biala. Autant dire qu’on attend que sa carrière décolle. L’autre solution étant Deniss Rakels du Lech Poznan. Un peu léger à ce niveau.

Les motifs d’espoir

Difficile de tirer des enseignements positifs de cette campagne de qualification. Le constat est établi, la Lettonie doit faire table rase du passé. Il est grand temps de renouveler des cadres qui ont montré leurs limites. Le défi est maintenant d’intégrer de jeunes pousses et de leur donner l’expérience nécessaire pour appréhender le plus haut niveau. Cela ne se fera pas en un jour et il est nécessaire que plus de jeunes partent évoluer dans un championnat plus relevé. La réussite de cette transition marquera sans doute l’évolution de la sélection pour les dix prochaines années. Est-ce possible ? C’est pour l’instant un mystère total. La faiblesse du championnat local qui se reflète dans les médiocres résultats des clubs lettons au niveau européen indique qu’on est malheureusement dans un gros « trou » de génération.

Et maintenant ?

Faire du neuf avec du vieux, voici la formule choisie par la fédération lettone pour relancer une équipe nationale à la dérive. En place depuis juillet 2013, Marian Pahars cède le flambeau à son prédécesseur Aleksandrs Starkovs, l’homme des exploits passés et de l’Euro. Autant dire que la tâche ne sera pas aisée. Il pouvait à l’époque se baser sur l’ossature du Skonto Riga, qui a fait faillite depuis. Une autre époque. Starkovs devra avant tout procéder au remplacement de nombreux cadres pour lesquels le terme « vieillissant » est encore gentil.  Pour ajouter à la morosité ambiante, Artjoms Rudnevs sans doute le joueur letton le plus talentueux à annoncé à la surprise générale la fin d’un commun accord  de son contrat avec le FC Köln et sa retraite sportive. Le fait d’évoluer dans le groupe D de la prochaine Ligue des Nations permettra sans doute à Starkovs d’entreprendre en douceur et face à des oppositions moins relevées cette rénovation tant attendue.

Viktor Lukovic


Image à la une :  AFP PHOTO / Ilmars Znotins / STR

La Russie, ce sera sans eux #10 – La Lettonie
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On a discuté avec Nasro Bouchareb et Alexandre Kore, deux Français évoluant au Stumbras Kaunas

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Ce 23 septembre 2017 est à marquer d’une pierre blanche pour le Stumbras Kaunas. En s’imposant contre l’ogre Zalgiris Vilnius, le club de Kaunas remportait la coupe de Lituanie et le droit de participer à la Ligue Europa 2018-2019. L’unique but de cette victoire historique était inscrit à la 84e par Nasro Bouchareb, un Français qui venait de remplacer Alexandre Kore, autre tricolore, quelques minutes auparavant. Rencontre avec le duo de colocataires.

Tout d’abord, comment des Français se retrouvent-ils à Kaunas ?

Nasro Bouchareb : J’ai été formé au Nîmes Olympique, puis je suis passé en DHR au CO Soleil Levant Nîmes, et ensuite au Toulouse Rodéo FC. Par la suite, via Abderaouf Zarrabi qui a été pro en Algérie et connaissait le coach, je suis arrivé à Kaunas. Je passe de la CFA 2 à une première division à 23 ans. Plutôt pas mal !

Alexandre Kore : J’ai commencé à l’Athlétic Club de Boulogne-Billancourt, puis en Allemagne au SSV Ulm, où je n’ai pas été sérieux et je rebondis en CFA2, à Saint-Geneviève des Bois. En 2014-2015, je passe en Arménie (Ulisses Erevan) où la situation n’était vraiment pas bonne et, depuis l’année passée, je suis à Kaunas. J’avais passé un test infructueux à Portimonense et via une connaissance du coach, je me suis retrouvé à Stumbras.

L’arrivée d’un autre Français a dû te faire plaisir?

A. K : Oui, franchement, ça me fait beaucoup de bien. On dort dans la même chambre d’hôtel. Tous les joueurs étrangers sont dans le même hôtel, en fait. Je me sentais des fois un peu seul, il y a la barrière de la langue. Le lituanien, c’est vraiment très compliqué.

N. B : Moi, je ne parle que français, donc avoir un compatriote pour m’accueillir et m’aider, ce fut top. C’est vraiment très différent de la France, et la langue, impossible pour moi. En plus, on s’entend bien sur le terrain, donc je suis très content.

Tu as d’ailleurs failli ne pas rester, Alexandre ?

A.K : Oui, j’ai eu l’opportunité de passer un test au Lokomotiv Moscou. Ça se passe hyper bien, je joue un match contre le Werder Brême, je marque deux buts. L’entraîneur me voulait, le directeur sportif pas du tout. Cela ne s’est pas fait. C’est le football.

Vous venez de remporter la coupe mais en championnat, ça ne va pas du tout (Stumbras joue un barrage de promotion/relégation contre Banga et a remporté 1-2 le premier round en déplacement). Pourquoi ?

A.K : Pour la coupe, il y avait une très grosse motivation. On pensait à l’Europa League.  On a des capacités qui ne se reflètent pas en championnat. Ce n’est pas toujours facile de jouer quand la situation financière est difficile. Ça influe sur la motivation. Et puis bon, l’équipe n’arrête pas de changer, il y a beaucoup de transferts, donc c’est un peu compliqué.

N.B : Alexandre a bien résumé la situation. Pour la coupe, on était à 100%. En championnat, ce n’est pas toujours ça.

Vous avez fêté un peu cette victoire en coupe?

N. B : Un peu. On a été au restaurant  avec l’équipe et puis Alexandre et moi, on a été en boîte. On s’est bien marré, donc après, on y est retourné avec toute l’équipe, c’était sympa.

A. K : Calmement. La sortie en boîte, ça aide à créer le groupe. Avec tous les nouveaux, qui vont et viennent, c’est un peu compliqué.

C’est votre meilleur souvenir footballistique ?

N .B : Pour moi oui, je rentre et je marque le but victorieux. Le top.

A.K : Pour moi, non. Mon meilleur souvenir, c’est quand j’ai qualifié l’ACBB contre le Red Star en coupe de Paris. Inoubliable !

© facebook

Comment a été l’accueil au club ?

A.K : Pour moi, au début, compliqué. Les Lituaniens ne sont pas habitués à voir des noirs. Donc, j’ai  senti un peu de racisme au début. Et puis au final, ils ont appris à me connaître et tout se passe très bien. Surtout que cela a beaucoup changé avec  les nouveaux investisseurs : il y a des Portugais, des Brésiliens, l’effectif est très international. Et puis, avec Nasro qui parle français, ça me change la vie !

N. B : Plus facile pour moi, vu qu’il y avait déjà Alexandre. Après, c’est un nouveau pays, un autre mode de vie, ce n’est pas facile quand même. En plus, j’ai eu une petite blessure, le club m’a envoyé me faire soigner en France, donc je suis retourné au pays de mai à août.

C’est quoi le projet de Stumbras ?

A. K : C’est un club jeune. Il n’y a pas beaucoup de public, 200 personnes environ. Le club a été racheté par des investisseurs étrangers, dont le coach Mariano Barreto. Donc le projet, c’est de mettre des joueurs en valeur et de faire un bénéfice sur les transferts.  Il y a Abdul Basit, un Ghanéen qui est parti avec le gardien brésilien (Rafael Broetto) à Maritimo au Portugal. Je serais peut-être le prochain, qui sait (rires).

N. B : Oui voilà, le but est de se mettre en valeur, pour ensuite faire un transfert dans un plus gros club. Donc, on bosse !

Il y a aussi un jeune lituanien qui est parti au LOSC, Nauris Petkevicius ?

A. K : Oui, je le connais, on est toujours en contact par internet. Il a une très bonne technique mais il est encore un peu léger physiquement. Si il bosse bien ça, il a des possibilités.

Une relégation serait donc une catastrophe ?

A. K : Oh oui ! Je pense que pour le club, ce serait fini.

N. B : On ne peut même pas l’imaginer. Avec la qualification pour l’Euroae League, se retrouver en D2…

Il y a une rivalité avec l’autre club de Kaunas, le Zalgiris ?

A. K : Oui, c’est un derby évidemment. Après, ils ont encore moins de public que nous (rires), donc ce n’est pas une ambiance de fou.

N. B : Kaunas n’est pas une ville de foot, c’est clair. Le gros truc ici, c’est le club de basket, le Zalgiris Kaunas. Des coéquipiers ont déjà été voir des matchs. Là, il y a une grosse ambiance.

Comment ça se passe niveau football en général ?

A. K : Franchement, c’est difficile. Ce n’est pas terrible au niveau tactique. Il y a trois équipes qui jouent bien : Zalgiris, Suduva et Trakai. Le reste, c’est de l’engagement physique et rien que ça… Zalgiris, je dirais que c’est un niveau de Ligue 2.

N. B : Exactement, les trois premiers c’est super fort et puis il y a le reste. Zalgiris c’est le top.

© facebook.com/FCStumbras

Et avec le coach Mariano Barreto ?

A. K : Il est hyper fort pour te motiver. Il te rentre dedans pour que tu donnes le meilleur de toi-même. On s’entend bien.

N. B : C’est un meneur d’hommes, il peut être très dur avec toi mais c’est pour ton bien. Il est très exigeant mentalement.

Vous jouez soit au petit stade de la fédération, soit au grand stade de Kaunas (S. Dariaus ir S. Girėno stadionas). Vous avez une préférence ?

A. K : Le stade Darius. Le synthétique du petit stade de la fédération, je n’aime pas du tout. C’est mauvais pour les articulations, tu risques de te blesser. Sur le grand stade, c’est une pelouse et tu as de l’espace pour jouer. Bon, après ça sonne un peu vide…

N.B : Idem, synthétique et pelouse, il n’y a pas photo.

Il y a des joueurs qui vous ont impressionnés en A Lyga ?

A. K : Oscar, de Trakai ! Manzorro, le Français de Suduva et le Serbe de Zalgiris (NDRL : Matija Ljujic). Hyper technique !

N. B : Les mêmes et Alexandre Kore !

Maksimov et Panyukov, vous connaissez ?

A. K : Maksimov c’est un buteur, très bon devant le goal, après dans le jeu, je ne l’ai pas trouvé impressionnant. Panyukov, il est hyper rapide. Je sais qu’il vient de partir au Zenit St-Pétersbourg. C’est vraiment bien pour lui !

N. B : Non, je ne connais pas encore bien le championnat, avec ma blessure je n’ai, au final, pas été longtemps en Lituanie.

Et dans l’équipe de Stumbras ?

A. K : Agostinho ! Il est passé par Barcelone et était en équipe de jeunes du Portugal.

N. B : Oui Agostinho, il est vraiment bon, et Alexandre Kore bien entendu (rires) !

Il y a de plus en plus de Français en A Lyga, vous êtes en contact ?

N. B : Non, chacun vit sa vie. Il n’y a pas de contact entre nous.

A. K : Moi, juste Serge Nyuiadzi, du Zalgiris, qui vient de partir en Roumanie (Astra Giurgiu). Via internet. Sinon, non.


A lire: On a discuté avec Serge Nyuiadzi, attaquant du Zalgiris Vilnius


Quel est le meilleur déplacement en Lituanie ?

A. K : Zalgiris Vilnius sans contestation. Il y a du monde, des ultras qui mettent de l’ambiance. Ils donnent de la voix. Tu sens qu’ils poussent leur équipe.

N. B : Oui Zalgiris, les supportes chantent, tu as envie de te donner. C’est vraiment le top en Lituanie.

Le pire ?

N. B : Jonava ! Ils faisaient des cris de singe sans arrêt. C’était agressif

A. K : Oui, Jonava sans contestation. Le public est proche du terrain, c’était vraiment hostile. À Atlantas aussi, il y a eu des cris de singe mais pas comme à Jonava. C’est le pire.

Vous le ressentez aussi dans la vie de tous les jours ?

A. K : Non, ça va. Les gens ne sont pas habitués, mais ils ne vont pas venir t’embêter.

N. B : Kaunas c’est déjà une plus grande ville. C’est surtout les vieux dans les coins les plus reculés.

Kaunas, ca vous plait ?

N. B : Bof. C’est petit. Moi je viens de Nîmes, pas trop loin tu peux aller à Montpellier ou Marseille. Ici, il n’y a pas de grandes villes. Le centre commercial… mais bon, on ne peut pas aller au cinéma.  Il y a des boîtes sympas.

A. K : C’est une belle ville. Mais il n’y a pas tellement de choses à faire. On va un peu au centre commercial. On garde contact avec la famille par internet, on se repose. Là, maintenant que Nasro est là, c’est vraiment plus sympa pour moi.

© facebook.com/FCStumbras

Vous vous voyez encore en Lituanie l’année prochaine ?

N. B : J’ai encore un an de contrat, donc il faudra voir. Mais l’Europe de l’Est, ce n’est pas pour moi. Je ne parle que le français, c’est très compliqué. Je préférerais retourner dans un pays de l’ouest, francophone de préférence. Et puis, la Lituanie n’est pas un pays de foot, ici c’est le basket. Mais vraiment mon plus gros problème, c’est la langue.

A. K : On va voir, tout est possible, mais également je préférerais retourner à l’Ouest ou alors un plus gros championnat à l’Est. On va voir en fin de saison avec  la direction. On va discuter.

Quel est le point le plus négatif de votre expérience en Lituanie ?

N. B : La nourriture. Je mange hallal et c’est impossible à trouver, j’ai fait plein de magasins, mais rien. Il y a une mosquée, Alexandre y est déjà allé, mais ici, les musulmans ce sont des Ouzbeks, des Pakistanais. Ce n’est pas facile de communiquer avec eux.

A. K : L’hôtel dans lequel on loge est en train de tomber en ruine. Ça appartiendrait à un proprio du club, je ne sais pas vraiment, mais là, il tombe en morceaux, ça ne va pas du tout. Après, on est à dix minutes du stade, donc on peut aller  à pieds aux entraînements.

Le point le plus positif ?

N. B : Les filles sont incroyablement belles. Je suis dragué, mais le problème est toujours la langue. Je ne parle pas anglais donc discuter, ce n’est pas facile. D’ailleurs, Alexandre a un secret !

A. K : Je ne peux pas en parler !

N. B : Il a une copine lituanienne, une entraîneuse de foot, mais il n’assume pas !

A. K : Je n’ai rien à dire (rires).

 

Par Viktor Lukovic


Image à la une : © facebook.com/FCStumbras

On a discuté avec Nasro Bouchareb et Alexandre Kore, deux Français évoluant au Stumbras Kaunas
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2017: un an de football en Estonie

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Une nouvelle année de football prend fin en Estonie. Après le sacre surprise de l’ex-Infonet, devenu FCI Tallinn, les choses sont rentrées dans l’ordre, avec le onzième titre du Flora Tallinn, le club le plus titré depuis l’indépendance du pays. Si la bataille pour le titre a duré jusqu’à la fin de saison, la Premium Liiga n’a pas été surprenante dans son essence. Comme l’an dernier, le championnat s’est divisé en trois parties : les quatre gros clubs, le ventre mou et le promu luttant pour le maintien. L’écart entre le top 4 et le reste des équipes s’est d’ailleurs agrandi comme jamais auparavant. Pour la première fois, les quatre premières équipes du classement ont toutes dépassé la barre des 100 buts marqués ! Un écart de performances qui risque encore de se creuser l’an prochain, après l’annonce d’une fusion qui pourrait bien bouleverser l’ordre établi. Retour club par club sur cette année en Premium Liiga. 2017: un an de football en Estonie.

© jalgpall.ee

Un an de Premium Liiga

Flora Tallinn (90 pts)

Quel retour en force! Après une décevante 4e place l’an dernier, le Flora Tallinn a tout changé pour la saison 2017. Sur le banc tout d’abord, où Argo Arbeiter a cédé sa place au Néerlandais Arno Pijpers, déjà passé par le Flora et l’équipe nationale estonienne au début des années 2000. Le club a également fait le ménage au niveau de l’effectif, en laissant partir ses éléments étrangers pour se concentrer sur ses jeunes joueurs, uniquement estoniens, hormis le Géorgien Zakaria Beglarishvili, au club depuis des années.

Le très jeune effectif, où seuls quatre joueurs ont plus de 25 ans, est uniquement renforcé par des jeunes issus de l’équipe réserve (U21) du club. Comme lors de son dernier titre voilà deux ans, le Flora s’appuie donc sur sa formation. Avec le succès que l’on connaît, sous les ordres d’un Pijpers bien plus expérimenté que son prédécesseur. Devant, le Flora a brillé grâce à son attaquant-vedette Rauno Sappinen, meilleur buteur du championnat avec 27 réalisations (et 18 passes décisives), bien appuyé par Beglarishvili, auteur de 16 buts et 24 passes décisives. Sur le plan défensif, le nouveau capitaine Brent Lepistu (24 ans) a pris de l’envergure à la récupération, tout comme les jeunes Madis Vihmann et Joseph Saliste (tous deux 22 ans) en défense. Contrairement à l’année précédente, l’équipe a fait preuve d’une grande force de caractère, se montrant capable de tenir ses avantages en matchs, là où elle se faisait remonter un an plus tôt, où lors du match nul 3-3 face au Levadia, arraché grâce à deux buts en fin de match.

Rien n’annonçait pourtant une pareille réussite en début d’année. Pour le premier match officiel de la saison, le Flora est sèchement battu 5-0 par le FCI Tallinn en Super Coupe d’Estonie. Une défaite suivie de deux nuls 1-1 face au Levadia puis au Nõmme Kalju en ouverture de championnat. Un début morose qui s’accompagne d’une triste nouvelle : atteint d’une mononucléose, le prometteur milieu défensif Jan Kokla est contraint de mettre un terme à sa carrière à 20 ans à peine. Mais rapidement, tout se met en place, et le club connaît une série de 15 victoires consécutives, et de 24 matchs sans défaites ! Largement en tête à la mi-saison, le Flora flanche légèrement à l’automne, notamment après ses premières défaites, face au FCi (2-4) puis à Kalju (0-4). Le leader retombe sous la menace du Levadia jusqu’au bout, et doit attendre l’avant-dernière journée pour s’assurer du titre de champion. Un titre au final mérité, compte tenu notamment de la supériorité face à ses principaux concurrents Levadia (0V, 4N, 0D), Nõmme Kalju (2V, 1N, 1D) et FCI (3V, 0N, 1D).

La joie des ultras du Flora © Madis Sinivee

Reste à voir maintenant si le Flora peut confirmer cette belle saison.  De gros doutes planent sur la prolongation de contrat de Lepistu, ainsi que sur un éventuel transfert de la star Sappinen. Il faudra encore compter sur la formation pour rester au sommet en Premium Liiga, et briller enfin en Ligue des Champions, deux ans après le camouflet du premier tour face au champion de Gibraltar.

Levadia Tallinn (84 pts)

A l’instar de son grand rival, le Levadia Tallinn a connu une saison étonnamment réussie. Car les interrogations n’ont pas manqué en début de saison. Après un bouleversement quasi-intégral de son effectif, bien malin était celui qui pouvait prédire quel serait le niveau de l’équipe pour la saison à venir.

La principale interrogation concernait le remplacement d’Anton Miranchuk, le jeune meneur de jeu russe reparti au Lokomotiv Moscou au terme de son année de prêt. C’est du côté de l’Angleterre que le Levadia s’est tourné, accueillant, toujours en prêt, deux joueurs de l’équipe réserve de Middlesbrough. Un choix à moitié concluant seulement : si le défenseur ghanéen William Opoku Asiedu n’a pas su s’imposer, jouant la plupart du temps avec l’équipe U21 évoluant en Esiliiga, l’attaquant brésilien Joao Morelli s’est montré précieux et efficace, avec 17 buts en 22 matches. Avant malheureusement de manquer une bonne partie de la seconde partie de saison sur blessure. Une absence qui s’est fait cruellement sentir lors de la défaite face à Viljandi !

Car le championnat s’est peut-être joué dès l’été. Le 28 juillet très exactement, et ce match que le Levadia perd, contre toute attente, 1-0 sur le terrain du Tulevik Viljandi. Une des rares erreurs du Levadia cette année. Car avec 84 points et deux petites défaites seulement (l’autre face au FCI Tallinn), le club compte autant de points que lors de son dernier titre en 2014. Mieux, le Levadia est tout simplement la meilleure attaque (106 buts) et la meilleure défense du championnat, avec 20 buts encaissés seulement ! Une force défensive illustrée notamment par son gardien Sergei Lepmets, qui a réussi 22 clean sheets sur 36 matchs. De quoi donner encore plus de crédit à la performance du Flora, qui le devance.

Personne ne s’attendait à la suite, qui arrive quelques heures à peine après le coup de sifflet final de la 36e et dernière journée de championnat. L’annonce du club fait alors un assourdissant coup de tonnerre dans le ciel du football estonien : le Levadia et le FCI Tallinn fusionnent ! « Nous voulons offrir un meilleur produit que celui actuel. C’est pourquoi nous unissons les clubs. Nous ferons équipe avec les meilleurs joueurs et l’entraîneur-chef Aleksandar Rogic (le Serbe du FCI qui succède à Igor Prins, démissionnaire au Levadia). Les objectifs ne se limitent pas au football estonien, mais à l’international: nous voulons atteindre la phase de groupe des compétitions européennes. C’est mon rêve. » C’est par cette déclaration que Viktor Levada, patron du Levadia, fait l’annonce choc. « L’objectif n’est pas nécessairement à atteindre pour 2018, ajoute-t-il. Il est à plus long terme. Nous avons réuni les meilleurs joueurs et nous voulons créer un club qui sera non seulement champion d’Estonie, mais également capable d’aller loin en Europe. Notre objectif sera d’abord de passer le deuxième et le troisième tour de qualification. » Pour rappel, le Nõmme Kalju a réalisé en 2016 le meilleur parcours d’un club estonien, en atteignant le 3e tour préliminaire d’Europa League. L’idée de passer quatre tours pour atteindre les groupes reste donc difficile à réaliser pour un club estonien. Avec l’addition des forces (notamment financière) des deux entités, c’est une superpuissance qui pourrait bien voir le jouer dans le football estonien (toutes proportions gardées bien sûr). De quoi donner des inquiétudes au Flora, qui reste le grand rival.

Nõmme Kalju (78 pts)

Comme souvent, les Panthères roses de Kalju ont fait confiance à la stabilité. Hormis les départs des historiques Hidetoshi Wakui et Jorge Rodrigues (retraite), ainsi que de l’attaquant Ats Purje, reparti tenter sa chance en Finlande, peu de mouvements sont à citer. Équilibrée, joueuse et agréable à suivre, comme souvent depuis l’arrivée de Sergey Frantsev sur son banc, cette équipe a joué à son niveau et n’a pas grand-chose à se reprocher.

Comme chaque année, excepté lors du titre en 2012, Nõmme Kalju occupe le wagon de tête, sans pour autant être un réel concurrent à la victoire finale. Et comme souvent, l’écart qui sépare l’équipe de la première place se joue face aux concurrents directs. Cette saison encore, Kalju n’a pas réussi à faire le poids face au Flora et au Levadia (1V, 3N, 4D). Si le collectif a été dans l’ensemble performant tout au long de l’année – pas moins de dix joueurs ont marqué au moins cinq buts ! – quelques individualités n’ont pas réussi autant qu’attendu. Igor Subbotin est le premier visé. Après avoir marché sur la Premium Liiga avec le maillot du Levadia, l’ailier-attaquant est revenu au pays après six mois passés en deuxième division polonaise. Avec huit buts et six passes décisives, son apport est un peu en-deçà de ce qu’on aurait pu attendre de lui. Même constat pour le Brésilien Carlos Geovane (cinq buts), d’ores et déjà libéré par le club. Au rayon des réussites, notons les très bonnes saisons du Brésilien Liliu (16 buts, huit passes), de l’Italien Uggè, toujours aussi solide en défense ou encore de l’inamovible Artjom Dmitrijev au milieu.

© Hendrik Osula

Parmi les réussites, deux éléments vont quitter le club cet hiver. L’arrière droit Karl Mööl (25 ans) et le milieu russe Artur Välikaev ont en effet été laissés libres par le club de se trouver un meilleur contrat à l’étranger. Le club va donc devoir se renforcer pour concurrencer encore ses rivaux de la capitale. A défaut de la rejoindre d’ailleurs. Car Nõmme Kalju a été contacté pour joindre le Levadia et le FCI dans le projet de fusion. Une proposition finalement écartée par les banlieusards. Pour une raison culturelle tout d’abord, l’identité du club ne cadrant pas totalement avec celle des deux clubs très pro-russes. Une identité que le club à la meilleure affluence du pays ne souhaite pas galvauder. D’autre part, ce dernier possède des infrastructures parmi les meilleures du pays, largement suffisantes pour tenir son rang dans le top 3 de Premium Liiga. Il vient d’ailleurs de terminer la construction d’une deuxième tribune dans son Hiiu Staadion, qui pourrait lui permettre d’augmenter encore son affluence.

FCI Tallinn (65 pts)

« Nous avons réussi à atteindre nos objectifs en remportant le championnat et la coupe. J’ai décidé de me retirer pour plusieurs raisons. J’ai vécu tous les aspects non-professionnels du football. J’y ai dépensé toute mon énergie, mon temps libre et mon argent. Je suis fatigué. » Lors de l’annonce de la fusion entre le Levadia et son club, le FCI, Andrei Leškin n’y a pas été par quatre chemins. Cette annonce ressemble à une bénédiction après quinze ans d’existence pour ce qui n’était au départ qu’un club d’entreprise. Car l’année a été plus que difficile…

Au lendemain de son premier, et donc unique, titre national, le FCI s’est montré bien décevant en 2017. La victoire en Super Coupe offrait bien des promesses, qui se sont vite révélées impossibles à tenir. Le club a pourtant réussi à faire venir les meilleurs buteurs des deux dernières saisons, Jevgeni Harin et Albert Prosa, l’ancien du Flora, revenu d’une courte expérience en Finlande. Un retour réussi pour lui, avec pas moins de 27 buts cette année, ce qui fait de lui le meilleur buteur du championnat ex-aequo avec Rauno Sappinen.

Harin, Prosa, trois 9 et 51 buts à eux deux. © johannespaultamm.ee

Preuve des difficultés rencontrées, Aleksandr Puštov, fidèle lieutenant de Leškin, quitte son poste d’entraîneur en juillet, après cinq longues années passées à la tête d’un club avec lequel il a tout connu, du football amateur jusqu’au titre national. C’est une défaite 2-0 à Malte lors du premier tour préliminaire de Ligue des Champions qui finit par avoir raison de lui. Une désillusion européenne qui vient s’ajouter aux difficultés rapidement rencontrées en Premium Liiga. Car après la Super Coupe, le FCI est rapidement et lourdement retombé sur terre. Sans Harin, blessé, l’équipe ne prend que six points lors des cinq premières journées. Déjà trop peu pour espérer concurrencer le trio de tête. Pire, les matchs face aux autres équipes de la capitale tournent systématiquement au cauchemar. Il faut attendre la 23e journée pour que, enfin, le FCI s’impose face à une équipe de tête, en l’occurrence le Levadia. Au final, la Coupe d’Estonie, remportée face au surprenant Tammeka Tartu (2-0) reste le seul point positif de cet exercice 2017.

Avec la fusion, le FCI devrait former une solide entité, le FCI Levadia, avec son voisin. Deux clubs détenus par des businessmen issus de la minorité russe qui avaient tout pour s’entendre. Côté FCI, le président Leškin laisse volontiers la barre à ses homologues du Levadia, tout en garantissant un soutien financier. Le club quitte également son terrain pour le Kaadrioru Staadion du Levadia, mais voit son entraîneur serbe Rogic rester sur le banc de la nouvelle équipe. Côté joueurs, impossible de savoir pour le moment qui fera partie du groupe aux côtés des éléments du Levadia.

Trans Narva (45 pts)

Le meilleur des “autres.” Vingt points derrière le quatuor de tête, le Trans Narva est l’une des belles surprises de l’année 2017. Le club proche de la frontière avec la Russie a pourtant démarré cette saison sans les principaux piliers de son équipe. Roman Nesterovski et Kiril Nesterov ont ainsi rejoint le FCI Tallinn, tandis que d’autres sont partis sous des cieux aussi divers que la Russie ou… le Tadjikistan !

C’est donc dans l’inconnu, avec une équipe rajeunie, que le Trans Narva a entamé sa saison de Premium Liiga. Mais de quelle manière ! Le premier match se solde par une victoire 5-1 sur le terrain de Paide. Malgré des défaites logiques face aux clubs de la capitale, les bons résultats s’accumulent, et le club profite même du mauvais démarrage du FCI pour passer quasiment toute la première moitié de saison à la 4e place du classement. Ainsi épargnée de la lutte pour le maintien, l’équipe a passé une saison très détendue. Les problèmes rencontrés avec son meilleur buteur, le Biélorusse Dmitri Kovb, parti au mois d’août, en milieu de saison, n’ont même pas troublé sa tranquillité.

Le match Narva-Levadia de la 35e journée, qui prive les visiteurs du titre.

Pour la saison prochaine, le club de Narva devrait rester dans le groupe des « autres. » Pour autant, il pourrait bien profiter de la situation. Avec la fusion FCI-Levadia, une place européenne va se libérer, et donc devenir atteignable. De plus, le club de la région Ida-Viru, à l’extrême nord-est du pays, pourrait bien profiter de la disparition de son voisin de Sillamäe pour récupérer quelques joueurs à moindres frais. Peut-être l’occasion de forcer son destin et jouer autre chose que le ventre mou du classement.

Paide Linnameeskond (38 pts)

En progression constante depuis quelques saisons, les Vagabonds de Paide sont tombés de haut cette année. Renforcée par plusieurs anciens éléments du Flora, sur le terrain comme au sein du staff, l’équipe comptait grignoter encore un peu de son retard sur le top 4. Elle a été pour cela l’une des équipes les plus actives sur le marché des transferts en début d’année, comptant sur une masse salariale importante. Certains éléments sont ainsi payés plus qu’au Flora !

La gestion ne s’est cependant pas révélée idéale. Et la succession du serial-buteur Vjatšeslav Zahovaiko n’a pas été réglée. Jusqu’à l’an dernier, le caractériel attaquant tenait à bout de bras l’équipe dont il était le capitaine. Devenu son entraîneur cette année, il est le premier à ne pas parvenir à trouver la solution. D’autant plus qu’après quelques départs, son équipe connaît plusieurs blessures, dont celle de son capitaine et maître à jouer Andre Frolov, qui rate une dizaine de matchs.

Le jeune latéral Michael Lilander, l’une des rares satisfactions de l’année du côté de Paide. © Liisi Troska

Si la fin de saison marque une légère amélioration, tant dans le jeu qu’au niveau des résultats, l’ensemble est bien inférieur qu’à celui de la saison précédente (dix buts de marqués en moins et 20 buts encaissés de plus). Un dénouement qui devrait pousser le club à réduire la voilure. L’écart avec les meilleures équipes ne semble pas prêt d’être réduit. Peu de bonnes nouvelles donc.

Tammeka Tartu (37 pts)

La situation du Tammeka Tartu est relativement similaire à celle de Paide. Avec le départ à la retraite de son meilleur buteur Kristian Tiirik, le club a eu bien du mal à trouver le chemin des filets. Malgré un modeste bilan de 40 buts marqués en 36 journées, le club de Tartu n’a jamais été inquiété pour son maintien, grâce notamment à de bons résultats face à ses concurrents directs. Le jeunes effectif réussit même la belle performance d’atteindre la finale de Coupe d’Estonie, où le FCI s’est révélé trop fort pour être battu.

Après la finale perdue en Coupe d’Estonie. © jktammeka.ee

Mais pour cette saison, les principaux objectifs du club n’étaient pas sur le terrain, où il n’avait pas grand-chose à jouer à part le maintien. Si l’année 2017 est bonne, c’est surtout sur le plan du développement interne du club. A la suite de sa grande opération de crowdfunding, le club a inauguré son nouveau terrain artificiel, le Tartu Sepa Tänava Staadion. Toujours très actif dans le domaine du marketing, le club a mis en place le projet Tammeka 2020, dont les trois grands objectifs sont la formation de 1 300 enfants chaque année, la meilleure affluence moyenne du championnat avec plus de 1 000 spectateurs par match, et une place dans le top 3 de Premium Liiga. Des objectifs très ambitieux, mais pas totalement irréalistes pour la ville de Tartu, deuxième ville du pays avec ses 100 000 habitants, qui a toujours eu une grande passion pour le football, ce qui n’est pas le cas de toutes les villes du pays. Comme toujours dans les Pays Baltes, tout ne sera peut-être qu’une question d’argent.

Sillamäe Kalev (36 pts)

« Malheureusement, nous devons reconnaître le fait que nous ne participerons pas à la prochaine saison de Premium Liiga. Nous avons tout essayé pour résoudre nos problèmes financiers, mais nous n’avons pas l’argent pour jouer dans le championnat d’Estonie en 2018. » C’est par ces mots que le président Aleksandr Starodubtsev annoncé la disparition de son club. Après plusieurs années de lutte, Sillamäe Kalev doit donc céder face à ses problèmes financiers, qui n’ont cessé d’augmenter après notamment le retrait de ses principaux sponsors : le Port de Sillamäe et le pétrolier Alexela.

A l’intersaison, le club a ainsi perdu ses principaux éléments : le serial-buteur Evgeny Kabaev (Bohemians Praha), Denis Tjapkin (Nomme Kalju) et le jeune défenseur central Igor Dudarev, parti au Levadia. Des départs qui s’avèrent difficiles à compenser. Les arrivées se font tard, ce qui provoque un début de saison calamiteux. Sillamäe ne compte ainsi qu’une petite victoire sur les onze premières journées de championnat. Rapidement, le club doit dégraisser. Le Lituanien Mindaugas Kalonas et le Français Kassim Aidara sont libérés après une poignée de matchs, faute de possibilité de payer leurs salaires. Au fur-et-à-mesure de la saison, l’effectif de l’équipe devient ainsi de plus en plus mince. Au point de ne compter plus que 13 joueurs sous contrat en fin de saison. Des jeunes sont régulièrement appelés en équipe première, qui n’a parfois que quatre remplaçants sur le banc au lieu des sept autorisés.

Malgré tout, le club obtient sans trembler son maintien dans l’élite, dans le sillage des 18 buts d’Alexander Volkov. Sportivement du moins. Le 4 novembre, 111 spectateurs assistent au match Sillamäe Kalev – Tulevik Viljandi. Pour une dernière défaite (0-1). Deux jours plus tard, le président Starodubtsev jette l’éponge. Le club évoluera l’an prochain au niveau amateur, en 4e division.

Le tout dernier match de Sillamäe en Premium Liiga. © Capture d’écran Youtube/PremiumLiiga

Viljandi Tulevik (28 pts)

De retour en Premium Liiga après une saison passée en Esiliiga, le Viljandi Tulevik a, comme tout promu, passé une saison difficile, tout en atteignant son objectif qui était le maintien. Un objectif qui s’est d’ailleurs révélé moins compliqué que prévu à atteindre, vu le faible niveau affiché par la lanterne rouge Pärnu. C’est donc avec une pression tout relative que L’Avenir de Viljandi a pu aborder la plupart de ses matchs. Tant mieux, car, comme chaque année, une bonne partie de l’effectif a subi l’écart de niveau entre l’Esiliiga et la Premium Liiga.

Les difficultés se sont pourtant accumulées pour les Jaune et Noir. Son meilleur joueur, l’expérimenté défenseur international Sander Post, a tout d’abord été nommé à la tête de la sélection nationale U17, ce qui l’a privé d’une bonne moitié des matchs de son équipe. Ce sont ensuite les blessures de plusieurs joueurs qui ont handicapé Viljandi.

© Brit Maria Tael

Heureusement, les prêts de jeunes tels que Herol Riiberg, venu du Flora, se sont montrés positifs. A tel point que, débarrassé de toute pression, le Viljandi Tulevik a tenu tête aux meilleures équipes. Il est ainsi passé tout près de la victoire par deux fois face au Flora, mené à chaque fois au score jusque dans les dernières minutes. Mais c’est face au Levadia que Viljandi a frappé fort, avec une victoire 1-0 durant l’été. Une victoire qui prive en grande partie le Levadia du titre. En continuant sur sa lancée, le Tulevik pourrait profiter de l’expérience emmagasinée par ses jeunes pour hausser encore son niveau de jeu l’an prochain. Il faudra cependant faire sans Aivar Lillevere, son entraîneur qui a posé sa démission en novembre, épuisé, après plus de quatre années passées à la tête de son club de toujours. Un vrai coup dur pour le club.

Pärnu Vaprus (8 pts)

Malgré l’inauguration du tout nouveau Rannastaadion l’an dernier, le football va bien mal à Pärnu. En 2016, le club local, Pärnu Linnameeskond, a sauvé sa peau de justesse, à l’issue du barrage de fin de saison, avec un statut semi-professionnel. Insuffisant pour le club, qui est mis en faillite en janvier. Quelques semaines avant la reprise du championnat, c’est une nouvelle entité qui lui succède, Pärnu Vaprus. Vaprus, un terme qui signifie bravoure/courage en français. Tout un symbole.

En manque de moyens, le club a donné leur chance dans l’élite à de jeunes, voire très jeunes joueurs, âgés parfois de 16 ans. Des jeunes pour qui la tâche était bien trop ardue. Durant cette année cauchemardesque, les claques se sont accumulées : 1-11 contre le FCI, 0-10 contre le Flora, et même un 0-9 face à Sillamäe. Le résultat final de huit points n’est toutefois pas un record en Premium Liiga (le Rakvere Tarvas n’en avait obtenu que trois l’an dernier), tout comme les 146 buts encaissés sont encore loin de feu l’Ajax Lasnamäe, qui en avait encaissé 153 en 2007, puis 192 (!!) en 2011.

La découverte de l’élite a été bien difficile pour les jeunes de Pärnu. © Brit Maria Tael

Mais ce n’est pas tout. Après avoir perdu son joueur le plus expérimenté, l’international Martin Vunk, écarté des terrains dès l’été, le club de Pärnu est éliminé de Coupe d’Estonie par Narva United, une équipe de 4e division. S‘ensuit une invraisemblable série de 16 défaites consécutives en championnat. Au final, Pärnu Vaprus n’a ainsi pris qu’un seul et unique point sur les 20 derniers matchs de championnat ! Des résultats indignes d’une équipe de première division.

En cette fin de saison, l’avenir du football à Pärnu est plus que flou. Si la fusion FCI-Levadia et la disparition de Sillamäe sauvent Vaprus de la relégation, personne ne sait encore si le club repartira la saison prochaine. Une situation morose, bien loin de celle du club de football féminin de la ville, qui domine outrageusement le championnat estonien depuis des années.

Le XI de l’année

© soccernet.ee

Gardien: Mait Toom (Flora).
Défenseurs: Karl Mööl (Kalju), Madis Vihmann (Flora), Joonas Tamm (Flora), Joseph Saliste (Flora).
Milieux: Joao Morelli (Levadia), Zakaria Beglarišvili (Flora), Brent Lepistu (Flora), Jevgeni Kobzar (Levadia).
Attaquants: Rimo Hunt (Levadia), Rauno Sappinen (Flora).

Les buts de l’année

Comme chaque année, la Premium Liiga permet aux fans d’élire chaque mois le plus beau but. Ils sont tous réunis ci-dessous, et concourent tous pour l’élection du plus beau but de l’année 2017 en Estonie. Petit bonus: c’est l’occasion rêvée d’apprendre les mois de l’année en estonien.

Et l’année prochaine?

Comme expliqué plus haut, la Premium Liiga va connaître un énorme bouleversement en 2018 avec la fusion du FCI et du Levadia. Une fusion qui devrait donner naissance à une nouvelle place forte du football en Estonie. Si l’idée est bonne sur le plan européen, cette super-puissance pouvant s’offrir les moyens d’exister un peu sur le plan continental, elle devrait augmenter encore l’écart entre les trois meilleures équipes du pays et les autres. Un écart déjà important. Pour la première fois cette année, les quatre premières équipes du classement ont marqué plus de 100 buts chacune, quand toutes les autres ont terminé avec une différence de buts négative.

Avec cette fusion et le retrait du Sillamäe Kalev, il n’y aura pas de relégation cette année. Une aubaine inespérée pour Pärnu Vaprus, à condition d’améliorer le niveau de jeu. Il y aura donc deux promus l’an prochain, et le match de barrage entre le Tulevik Viljandi et le deuxième d’Esiliiga a été annulé au dernier moment.

Avec la modification du statut des équipes réserves, qui sont devenues U21, les réserves des grands clubs de Tallinn n’ont, pour une fois, pas dominé la deuxième division. Il a ainsi fallu attendre la toute dernière journée pour connaître le champion d’Esiliiga. A l’aube de cette dernière journée, deux équipes sont à égalité en tête du classement : Maardu Linnameeskond et le Kalev Tallinn. Hasard du calendrier, ces deux équipes se rencontrent justement lors de la dernière journée. A l’issue d’un match remporté 2-1, c’est Maardu qui s’adjuge le titre, au terme de sa seconde année seulement en Esiliiga. Une petite surprise. Sans avoir remanié son effectif, le club a nettement amélioré son niveau. A la pointe d’un effectif qui a beaucoup progressé, l’attaquant Vitali Gussev s’est montré intraitable avec 38 buts marqués en 31 matchs.

© Jana Pipar / EJL

Malheureusement, le club de Maardu n’est pas encore assuré d’avoir les moyens de participer à la Premium Liiga. Le club estime qu’un budget de 200 000 euros est nécessaire pour mener à bien la nouvelle saison, un montant bien supérieur à celui de cette année. Pour exemple, la mairie a décidé d’offrir au club une récompense de 5 000 euros pour son titre de champion d’Esiliiga cette année…

Bien que deuxième cette saison, le Kalev Tallinn semble mieux armé pour réussir dans l’élite l’an prochain. Unique club estonien à avoir évolué une saison dans l’ex-championnat d’URSS, le Kalev renaît de ses cendres sous l’impulsion d’un grand nom du football estonien : Joel Lindpere. Contrairement à Maardu, Kalev possède un effectif très jeune (21 ans de moyenne d’âge) et de solides appuis techniques et financiers. Ce qui lui a permis de faire venir plusieurs joueurs du niveau supérieur cette année, et de hausser un peu ses ambitions. Toujours avec prudence toutefois : « Nous avançons étape par étape, a ainsi déclaré Lindpere. Si quelques chose se produit, ce sera un changement minime, en fonction de la position du club, de ses capacités et de ce que nous devrons apporter. » Le premier changement a déjà eu lieu voila quelques jours, avec un changement d’entraîneur et la nomination d’Argo Arbeiter, l’ex-technicien du Flora. Rien que ça!

Joel Lindpere, en bonne compagnie avec le Scouser Ragnar Klavan. © Facebook Kalev

Seul bémol : le nombre de spectateurs. Malgré un jeu offensif et une série quasi-exclusive de victoires en seconde moitié de saison, le club n’a que rarement attiré plus d’une centaine de spectateurs. Le choix de quitter le vénérable Kalevi Keskstaadion pour un terrain artificiel n’y est peut-être pas pour rien. Il est en tout cas bien triste pour tous les groundhoppers et autres touristes footballistiques amoureux de belles pierres.

Pierre-Julien Pera et Marcel Dieterle


Image à la Une : © Tairo Lutter

2017: un an de football en Estonie
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2017 : Un an de football en Lituanie

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Saison historique et surprenante en A Lyga avec le premier titre de son histoire pour le FK Sūduva Marijampole, la fin de l’hégémonie du Žalgiris Vilnius, une victoire en coupe complètement inattendue pour le Stumbras Kaunas et de l’extra sportif négatif, ce qui pour ce dernier point est la norme en Lituanie.

Des pronostics mis à mal

La Fédération s’attirait directement la colère des fans, en plaçant 77 % des matchs d’A Lyga un jour de semaine. Une décision incompréhensible et pas de nature à remplir des stades où les assistances sont en général faméliques. Le format du championnat est identique à celui de la saison précédente. La saison se déroule sur une année civile, de mars à novembre. La phase classique est ponctuée par un mini-championnat entre les six premiers, l’avant-dernier joue sa tête dans une double confrontation contre le second de deuxième division et le dernier est relégué. Le champion de 1 Lyga, le FK Silas Kazlu Ruda avait gagné sur le terrain le droit d’accéder à la première division mais le club s’illustrait de manière négative en étant exclu par la fédération avant même d’avoir commencé la saison. Des joueurs et l’entraîneur étaient en effet soupçonnés d’avoir parié sur un match amical de préparation en Lettonie. Décision qui entraînait le repêchage du relégué, le  Žalgiris Kaunas.

Le scénario semblait écrit à l’avance et conforme aux saisons précédentes : Žalgiris champion sans soucis, une bataille Atlantas, Sūduva, Trakai pour l’Europe et une lutte pour la survie pour les autres.

Et c’est effectivement ce qui se passe jusqu’à l’été et les joutes européennes où, dans le sillage des beaux parcours de Sūduva et Trakai, on assiste à une redistribution complète des cartes. Žalgiris sans âme et méconnaissable s’effondre complètement et se fait dépasser par Sūduva , qui démontre lors de leurs deux confrontations directes qu’elle est bien l’équipe la plus forte et remporte méritoirement le championnat. Trakai, en perdant son buteur Maksimov qui s’était mit en lumière sur la scène européenne, perd un gros atout et perd bêtement des points qui lui auraient peut-être permis de revendiquer plus que la troisième place.

Atlantas perd son mentor, Konstantin Sarsania qui part au Zenit (et décède malheureusement de façon impromptue quelques temps après) et n’en touche plus une après l’été. En fin de tableau, le Žalgiris Kaunas ne quitte jamais la dernière place et son sort est rapidement scellé. Son voisin du Stumbras sauve sa tète dans les play-offs de promotion/relégation contre Banga assez facilement. Confrontation qui se joue au final pour rien, à peine le rideau tiré sur la saison 2017, Utenis annonce dès la clôture de la saison son retrait de l’élite lituanienne, pas assez rémunératrice. L’inconnue est pour l’instant totale pour le nom du remplaçant, Žalgiris Kaunas à nouveau ? Le Vytis Vilnius (D2) aurait montré son intérêt, à suivre donc… Le FK Palanga est champion de D2, le club de la petite ville thermale au bord de la Mer Baltique aura sans doute fort à faire pour se maintenir, la perspective d’un derby avec le voisin de l’Atlantas Klaipeda s’annonce déjà comme un événement pour le petit nouveau !

Autre événement remarquable, le magnifique parcours européen des filles du FK Gintra Universitetas Siauliai. Après s’être extirpées en préliminaire d’un groupe comprenant les championnes de Turquie, Slovaquie et Géorgie, l’équipe de Siauliai éliminait le FC Zurich Frauen et obtenait le privilège de croiser le fer avec le FC Barcelone. Les Catalanes s’imposaient facilement (0-6/0-3) et les Lituaniennes faisaient le tour du web avec un raté monstrueux, mais cela restera un parcours magnifique alors que l’équipe nationale est 46e au ranking UEFA, laissant seulement la Lettonie et le Luxembourg derrière elle !

Le récap de 2017

1) Sūduva – 71 points

Saison historique et inoubliable pour le club de Marijampole. Pourtant, à la mi-saison, le club ne semblait pas avoir son mot à dire dans la course au titre tant Žalgiris semblait inaccessible et Trakai un niveau au-dessus. Le club était alors en train de réaliser un magnifique parcours en coupe UEFA. Après une qualification miraculeuse contre le Shaktyor Soligorsk, suivie d’une qualification dans la douleur contre le FK Liepaja, le FC Sion était écrasé à Marijampole (3-0) et incapable de se reprendre en Suisse (1-1). En barrage, Ludogorets est trop fort, mais Sūduva sort avec les honneurs (0-2/0-0).

Le club réinvestit alors une partie de ses gains européens afin d’élargir un noyau un peu restreint et accueille le français Jeremy Manzorro (Anorthosis), Sergio Semedo (Apollon Limassol), Rigino Cicilia (Port Vale), Choco (Lokomotiv Plovdiv) et Josip Tadic (Slaven Belupo). Au final seuls Manzorro et Tadic seront des réussites mais Sūduva devient une machine à gagner. L’entraineur kazakh Vladimir Cheburin a su façonner une équipe redoutable , où le danger vient de partout. Les défenseurs Rafandah Abu Bakr et Semir Kerla (10 buts !) en sont la parfaite illustration, leurs grands gabarits se montreront d’une terrible efficacité pour semer la panique dans les défenses averses.

© facebook.com/fksuduva

Vaidas Slavickas réalise la meilleure saison de sa carrière et finit troisième lors de l’élection du footballeur lituanien de l’année, derrière deux expatriés (Cernych et Novikovas du Jagiellonia) et le Croate Andro Svrljuga incarne quant à lui la rage de vaincre qui anime cette équipe, il finira le match décisif contre Žalgiris blessé au bord du terrain avec une jambe plâtrée à haranguer le public et ses coéquipiers. Devant, Laukzemis assure avec 14 goals et est logiquement désigné meilleur joueur de A Lyga. Les deux prestations contre Žalgiris (deux fois 3-0) démontrent que la meilleure équipe de la saison se trouvait à Marijampole. Ces deux confrontations seront par ailleurs l’occasion d’établir les deux meilleures assistances de la saison avec 3600 et 4.489 spectateurs, des chiffres qu’on n’avait plus vu depuis des années tant d’habitude le championnat se montre sans surprise.

Le club ne compte pas se reposer sur ses lauriers et trouvait un accord pour prolonger l’aventure avec le magicien Cheburin. Il travaille aussi à prolonger les cadres de l’équipe. Le buteur Laukzemis a déjà indiqué être tenté par une aventure dans un championnat plus prestigieux. Après avoir goûté à la victoire, il ne fait aucune doute que Suduva a maintenant changé de statut et ne compte plus laisser au Žalgiris seul la domination du championnat dans les années qui viennent. Cette saine émulation ne peut-être que positive pour le football lituanien.

© facebook.com/fksuduva

2) Žalgiris Vilnius – 67 points

Le 70e anniversaire de l’ogre de Vilnius a tourné au désastre. Alors que la saison s’annonçait sans difficultés au niveau national, il semblerait que l’élimination en préliminaire de la C1 des œuvres de Ludogorets ait brisé l’élan de l’équipe. Les contre-performances vont alors s’enchaîner et la dernière journée de la phase classique offre un Sūduva-Žalgiris qui déterminera qui occupera la première place au début des play-offs. La rencontre tourne à l’humiliation pour Žalgiris , qui s’incline sans discussion 3-0. La plus grosse défaite en championnat pour Žalgiris depuis sept ans. La défaite de trop pour Valdas Dambrauskas qui présentait sa démission. Aleksandr Brazevic (BATE Borisov) se voyait donner la mission de sauver la saison durant les play-offs. On notera une incroyable défaite à domicile contre Jonava (2-4) et une nouvelle humiliation lors du match décisif contre Sūduva (3-0) où Žalgiris fut inexistant. Le mal était donc profond.

Au terme de cette bérézina, Aleksandr Brazevic déclarait qu’il fallait changer 50 % de l’équipe en vue de la saison prochaine. Ce sera sans lui, le club annonçant rapidement son remplacement par Aurelijus Skarbalius qui signait un contrat de deux ans. Un ancien joueur du Žalgiris (1992-94) et international (65 sélections) qui a passé ensuite la majorité de sa carrière à Brondby et s’est reconverti en entraineur (Herflge, HB Hoge, Brondby, Viborg) et de s’occuper des jeunes de Brondby depuis 2015. Il est réputé pour son travail avec les jeunes. La grande lessive a commencé dans l’effectif. Kaja Rogulj, Matija Ljujic, Bahrudin Atajic et Mahamane Traore ne sont pas prolongés. Une flopée de Lituaniens dont des joueurs importants comme Vikauskas, Sernas (meilleur buteur du championnat mais vieillissant), Luksa ou Vaitkunas se retrouvent en fin de contrat et la décision de les prolonger reviendra à Skarbalius. Le meilleur joueur de la saison est un défenseur, Mamadou Mbodj (qu’on avait interviewé cette saison), éloquent pour un club qui est censé être le Barça lituanien. L’intersaison s’annonce donc animée du côté de Vilnius, d’autant plus que le directeur sportif, Mindaugas Nikolic vient d’annoncer avoir des offres d’Allemagne, de Croatie et de Pologne et prendra une décision dans le mois. Un départ qui serait très symbolique, l’homme étant une grande figure du retour au top du mythique club de la capitale.

© fkzalgiris.lt


Lire aussiOn a discuté avec Mamadou Mbodj, défenseur du Žalgiris Vilnius


3) Trakai – 64 points

Avec comme chaque année un noyau de qualité mais restreint en quantité, Trakai tenait son rang et en embauchant le Russe Maksim Maksimov d’Atlantas, il réalisait la bonne pioche de l’année. Le Russe profitait du brillant parcours de Trakai qui sortait St Johnstone et Norrköping avant d’être éliminé par Shkëndija pour inscrire la bagatelle de sept buts en Europe. Ses prestations ne passent pas inaperçues et le Vardar Skopje l’engage, mais sans l’accord de Trakai ! L’affaire sera jugée devant les tribunaux mais aura un impact très négatif sportivement pour le club. Privé de son buteur, le club est moins fringant en championnat et ne profite pas de l’effondrement du Žalgiris.

Malgré le transfert surprise de l’ancien international russe Diniyar Bilyaletdinov et les prestations du Libérien Oscar Dorley (élu meilleur jeune joueur), le club n’arrive pas à suivre le rythme imposé par Sūduva. Une saison gâchée par le départ de Maksimov mais globalement positive, dans les conditions toujours difficiles de devoir jouer à Vilnius vu l’absence d’un stade aux normes à Trakai. Reste à voir le visage que présentera l’équipe la saison prochaine, le prometteur Oscar Dorley est fortement courtisé par des clubs étrangers et devrait logiquement quitter le club.

4) Jonava – 38 points

Jonava avait pour seule ambition de passer une saison tranquille, objectif réussi. Profitant de l’effondrement d’Atlantas, le club arrive même à finir en tête du peloton des mal lotis. A distance cependant très respectable du trio de tête. S’appuyant sur une base de joueurs lituaniens aguerris et quelques étrangers apportant un plus (comme l’Ukrainien Marusych auteur de 8 buts), l’objectif sera de faire de même la saison prochaine.

5) Atlantas- 36 points

Le club a longtemps été suspendu au destin de Konstantin Sasarnia. L’homme qui avait fait revivre le club depuis quelques saisons décidait finalement de quitter le club pour le Zenit, empotant dans ses bagages le buteur Panyukov. Le club, ridiculisé en coupe d’Europe, passait une fin de saison pénible et voyait Jonava lui ravir la quatrième place. Des problèmes financiers sont évoqués, beaucoup d’interrogations subsistent donc pour la prochaine saison.

© @david.andronic

6) Utenis – 33 points

Saison très étrange du coté d’Utenis. A la mi-saison, le club se sépare d’une équipe complète et en transfère une entière, composés d’Espagnols principalement. Le club rentrera dans l’histoire pour avoir aligné pour la première fois un onze uniquement composé de joueurs étrangers. Mais ce curieux amalgame de nationalités permettra juste de finir la saison sans vraiment briller. Difficile de trouver une logique à tout cela, d’autant plus que dès la saison terminée, le club annonçait renoncer à sa place en première division, vu le peu d’attractivité financière de l’élite lituanienne, et repartir en D2 afin de se consacrer à la formation des jeunes.

7) Stumbras Kaunas – 22 points

Saison tout en contraste pour Stumbras. Un parcours en championnat catastrophique mais une victoire en coupe contre Žalgiris (avec un but du Français Nasro Bouchareb) ! Figure centrale du club,  le Portugais Mariano Barreto à la fois entraîneur, propriétaire, directeur sportif et un peu agent a fait du club sa chose. Le club multiplie les transferts de joueurs (principalement portugais donc) et loue quelques espoirs au Žalgiris Vilnius. On y retrouve des profils étonnants comme Agostinho Ca passé par l’équipe B du Barça et ancien international chez les équipes de jeunes pour le Portugal.

Sportivement, cette instabilité est loin d’être idéale. Dès la fin de saison sifflée, cinq joueurs lituaniens annonçaient quitter le club et évoquaient une situation désastreuse tant au niveau financier que de l’encadrement. Baretto temporisait, en expliquant les problèmes de payements par le départ soudain de deux investisseurs tout en indiquant que des solutions seraient trouvées afin de présenter une équipe compétitive en Ligue Europa. Wait and see.

© facebook.com/FCStumbras


Lire aussi : On a discuté avec Nasro Bouchareb et Alexandre Kore, deux Français évoluant au Stumbras Kaunas


8) Žalgiris Kaunas – 15 points

Repêchée en A Lyga une semaine avant le début de la saison suite à l’exclusion de Silas, la section football du géant du basket européen portant le même nom n’était pas de taille à affronter la première division.  Le début de saison est un calvaire pour le petit poucet, la première victoire de la saison tombait début juin avec une victoire surprise contre le Žalgiris Žalgiris Vilnius. Victoire qui semble avoir servi de déclic puisqu’avec l’apport de quelques joueurs étrangers, le club redresse la tête à mi-parcours.

Le club nomme le jeune Nord-Irlandais Johnny McKinstry comme nouveau coach, à la mi-juillet. Précédemment en charge de la Sierra Leone puis du Rwanda, il était devenu à 27 ans le plus jeune entraîneur à prendre en charge une équipe nationale. Cependant, l’effectif du Žalgiris Kaunas était sans contestation le plus faible et la fin de saison n’est qu’une succession de mauvais résultats, avec pour conclusion une logique dernière place. Reste à voir maintenant qui prendra la place d’Utenis la saison prochaine, le Žalgiris Žalgiris Kaunas fait partie des candidats…

Classements

© facebook.com/Alyga.LT

Meilleurs buteurs :

  1. D. Sernas (Žalgiris) – 18
  2. K. Laukzemis (Sūduva) – 144
  3. Elivelto (Žalgiris) – 14
  4. A. Panyukov (Atlantas) – 11
  5. M. Maksimov (Trakai) – 10
  6. S. Kerla (Sūduva) – 10
  7. M. Marusych (Jonava) – 8
  8. B. Atajic (Žalgiris) – 7
  9. D. Bilyaletdinov (Trakai) – 7
  10. T. Labukas (Trakai/Atlantas) – 7

Récompenses de fin d’année :

  • Meilleur joueurFedor Černych (Jagiellonia)
  • Meilleur joueur de A LygaKarolis Laukžemis (Sūduva)
  • Meilleure joueuseUgnė Šmitaitė
  • Meilleur jeune joueur en A Lyga : Oscar (Trakai)
  • Meilleure jeune joueuseUgnė Šmitaitė
  • Meilleur entraîneurVladimir Čeburin (Sūduva)
  • Meilleur entraîneur fémininRimantas Viktoravičius (FK Gintra)
  • Meilleur buteurDarvydas Šernas (Žalgiris)
  • Meilleure buteur féminin : Zenatha Coleman (FK Gintra)

© @fediacer13

But de l’année

Il est l’oeuvre de Robertas Vėževičius de Sūduva. Auteur de trois buts cette saison, l’un d’entre eux est sans doute l’un des plus importants de l’histoire du club. A Sion, Sūduva est mené 1-0 par Sion, ce qui lui laisse de la marge avec le 3-0 infligé aux Suisses à l’aller. Mais Vėževičius décide de s’en aller sur l’aile gauche, à dix minutes du terme, et d’assurer la qualification au bout d’une course improbable qui sonne le glas de la saison européenne du FC Sion et offre à Sūduva une place en barrages de la Ligue Europa.

Par Viktor Lukovic


Image à la une : © facebook.com/fksuduva

2017 : Un an de football en Lituanie
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2017 – Un an de football en Lettonie

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Un second sacre consécutif pour le Spartaks Jurmala, une compétition très serrée en haut du classement, peu de buts et des paris sportifs litigieux, voici les grandes lignes de la Virsliga version 2017.

Après une saison 2016 marquée par le premier sacre de l’histoire du Spartaks Jurmala devant le FK Liepaja et Ventspils, on s’attendait à voir le même trio occuper le devant de la scène en 2017. Le champion de D2, le SK Babite prenait la place du relégué, le BFC Daugavpils. Pas de changement au niveau  du schéma de la compétition, les huit équipes s’affrontant quatre fois durant la saison qui se déroule du 10 mars au 4 novembre, le dernier du classement étant relégué et l’avant-dernier devant disputer un barrage de promotion-relégation face au 2e de D2. Le champion est qualifié directement au deuxième tour des éliminatoires de la Ligue des Champions. Les équipes qui terminent deuxième et troisième, ainsi que le vainqueur de la coupe nationale sont-elles qualifiées pour disputer le premier tour des éliminatoires de l’Europa League.

Un championnat extrêmement homogène

Le championnat fut particulièrement disputé dans le haut du classement. Si le Spartaks à été en tête quasiment toute la saison, il se tenait dans un mouchoir de poche avec Ventspils, Riga FC, Liepaja et RFS. Les scores fleuves furent rares et les attaquants peu à l’honneur, signe que les équipes étaient d’un niveau sensiblement égal. En bas de classement par contre la situation fut figée pratiquement dés l’entame de la saison : Jelgava a quasiment été scotché à la 6ème place durant toute l’année, un cran au dessus du Metta/LU et un cran en dessous du groupe de tête. Metta/LU à occupé toute la saison la 7ème place donnant droit au privilège indésirable de jouer un barrage de promotion/relégation et Babite très rapidement exclu du championnat pour des problèmes de paris.

Les équipes de tête se tenant en quelques points jusqu’à la fin, tout s’est joué début novembre lors de la dernière journée. Le Spartaks ayant validé son titre de champion dans la semaine et Liepaja ayant remporté la coupe, le dernier suspens concernait donc l’attribution des places européennes. Le FC Riga était deuxième avec 37 points  mais ne jouait pas suite à l’exclusion de Babite du championnat.. .L’occasion pour Ventspils et RFS qui comptent tout les deux 35 points de dépasser sur la ligne d’arrivée le FC Riga. Si la tache semble aisée  pour RFS en déplacement chez la faible équipe de Jelgava, Ventspils se trouve dans l’obligation de battre le champion en titre pour accéder à l’Europe. Alors qu’on pensait qu’un Spartaks encore imbibé ne jouerait peut-être pas le jeu, c’est tout le contraire qui s’est produit, le champion s’imposant 2-3 à Ventspils. Plus surprenant le RFS s’incline 1-0 à Jelgava face à une équipe n’ayant plus rien à gagner…Le RFS peut néanmoins pousser un ouf de soulagement, la défaite de Ventspils préservant sa place d’européen.

Une compétition dans laquelle les clubs lettons devront faire bien mieux que cette année. Deux victoires sur dix matchs. Voici en effet le triste bulletin du football letton sur la scène européenne. Le Spartaks Jurmala n’a pas démérité face à Astana (0-1 ; 1-1) équipe au budget bien supérieur. Grosse déception pour Ventspils qui était élimé par Valur  (0-0 ; 0-1). Pas de surprise pour Jelgava qui était logiquement dominé par Ferencvaros (0-1 ; 0-2). Enfin, Liepaja venait difficilement à bout de Crusaders (2-0 ; 1-3) avant de succomber face aux lituaniens de Suduva. Un bilan guère reluisant.

facebook Spartaks Jurmala

Le bilan par club

1er – JPFS/FK Spartaks Jūrmala – 46 points (Ligue des Champions)

Pour cerner la personnalité du champion, Maxime Bonnet expliquait dans nos pages :  « le club, fondé par Spartaks Melkumjans, appartient en majorité (environ 70%) à l’agent de football russo-italien Marco Trabucchi via un fonds d’investissement allemand. Né d’un papa italien et d’une maman russe, ce quadragénaire était notamment l’agent du légendaire Andreï Shevchenko qu’il avait rencontré lors de son passage à Milan. Ce mélange des genres lui donne une réputation parfois sulfureuse et nous donne le droit de nous intéresser à ses velléités réelles quant au management du club letton. La rumeur dit que Marco Trabucchi utilise le club de Jurmala comme une plaque tournante afin de permettre à ses poulains de briller en Europe. Pourtant, quand on y regarde de plus près, l’effectif du Spartaks ne compte que très peu de jeunes joueurs étrangers, ce qui pourrait changer dans un avenir proche si la ligue de football lettone décide de changer la règle limitant le nombre de joueurs étrangers pouvant se trouver sur le terrain. »

Oleg Kubarev, le coach du premier titre étant repartit dans sa Biélorussie natale (Shaktyor Soligorsk), c’est le polonais Marek Zub qui prenait les rênes du club de la cité balnéaire.  Avec un effectif peu modifié, Jurmala comptait bien ajouter une deuxième couronne à son palmarès… Et débutait la saison par une défaite d’entrée contre RFS et lors de la 5ème journée concédait le nul à la surprise générale à domicile face à la faible équipe de Babite pour enchainer avec une seconde défaite contre RFS. Si le club se reprend par la suite, le mois de juillet est marqué par une gifle assenée par Ventspils (4-0), suivie d’une nouvelle défaite (1-3) contre RFS. Le polonais Marek Zub  est alors remplacé par le slovaque Jozef Vukusic. Le club connait ensuite un parcours quasi sans faute, excepté deux défaites dont une contre RFS, décidément la bête noire du Spartaks cette saison. Au final le club aura été en tête du championnat quasiment toute la saison, le titre est donc amplement mérité. Le grand homme de la saison est sans contestation le jeune russe Yevgeni Kozlov sacré meilleur buteur du championnat avec 13 buts.

2ème – FK Liepaja – 37 points (Europa League)

Le club présidé par la légende lettone Maris Verpakovskis fait mieux que la saison précédente et remporte la coupe en battant en finale le Riga FC (2-0). Après une saison 2016 décevante, le club avait fait appel au géorgien Tamaz Pertia ancien coach du Skonto Riga pour relancer la machine. Finir second avec onze victoires et neuf défaites est peu courant mais reflète la réalité de ce championnat cuvée 2017 ou personne n’a vraiment impressionné et ou les buts furent denrée rare. En juin, le FC Metz prêtait Janis Ikaunieks pour  renforcer l’équipe. Insuffisant cependant pour remettre en cause la couronne du Spartaks.

3ème – Riga FC – 37 points (Europa League)

L’ancien FC Caramba/Dinamo Riga réalise une bonne saison au niveau du classement malgré une gestion sportive toujours aussi exotique et termine surtout juste devant son voisin du RFS.  La saison 2016 avait donné lieu à trois changements d’entraîneurs. 2017 sera encore plus prolifique ! Vladimir Volchek perd son poste avril, le letton Mihails Konevs tient jusqu’en mai ou il est remplacé par Yevgeny Perevertaylo qui est lui-même remplacé par Slavisa Stojanovic. En ayant dans son effectif des joueurs avec une belle carrière en équipe nationale tels Kaspars Gorkss, Olegs Laizans ou Arturs Zjuzins on peut néanmoins considérer qu’une gestion plus saine semble plus que souhaitable.

4ème – Rigas Futbola Skola – 35 points

Convié en 2016 à participer à la Virsliga suite à la relégation administrative du FC Skonto Riga et du refus du FK Valmiera d’accéder à l’élite du football letton pour des raisons budgétaires, le RFS bénéficie du soutien de la municipalité de Riga et dit on de son maire, Nils Uzakovs (russophone), qui serait supporter du club. Alignant un effectif assez expérimenté et majoritairement letton, le club est passé par le chas de l’aiguille pour obtenir une première et historique qualification européenne. Le lituanien Valdas Dambrauskas (ex Zalgiris Vilnius) sera aux commandes de l’équipe la saison prochaine, jeune et avec déjà une grosse réputation dans la Baltique, le club montre en l’engageant qu’il sera de toute façon ambitieux dans le futur.

5ème – FK Ventspils – 35 points

Epilogue catastrophique pour le FK Ventspils qui perd sa place européenne lors de la dernière journée… En poste depuis 2015 l’anglais Paul Ashworth n’arrive pas à concrétiser les grosses ambitions de sa direction. Pas de coupe d’Europe la saison prochaine, nul doute que l’intersaison sera agitée à Ventspils.

6ème – FK Jelgava – 29 points

Second en 2016 et ambitieux en début de saison, 2017 est une année à complètement oublier pour Jelgava. Saulius Sirmelis parti au Shakter Karagandy, Jelgava misait sur l’ancien sélectionneur national moldave, Alexandru Curteian qui tenait jusqu’en août avant de céder le relais au russe Ravil Sabitov, sans amélioration notable…

7ème – FS Metta/Latvijas U – 15 points

En 2016, Metta avait sauvé sa tête de justesse en barrage contre l’AFA Olaine. C’est le même adversaire qui est au menu en 2017 avec un résultat identique. L’essentiel qui était d’assurer le maintien est donc acquis. En 2018, l’ambition se limitera toujours à assurer la survie du club en Virsliga. Notons que le club a la particularité d’avoir l’un des centres de formation les plus intéressant de Lettonie, ses équipes de jeunes étant particulièrement performantes. Autre singularité, le letton est utilisé comme langue de communication au sein du club à la grande différence des autres clubs qui utilisent le russe.

8ème – Babite – 0 points (Exclu de la compétition)

Le club est exclu le 22 juin après que le système de détection de paris frauduleux de l’UEFA ait signalé que six de leurs matchs étaient suspicieux. L’équipe avait alors joué douze matchs, ponctués par dix défaites et deux nuls.  Les résultats sont entièrement annulés et le club rayé de la carte. Notons qu’en 2015 déjà le FB Gulbene  fut exclu du championnat au mois de juin pour la même raison. La fédération se montre intraitable sur un mal qui gangrène le football letton depuis longtemps, ce qui est plutôt positif.

Enfin en seconde division  le Valmiera Glass VIA à facilement remporté le titre. Notons que le légendaire Skonto Riga à terminé à la 9ème place (sur douze) sous l’appellation RTU FC/Skonto Academy après une fusion avec le RTU FC… La grande époque est vraiment bien loin.


Viktor Lukovic

Photo de couverture : facebook Spartaks Jurmala

2017 – Un an de football en Lettonie
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Le football dans les RSS : #26 l’Estonie – Introduction

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la sixième: l’Estonie et une (très courte) introduction (statistiques et faits).

Cet article sera suivi d’un événement important (le rôle d’Aivar Pohlak dans le foot local), d’un club ayant marqué l’URSS (le Kalev Tallinn), d’un homme (Evald Mikson) et enfin d’un point sur vingt-six années de football après l’indépendance.

 

Le programme de la semaine


#26Introduction
#27 – Un événement : Retour sur Aivar Pohlak, l’homme à tout faire du football estonien
#28 – Un club : Le JK Tallinna Kalev, l’étincelle estonienne dans la grande URSS
#29 – Un Homme : Evald Mikson, l’international estonien accusé de crimes de guerre
#30 – Le football en Estonie depuis l’indépendance


Un peu d’histoire

La République Socialiste Soviétique d’Estonie a été créée suite à l’invasion par l’URSS (conformément aux accords du pacte germano-soviétique sur le partage de l’Europe). La date officielle de sa création est le 21 juin 1940, même si l’Union Soviétique en a perdu le contrôle pendant les quelques années d’occupation allemande. La RSS d’Estonie s’est établie sur le territoire de la République d’Estonie, indépendante durant une vingtaine d’années, à quelques exceptions près, la Russie s’étant appropriée quelques petites bandes de territoire autour de l’ex-frontière russo-estonienne. Territoires qui sont aujourd’hui toujours en Russie (dans l’oblast de Pskov).

Les débuts de la RSS sont marqués, comme pour les autres républiques baltes, par la répression tant que Staline est au pouvoir. Le parti communiste estonien, largement composé de Russes, nationalise tout ce qui existe et s’efforce d’effacer les traces de la période d’indépendance de l’Estonie, détruisant tous les monuments, mémoriaux et cimetières rattachés à cette période. Il est intéressant de noter que la répression ne s’arrête pas aux Estoniens mais vise également les Russes installés dans le pays.

Après la mort de Staline, l’Estonie connaît un assouplissement de son occupation, le pays revêtant pour le pouvoir moscovite un intérêt à la fois économique et stratégique tout à fait particulier. Les relations avec la Finlande sont peu-à-peu restaurées afin de permettre à l’URSS d’échanger avec des pays extérieurs au pacte de Varsovie en Europe. Les touristes finlandais peuvent même se rendre à Tallinn afin de faire entrer des devises fraîches dans l’URSS. Au début des années 80, la langue estonienne est de nouveau enseignée à l’école, alors que les instances dirigeantes de la RSS sont désormais constituées pour moitié d’Estoniens.

Avec sa condition de territoire occupé, l’Estonie est l’une des premières républiques a recouvrer sa souveraineté à la fin des années 80, avant de finalement prendre son indépendance pendant les troubles politiques de Moscou. Le 20 août 1991, soit quasiment deux ans après sa déclaration de souveraineté, l’Estonie redevient un pays indépendant. La RSS d’Estonie fut néanmoins celle qui a le plus longtemps vécu parmi les pays baltes.

L’Estonie dans le championnat soviétique


Lire aussi : Où sont aujourd’hui les équipes ayant joué en Ligue Supérieure d’URSS ?


Comme vous allez le découvrir dès mercredi, seule une équipe a joué dans la Ligue Supérieure Soviétique : le Kalev Tallinn, qui a passé les saisons 1960 et 1961 dans l’élite suite à une volonté d’élargissement de l’élite soviétique aux autres Républiques Socialistes Soviétiques. Le Kalev, qui n’a remporté que trois victoires (lors des play-down) lors de ces deux saisons a également évolué quelques saisons au deuxième niveau soviétique avant de disparaître des radars nationaux. Le Dünamo Tallinn a également évolué pendant les années 60 et 70 au deuxième échelon national. Le Dünamo a pourtant fini la quasi-intégralité de ses saisons dans les trois dernières places, mais a bénéficié d’une politique de protection du pouvoir central, désireux de préserver une certaine diversité dans cette division.

Enfin, le Dinamo Kopli (du nom d’une proche banlieue de Tallinn) a participé à deux saisons à ce même niveau avant de disparaître. D’autres clubs ont fait l’histoire du football estonien soviétique en remportant le championnat local. On peut citer parmi eux le Balti, le Tempo, le Norma, le Dvigatel, le Zvezda et le TVMK, tous de Tallinn mais aussi le Kreenholm Narva et le Kalakombinaat Pärnu, seules équipes des grandes villes de province à avoir remporté le championnat estonien soviétique.

Statistiques en Ligue Supérieure :

Clubs ayant participé provenant d’Estonie 2%
Saisons jouées par les clubs estoniens 0,2%
Points glanés par les clubs estoniens 23 (0,03%)
Victoires par matchs joués 5%
Buts marqués et Goal-average 46 (0,07%) / -100
Titres 0
Podiums 0

La RSS d’Estonie en Coupe d’Europe

Les deux petites saisons disputées par le Kalev Tallinn dans l’élite soviétique n’a bien sûr pas permis aux Estoniens de découvrir les grandes soirées européennes.

Les Estoniens en équipe nationale d’URSS

Malheureusement pour notre introduction et son intérêt, il n’y a jamais eu de joueur de nationalité estonienne sous le maillot rouge soviétique. 0% donc dans tous les compartiments.

Adrien Laëthier


Image à la une : © Footballski

Le football dans les RSS : #26 l’Estonie – Introduction
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Le football dans les RSS : #27 l’Estonie – Retour sur Aivar Pohlak, l’homme à tout faire du football estonien

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Voila quelques années, nous vous proposions sur Footballski un premier article dédié à Aivar Pohlak, l’excentrique homme-orchestre du football estonien. Pour cette semaine spéciale sur le football dans l’ex RSS d’Estonie, nous revenons sur l’histoire de cet homme sans lequel le football dans le petit pays balte ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Un homme à la base de tout…

Joueur, entraîneur, arbitre, dirigeant… Aivar Pohlak a tout fait, tout connu dans le football. Aucun rôle ne lui a échappé. « Dire ‘Aivar Pohlak’ signifie sans doute ‘football’ pour tous ceux qui ne suivent pas ce sport ici. » La phrase d’Angelo Palmieri – journaliste spécialiste du foot local et fondateur du club Rumori Calcio Tallinn – résume à merveille le personnage.


A lire aussi: Aivar Pohlak, l’excentrique homme-orchestre du football estonien


Il faut dire que l’homme est à la base de tout ce qui existe aujourd’hui. Et s’était lancé dans le football avant même l’indépendance de l’Estonie. Alors que le pays n’est encore qu’une république noyée dans une URSS au bord de l’implosion, Pohlak n’a pas encore 30 ans mais travaille déjà pour relancer le football local, avec une forte connotation identitaire estonienne.

Populaire dans le pays avant la Seconde Guerre mondiale, le football est peu à peu tombé en disgrâce en Estonie. Ce sport est en effet vu par la population comme le sport de l’occupant russe, avec lequel les relations sont restées tendues depuis son arrivée dans les années 40. Au point de n’être plus pratiqué que par les Russes dans les années 70. Les Estoniens, eux, se tournent vers le basket ou le ski nordique. C’est donc autant par de folie que de bravoure qu’Aivar Pohlak fonde le 10 mars 1990 le Flora Tallinn, un club de football à l’identité résolument estonienne, en signe de rébellion contre l’occupant. Pour preuve, l’équipe est formée en grande majorité de joueurs venus de feu le Tallinna Lõvid (Lions de Tallinn), club formateur lancé dans les années 80 dédié exclusivement aux joueurs d’ethnie estonienne (dont les célèbres Mart Poom ou Martin Reim).

Fondateur du Flora, Aivar Pohlak est également le premier entraîneur du club. Sans grande réussite, puisque pour sa première année d’existence, le club termine dernier du championnat de la SSR d’Estonie avec une seule victoire en 22 journées et est relégué. Deux ans plus tard, l’Estonie devient indépendante. Et Pohlak en profite pour replacer son club sur la carte. Avec le Trans Narva et le Sillamäe Kalev – deux clubs de l’est du pays, très majoritairement russe – le Flora Tallinn est l’un des trois clubs fondateurs de la Meistriliiga, le championnat du nouveau pays, ainsi que de la toute nouvelle fédération estonienne de football, l’EJL.

© fourfourtwo.com

C’est le début des multiples casquettes d’Aivar Pohlak. A la tête du Flora, l’homme à la veste de mouton devient arbitre et agent de joueurs, avant de faire également partie du conseil d’administration de l’EJL à partir de 1993. Sur le plan sportif, Pohlak quitte son poste d’entraîneur du Flora en 1992, pour intégrer le staff de la toute nouvelle équipe nationale en tant qu’entraîneur adjoint. Le tout en poursuivant sa carrière de joueur. Las, il tient moins d’un an en équipe nationale, quittant son poste après avoir mis en coup de tête au capitaine Urmas Hepner.

En 1997, Pohlak ajoute une nouvelle corde à son arc. Ayant quitté son poste en équipe nationale, il fonde le 14 mars le FC Kuressaare, dans la principale ville de  Saaremaa, la plus grande île du pays. Premier entraîneur de cette équipe, vouée à servir de réserve à son Flora Tallinn, le FC Kuressaare, Pohlak cède ensuite son poste, mais pas le club. Et c’est sous le maillot de ce dernier qu’il joue de nombreux matchs en Esiliiga (la deuxième division) mais surtout une douzaine de matchs en Meistriliiga en 2000, à l’âge de 38 ans.

Sa carrière de joueur et d’entraîneur terminées, Pohlak se lance dans les années 2000 vers la tête du football estonien. Il devient ainsi vice-président de l’EJL en 2003, poste qu’il occupe quatre années, avant d’en être élu président en 2007. Depuis, Aivar Pohlak à la mainmise sur la fédération estonienne. S’il a transmis son poste de président du Flora Tallinn à son fils, Pelle Pohlak, l’omnipotent dirigeant tient toujours sa place à la tête de l’EJL. Dont il a été réélu président en 2017 pour quatre nouvelles années. Sans adversaire, et avec le soutien de tous les clubs de Premium Liiga.

…et de toutes les controverses

La réussite d’Aivar Pohlak est totale. Dans ses projets sportifs comme dans son entreprise d’amélioration de l’image du football en Estonie, et auprès des Estoniens. Lorsque le pays, en plein chaos, obtient son indépendance en août 1991, le football n’est qu’un sport mineur, bien loin du basket-ball, le principal sport collectif. Si la tendance ne s’est pas inversée entre les deux sports, le basket attirant un public toujours plus nombreux que le football, la place de ce dernier s’est nettement améliorée, notamment chez les plus jeunes, où l’on compte une nette augmentation du nombre de licenciés. Sur le plan international, ses nombreux efforts et connexions ont fait de la sélection estonienne la première à avoir joué contre tous les autres pays d’Europe.

Sur le plan interne, sa gestion du Flora Tallinn, et notamment ses choix d’entraîneurs à des périodes charnières, en ont fait le club le plus titré du pays, avec onze couronnes nationales. Et l’Estonie a réussi à remporter l’organisation de l’Euro U19 en 2012. Le président de l’EJL mène également une lutte sans merci contre la corruption dans le football, avec parfois des mesures coup de poing. Comme lorsque la fédération fait ajourner un match de championnat en 2013, quelques minutes seulement avant le coup d’envoi, après une alerte de forts soupçons lancée par l’organisme Betradar, ou lorsqu’elle inflige à huit de ses joueurs une suspension d’un an pour avoir touché de l’argent d’un bookmaker, sanction confirmée et étendue par la FIFA.

Paul Pogba faisait partie de l’équipe de France U19 présente à Tallinn © rumodispo.com

Mais, de par ses réussites et ses multiples casquettes, Aivar Pohlak est au centre de toutes les controverses. En premier lieu, l’ascension du Flora Tallinn a toujours prêté à controverse, Pohlak étant à la fois président du club, membre de l’EJL, mais également agent de joueurs agréé par la FIFA (via son agence Sport&Net Grupp, qui détient la plupart des joueurs du Flora), et membre du corps arbitral. Avec Pohlak, le conflit d’intérêts n’est jamais loin. Comme en 2013, lors d’un match de Coupe d’Estonie, où Aivar Pohlak est juge de touche. En face, l’autre arbitre assistant n’est autre que sa fille Anna, tandis que l’arbitre de champ se nomme Tomi Rahula, futur mari d’Anna. Sur le terrain se trouve également Pelle Pohlak, joueur du FC Kuressaare, qui s’impose 1-0 dans ce match ! Le fils Pohlak devient l’année suivante entraîneur et président du club de Kuressaare, avant de succéder à son père comme président du Flora Tallinn en 2016.

Si cet exemple illustre à merveille l’omnipotence du président de l’EJL, il ne reste qu’anecdotique. Car beaucoup d’autres questions se posent quant à ses agissements à la tête de la fédération. Des questions sans réponse, l’homme n’étant que très peu enclin à rencontrer les journalistes chatouilleux.

La montée en puissance du Flora Tallinn repose ainsi à plusieurs reprises sur des événements troubles. En 1994, le club du président Pohlak termine la saison ex-aequo avec le Norma Tallinn, vainqueur des deux premières éditions de la Meistriliiga. Les deux clubs doivent se rencontrer lors d’une « finale » censée désigner le champion d’Estonie. Mais à la veille de la dernière journée, l’EJL disqualifié le troisième du classement, le Tevalte Tallinn, pour des soupçons de match truqué face au Norma. En représailles, ce dernier envoie son équipe junior disputer le match décisif. Le Flora s’impose 5-2 et remporte son premier titre. Les soupçons contre le Tevalte ne seront jamais prouvés, et l’équipe est réintégrée la saison suivante.

Outre le Flora, c’est surtout les liens d’Aivar Pohlak avec la fédération estonienne qui attisent les controverses. Dans l’optique de l’organisation d’une compétition internationale, l’EJL se dote en 2001 du Lilleküla Staadion, stade de 10 500 places aujourd’hui renommé A. Le Coq Arena. Un stade qui appartient à la fédération, mais qui est décoré aux couleurs du Flora Tallinn, dont l’équipe première se sert pour ses matchs à domicile (sauf au plus fort de l’hiver, où elle joue sur le synthétique du terrain annexe). Un accord entre les deux parties dont les conditions sont encore inconnues.

Pelle Pohlak, président du Flora Tallinn, posant devant le stade de la fédération aux couleurs du FC Flora. © Hendrik Osula/Delfi Sport

Grâce aux efforts incessants d’Aivar Pohlak sur la scène internationale, l’Estonie a obtenu l’organisation de la SuperCoupe d’Europe en 2018. Le 15 août prochain, l’Albert Le Coq Arena, qui retrouvera son nom de Lilleküla Arena faute d’accord de naming avec l’UEFA, accueillera donc ce match, pour lequel sa capacité sera augmentée de quelques milliers de places. Des travaux qui sont en cours, et soulèvent de multiples questions. Le média Äripäev en pose quelques-unes, concernant notamment le rôle du bureau de gestion des travaux de l’EJL. De la même manière, deux entreprises de construction portant le nom de la fédération estonienne sont partie prenante de ces travaux d’extension, alors que l’une d’elles n’appartient cependant plus à l’EJL depuis 2013. Enfin, le média pose la question de l’entreprise chargée de la construction du hall d’entrée du stade, et dont l’identité est restée inconnue. Sur ces points, Pohlak et l’EJL sont restés bien discrets.

La dernière polémique concernant Aivar Pohlak remonte à quelques semaines. Peu après avoir remporté le championnat d’Esiliiga, la deuxième division, le club de Maardu Linnameeskond a officiellement annoncé avoir refusé la montée en Premium Liiga faute de moyens financiers. Pour accompagner son dauphin, le Kalev Tallinn, l’EJL a fait une annonce surprenante. Au lieu de promouvoir le troisième du classement, le Rakvere Tarvas, relégué l’année précédente, la fédération a officialisé la promotion du cinquième du classement (le quatrième étant la réserve du Flora), qui n’est autre que… le FC Kuressaare. « C’est un club qui a joué la moitié des vingt dernières saisons au plus haut niveau de notre football. Ses dirigeants savent bien où ils vont, » justifie Pohlak. Des dirigeants qu’il connaît fort bien, le clan Pohlak contrôlant l’ensemble du football sur l’île de Saaremaa. Pas étonnant quand on sait que près du quart des membres du conseil d’administration de la fédération sont de sa famille. A 55 ans, Aivar Pohlak est loin d’en avoir fini avec le football. Pour preuve, il a ajouté cette année une nouvelle corde à son arc en étant nommé membre représentant de l’UEFA au sein de la Chambre de Jugement de la Commission d’Ethique de la FIFA.

Aivar Pohlak remettant à Arno Pijpers, le 10 décembre dernier, le titre de meilleur entraîneur de l’année en Estonie. © Eesti Jalgpall

Pierre-Julien Pera


Image à la Une © Brit Maria Tael / Soccernet

Le football dans les RSS : #27 l’Estonie – Retour sur Aivar Pohlak, l’homme à tout faire du football estonien
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Le football dans les RSS : #28 l’Estonie – Le JK Tallinna Kalev, l’étincelle estonienne dans la grande URSS

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la sixième: l’Estonie. Episode 28, le JK Tallinna Kalev, l’étincelle estonienne dans la grande URSS.

Si le sport, et plus particulièrement le football, est devenu un spectacle orienté business, il n’en reste pas moins un formidable vecteur d’unité, d’intégration et de cohésion. Si nous aimons le football, c’est bien évidemment pour les joies ou les peines qu’il nous procure. Il nous envoûte et nous réunit autour de ces émotions certes éphémères, mais bien réelles. Nous avons tous vibré à un moment donné pour les exploits de notre équipe nationale, du club de notre ville ou de notre quartier. Mais est-ce seulement cela ? N’existe-t-il pas, de manière consciente ou inconsciente, la sensation bien plus profonde d’appartenir à une histoire forgée sur des modèles sociaux ou culturels qui se sont bâtis au gré d’une histoire communautaire au point de devenir celle de chacun ?

Nul doute qu’il en fût et qu’il en va peut-être encore ainsi pour le JK Tallinna Kalev, qui a su écrire une des plus belles pages du sport en Estonie. Ce petit pays d’Europe du Nord au passé riche et tourmenté, car sans cesse bousculé et envahi par les grandes puissances européennes, s’est forgé une identité bien à lui que l’on retrouve dans son club emblématique. Le JK Tallinna Kalev puise ses racines dans ce passé trouble et dans les heures les plus sombres de l’histoire estonienne. C’est sans doute pourquoi les Estoniens y sont encore profondément attachés, même si sportivement, ce club n’est plus que l’ombre de lui-même. Mais pour bon nombre, il reste le symbole d’une Estonie combattante, fière de son indépendance, de sa culture, de ses valeurs et ô combien démocratique aujourd’hui.

L’union fait la force

A l’instar de beaucoup de clubs de grandes villes, le JK Tallinna Kalev est né de plusieurs fusions d’associations sportives différentes. Les clubs du quartier de Kalev, dans le Nord-est de la capitale, ont commencé à se rassembler en 1901 afin de s’offrir des installations de meilleure qualité.

Un peu plus tard, en 1909, le club des étudiants de Tallinn, le Jalgpalliselts Meteor (Football Union Meteor) entraîné par John Urchard, un marchand de lin anglais, joue son premier match officiel face au Merkuur Tallinn, qui est à l’époque le principal club du pays. Malgré la défaite 4-2, une identité commence à se dégager. L’équipe bénéficie en effet d’un capital sympathie important, mais sa force réside dans l’implication de ses jeunes joueurs. L’entraîneur anglais a l’intelligence de créer un groupe uni autour des mêmes valeurs et d’une cause commune. Ainsi, il commande, malgré un contexte économique compliqué, des tenues, maillot bleu et short blanc, que ses joueurs portent fièrement.

Image du match opposant le Meteor (ancêtre du Kalev Tallinn) et le Merkuur. © jkkalev.ee

Fort de ses succès et voulant s’inscrire dans une logique pérenne d’expansion, l’équipe de Meteor rejoint l’Association Sportive Estonienne de Kalev.  C’est ainsi qu’en 1911, le JK Tallinna Kalev voit le jour et dispute ses premiers matchs. Cette restructuration permet ainsi le développement d’un club important dans de bonnes conditions. Un des objectifs consiste à proposer une formation de qualité aux jeunes talents locaux. La réussite est quasi-immédiate. Lorsque le Meteor disparaît deux ans plus tard, ses principaux licenciés rejoignent Kalev pour bénéficier des meilleures infrastructures disponibles. Grimpant rapidement tous les échelons nationaux, le club devient au fil du temps l’un des premiers pourvoyeurs de joueurs pour l’équipe nationale.

Les amateurs de football du pays commencent alors à se passionner pour le derby de Tallinn. Les oppositions entre le JK Tallinna Kalev et son nouveau grand rival, le Sport Tallinn, sont des moments attendus dans la saison. La ville est scindée en deux les jours de matchs, et le stade de Kalev est comble à chaque fois. Les 3 000 places du plus grand stade de la ville se vendent en très peu de temps. C’est peu me direz-vous, mais réunir autant de spectateurs à l’échelle du pays et de la ville en ce début de XXème siècle est une chose tout simplement énorme.

Le JK Tallinna Kalev connaît une période faste dans la décennie suivante. L’équipe est sacrée championne d’Estonie en 1923 et 1930. Elle remporte également deux fois la coupe en 1926 et 1928. Elle est au cours de ces années régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, sur le podium. Point d’orgue de la qualité du club, six de ses joueurs font partie du onze représentant l’Estonie aux Jeux Olympiques de Paris en 1924. Battue 1-0 par les Etats-Unis dès son entrée en compétition, la sélection estonienne signe là la seule et unique participation de son histoire dans un grand tournoi international.

Le Kalev Tallinn en 1923. © jkkalev.ee

La suite s’avère beaucoup plus compliquée, la Seconde Guerre mondiale passant par là. En 1940, comme le prévoyaient les clauses secrètes du pacte germano-soviétique, l’URSS annexe l’Estonie, qui devient la 15ème République Socialiste Soviétique. Refusant cette annexion, quelques 13 000 Estoniens sont déportés. Bien peu reviendront du goulag. Parmi eux, des joueurs du JKTK, tels que Voldemar Rõks, Eduard Eelma, Harald Kaarmaan et August Lass sont déportés et exécutés en 1941 par les services soviétiques en raison de leur patriotisme. Grande figure du football estonien que cet Eduard Eelma. Capitaine emblématique de Kalev et de la sélection estonienne, ayant entre autre participé aux JO de Paris en 1924, il est surtout jusqu’en 2005 le meilleur buteur de la sélection nationale avec ses 21 buts en 58 matchs.

En 1941, le « Pacte des dictateurs » rompu par les Nazis, l’Estonie est envahie par la Wermacht. En réaction aux atrocités des Soviétiques, l’occupation allemande est plutôt bien accueillie. Tout le monde connaît la suite de l’histoire. Défaite de Stalingrad, retour de l’URSS dans les Pays Baltes en 1944 et fuite d’une partie de la population en Finlande et en Suède. Une forte minorité russe s’installe alors, et modifie la configuration du pays pour bien longtemps, en occupant notamment tous les postes clés de l’économie et de l’agriculture. Malgré une forte résistance de ses habitants, l’Estonie devient une République Socialiste intégrée dans l’URSS d’une façon qui semble définitive au sortir de cet épouvantable conflit.

Une saga soviétique

Villes dévastées, économie au plus bas, population terrorisée et vivant sous le joug d’un nouvel occupant, l’histoire se répète. Il reste bien peu de place pour le sport et plus particulièrement pour le football dans tout cela. Et pourtant…

Dès 1945, un nouveau championnat façon soviet voit le jour. La République Socialiste d’Estonie n’a de République que le nom. Les clubs sont « relégués » dans une compétition régionale, comme pour tous ceux des autres pays annexés. Ces championnats sont appelés championnats de classe B, échelon inférieur à la Classe A de la Ligue Supérieure d’URSS. Finis les derbys identitaires des clubs de la capitale et d’un championnat qui commençait à passionner le pays. Des clubs vont disparaître et d’autres voir le jour, comme le Tallinna Dünamo, qui dominera en partie le nouveau championnat.

Le JK Tallinna Kalev est dans une situation complexe. Manque de moyens, manque d’effectif, manque de structures, il lui faut se reconstruire. Fier de son glorieux passé et de ses valeurs, il retrouve très vite ce fameux championnat de classe B. Ses dirigeants décident d’avancer étape par étape. Elite régionale atteinte, ils font tout pour se maintenir dans ce qui est désormais considéré comme le haut niveau et viser les premières places de manière durable.

Là où les plus vieux clubs estoniens connaissent les plus grandes difficultés à se reconstruire et disparaissent parfois, le Tallinna Kalev puise sa force dans ce qu’il a su forger au cours de son histoire, cette identité estonienne et ces valeurs dans lesquelles tant de ses supporters se reconnaissent. Le public retrouve tout naturellement le chemin du stade, s’identifiant sans doute à ce club qui, loin de vouloir mourir, fait tout pour exister dans cette tourmente post-Seconde Guerre mondiale.

En 1955, l’exploit survient. Le Tallinna Kalev termine en tête du championnat de la SSR d’Estonie. Enfin, le club est à nouveau champion. D’un championnat de Classe B certes, mais champion. Il lui aura fallu attendre dix ans pour se relever et retrouver la plus haute marche du podium, après une période de 25 années sans titre.

La consécration du petit dans le soviet des grands

Changement de politique sportive oblige, l’Union Soviétique réorganise toutes ses compétitions de telle façon à avoir sous une même bannière tous les sportifs et athlètes du bloc, et ce pour garder et amplifier l’implication des provinces annexées. Le sport devient vitrine et force de propagande comme chacun le sait, mais aussi vecteur d’intégration pour les penseurs du pouvoir.

Le football n’échappe pas à la règle. En 1959, le championnat de Classe A est composé des douze meilleurs clubs du bloc soviétique. Dès l’année suivante, la compétition passe à 22 participants. Pour y accéder, les clubs de classe B estonienne doivent remporter un tournoi régional. Au terme de ce tournoi, Kalev termine à égalité de points avec le Dynamo Tartu, club du pouvoir en place, basé dans la deuxième ville du pays. Les responsables de la ligue organisent d’une confrontation en matchs aller-retour pour départager les deux équipes.

Le match aller est disputé à Tartu, ville interdite aux étrangers sous l’ère soviétique car on y construit des bombardiers, mais surtout ville ayant doublé sa population sous cette même période en raison d’une forte immigration provenant d’autres régions de l’Union Soviétique. Estonie contre URSS ? Pas vraiment, mais presque. Comme il se doit, et pour faire durer le suspense sans doute, le match se solde par un 0-0. Pour le match retour à Tallinn, plus de 6 000 Estoniens se serrent dans les gradins à l’intérieur d’un stade chauffé à blanc. Au bout du compte, Kalev s’impose 3-1. Explosion de joie dans la capitale et une partie de l’Estonie. Pour ses habitants, cette victoire sportive prend une dimension culturelle et sociale, et fait entrer définitivement le JK Tallinna Kalev dans l’histoire du sport estonien.

Tout se joue au courage et à la fierté

En 1960, Kalev devient ainsi le premier, et seul, club estonien à participer au championnat d’URSS. Conscient de son statut de petit club dans la cour des grands, le JKTV s’appuie sur ses valeurs fondatrices pour exister. Le club recrute ainsi les meilleurs joueurs du pays, en grand majorité d’origine estonienne. Le club est soutenu par quelques médias régionaux. Mais bien plus que cela, c’est toute une population qui se retrouve derrière les couleurs de son club de cœur, car jouer en première division soviétique est avant tout une vitrine. Besoin d’existence, besoin de reconnaissance de son identité. C’est un peu le pot de terre contre le pot de fer, mais qu’importe, le club est bien là, chez les grands.

Malgré une volonté de bien figurer, le club est rapidement mis en difficulté. Le premier match contre le Dynamo Tbilissi se solde par un cinglant 8-0. En cette première partie de championnat, l’équipe est à la dérive, ne gagne aucun match et est dernière de sa poule avec seulement trois matchs nuls au compteur, 13 buts marqués et 61 buts encaissés.

C’est à l’orgueil et à la fierté que ces footballeurs vont ensuite relever la tête, et de quelle façon ! Le championnat russe est ainsi fait à l’époque que la seconde partie de ce championnat se joue par poule. Et là, tout s’enchaîne, grâce à la magie du sport en général et du sport collectif en particulier. Premier match à domicile, première victoire. Dans un match engagé, les Estoniens remportent le derby de la Baltique 2-1 face au Spartak Vilnius. Après ce véritable match de référence, Kalev enchaîne avec un match nul en Azerbaïdjan contre le Neftchi Bakou.

Le nul 2-2 face au grand Spartak Moscou en 1961. © wikipedia.org

Les Baltes en veulent, donnent leur maximum à chaque match et sont surnommés les Sõdalased (Les Guerriers) dans les médias locaux. A cela s’ajoute un engouement du public encore jamais vu dans le pays pour des manifestations sportives. Les jours de matchs, les couleurs du club, qui sont les mêmes que celles de la ville de Tallinn, sont arborées partout dans la ville. Identité quand tu nous tiens. Et c’est dans une ambiance de joie, qui contraste avec un quotidien très difficile pour les habitants, que la première saison du JK Tallinna Kalev s’achève. Première de son groupe et donc 19ème de la ligue soviétique, le petit club estonien sauve sa place et se prépare à une nouvelle saison parmi l’élite, tout en concluant sa première expérience au haut niveau par une victoire sur les Moldaves du Moldova Kichinev. Le bilan de fin de saison est relativement rassurant mais reste bas par rapport à la moyenne de la ligue. 26 matchs, 2 victoires et 6 matchs nuls. Suffisant pour finir devant le Spartak Vilnius, le Neftyanik Bakou et le Moldova Kichinev.

La seconde saison au sein de l’élite soviétique est une déroute. Présent dans la poule B du championnat, Kalev est appelé à batailler dur dans un groupe très relevé en compagnie des Spartak Moscou, Dynamo Kiev ou encore CSKA Moscou. Dans un contexte économique toujours aussi difficile, le club de Tallinn n’a pas les moyens financiers de recruter et renforcer suffisamment son équipe pour faire face à de tels mastodontes. Malgré tout, les guerriers estoniens sont fidèles à leur réputation. Accrocheurs, pugnaces, ils réalisent de bons matchs face à ces grosses équipes, avec notamment un match de référence où Kalev arrache le nul 2-2 face à un Spartak qui termine troisième du championnat en cette année 1961.

La première partie de saison se termine sur un bilan de zéro victoire, sept matchs nuls et treize défaites. Tallinn se retrouve logiquement dans la deuxième poule, qui regroupe les onze derniers de la première partie de saison (l’organisation du championnat ayant encore changé). Le bilan est tout aussi maigre : une seule victoire, huit matchs nuls et onze défaites. C’est donc tout naturellement, et ce malgré un état d’esprit irréprochable, que les « Sõdalased » retrouvent le championnat régional, juste le temps de marquer une dernière fois l’histoire du club en faisant match nul face au Dynamo Moscou du grand Lev Yachine.

Toutes les belles histoires ont une fin…

Suite à cette descente, et faute de nouveaux résultats probants, le JK Tallinna Kalev tombe peu à peu dans l’oubli. Il se maintient quelques années au haut niveau régional, avant un lent et inexorable déclin qui le conduit au dépôt de bilan dans les années quatre-vingt.

La faute à qui, à quoi ? Faut-il vraiment chercher des causes ? La faute à l’annexion sans doute, car sous le joug des Soviets, Tallinn compte jusqu’à sept clubs dans les deux premières ligues. Beaucoup trop pour une ville de la taille de la capitale estonienne.   Mécaniquement, le public, qui fut un temps la force du JK Tallinna Kalev, se disperse au profit des nouveaux venus, d’autant que des histoires de corruption (au sujet notamment de son titre de 1930) apparaissent, allant à l’encontre même des valeurs historiques du club.

A l’issue d’un processus pacifique, l’Estonie retrouve son indépendance en 1991 et se tourne peu à peu vers la démocratie. Ce qui n’empêche pas une certaine forme de chasse aux sorcières dans le pays, et donc le milieu footballistique. A l’échelle nationale, seuls les Estoniens se souche se voient attribuer la citoyenneté estonienne. Mise à l’écart de la population, la minorité russe se retrouve apatride, sans passeport. Les joueurs de cette minorité se voient, eux, écartés de la nouvelle équipe nationale. Et les clubs dirigés par les Russes, tel le Dünamo Tallinn, sont évincés de la Meistriliiga, le tout nouveau championnat national.

Le JK Tallinna Kalev revoit quant à lui le jour en 2003. Quelques nostalgiques décident de faire renaître le phénix de ses cendres, avec pour objectif de lui faire retrouver sa gloire passée pour redorer son blason, et retrouver au plus vite le plus haut échelon national. Et c’est en 2007, après bien des années noires, que le plus vieux club du pays est de retour en première division. Preuve de son prestige, l’équipe obtient le privilège d’évoluer au Kalevi Keskstaadion, traditionnellement dévolu à l’athlétisme et qui est le stade le plus important du pays avec une capacité de 12 000 places. Mais l’idylle n’est que de courte durée. Les résultats sportifs ne sont jamais suffisants pour que le Tallinna Kalev puisse retrouver son lustre d’antan. Le club ne cesse de faire l’ascenseur entre Meistriliiga et Esiliiga, les deux premières divisions. Des aller-retours qui se poursuivent encore, le club ayant gagné de nouveau cette année sa place dans l’élite en terminant deuxième d’Esiliiga.

L’antique Kalevi Keskstaadion, et le nouveau terrain en synthétique de Kalev. © jkkalev.ee

Comme le veut l’adage, l’histoire ne retient que les vainqueurs. Un vainqueur moral n’est pas un vainqueur sportif, un symbole ne l’est que dans la victoire pas dans la défaite. Et les articles ne chantent souvent que la gloire de ceux qui gagnent à l’instant présent. Pas de place pour le perdant, mais sans doute en va-t-il ainsi depuis que le monde est monde. Les clubs naissent, vivent et meurent. Il en va ainsi de toutes les entreprises, de toutes les organisations. Et bien souvent ce qui meurt tombe dans l’oubli, surtout dans le sportif, sacrifié sur l’autel du court terme et de l’exigence de résultat.

Les travées du vénérable Kalevi Keskstaadion ont souvent sonné bien creux lors des matchs du club estonien. A tel point que pour sa remontée en Premium Liiga, Kalev a décidé de le quitter pour un terrain artificiel aux tribunes plus en adéquation avec son mince public. Le spectre des Sõdalased, véritables représentants des valeurs et d’une lutte vers l’affranchissement de tout un pays grâce à leur football combatif n’est présent que dans les seules têtes de quelques anciens. Triste fin pour un club qui fut la fierté et le seul rempart d’une population opprimée pour qui le football du Tallinna Kalev était l’un de ses plus symboliques représentants.

Jean Mattei


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Le football dans les RSS : #29 l’Estonie – Evald Mikson, l’international estonien accusé de crimes de guerre

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la sixième: l’Estonie. Episode 29, les aventures rocambolesques d’Evald Mikson, international estonien accusé de crimes de guerre.

Comme lors de l’irruption du premier conflit, la Seconde Guerre mondiale a provoqué un arrêt brutal dans les compétitions sportives en Europe. Promis à un avenir plus ou moins glorieux, les sportifs, et en premier lieu les footballeurs, ont dans leur très grande majorité dû quitter les terrains de jeu pour les champs de bataille. Un tournant dans leur carrière et leur vie. Avec des trajectoires parfois diamétralement opposées. Pendant que certains prouvent leur valeur au front, d’autres laissent libre cours à leurs plus bas instincts.

Evald Mikson est peut-être de ceux-là. International estonien, reconnu comme l’un des meilleurs gardiens de but de son époque en Europe de l’Est, Mikson aurait eu des agissements plus que troubles durant le conflit. L’utilisation du conditionnel néanmoins reste de mise, puisque malgré des accusations plus qu’appuyées, son décès n’a permis aucune enquête officielle ni condamnation par la justice. Retour sur une histoire qui ravive aujourd’hui encore les débats les plus vifs.

Une vie entre Russie et Allemagne

Evald Mikson voit le jour en 1911 à Tartu, la deuxième plus grande ville d’Estonie. Probablement un 12 juin, mais sa date de naissance exacte reste incertaine. Sous domination de l’Empire russe depuis près de deux siècles, l’Estonie est à l’époque une région troublée, balançant entre le pouvoir central russe et des pouvoirs locaux germanophones. Il faut attendre 1920 et l’effondrement de l’Empire russe pour que ce pays balte obtienne, à l’instar de ses voisins, son indépendance. Celle-ci va laisser le champ libre à l’opposition germanophone, qui va rapidement gagner beaucoup de terrain.

C’est dans ce contexte qu’est créée la fédération estonienne de football une petite année plus tard, en 1921. Le pays se dote également d’un championnat national. C’est dans ce pays tout jeune et encore dominé par la noblesse germanophone que grandit un fils de footballeur du nom d’Evald Mikson. Après avoir joué au tennis, au basket ou encore au hockey, sport dans lequel il porte très jeune le maillot de l’Estonie, Mikson se tourne finalement vers le football, le sport de son père. Gardien de but dans l’équipe de Tartu, Mikson honore sept sélections en équipe nationale estonienne entre 1934 et 1938. Avec forcément des résultats mitigés : quatre défaites, deux nuls et une seule victoire, face à la Lituanie, à une époque où la majeure partie des matchs oppose l’Estonie à ses deux voisins baltes dans une compétition triangulaire annuelle. Une équipe estonienne plus ou moins marquée elle aussi par l’aspect germanique, puisque sur les sept sélectionneurs en poste durant ces deux décennies, quatre sont issus de l’ex-empire austro-hongrois (trois Hongrois et un Autrichien). Au sein de cette équipe plus que moyenne, Mikson détonne et fait de brillants matchs. Au point de gagner un surnom : « L’homme aux cent mains ».

La Seconde Guerre mondiale marque un coup d’arrêt pour le football estonien. Le Pacte Molotov-Ribbentrop permet à l’URSS d’occuper le pays dès 1939. L’EJF, la fédération nationale, est dissoute, tout comme l’équipe nationale. Rompant les accords de ce pacte un an plus tard, l’Allemagne nazie envahit une partie de l’URSS, dont l’Estonie. C’est le point de départ de la trouble vie de Mikson.

De la résistance à l’antisémitisme

Diplômé de l’Académie de Police, il fait partie des forces de l’ordre de Tallinn lors du coup d’État de 1940 et l’annexion du pays par l’URSS. Obligé de se cacher du régime soviétique et de la répression orchestrée par le NKVD, Mikson prend le chemin du maquis, ou plutôt de la forêt. Pendant un an, il combat ainsi dans le groupe des Frères de la forêt, l’un des principaux groupes de résistance contre le pouvoir soviétique dans les pays baltes. Lorsque l’Allemagne parvient à envahir l’URSS et que ses services d’occupation prennent officiellement la direction du pays le 23 juin 1941, c’est une victoire pour Mikson comme pour une bonne partie de la population locale, pour qui le joug russe n’a que trop duré.

Revenu à la vie normale avec l’arrivée des Allemands, Mikson, policier de profession, entre naturellement dans la Sicherheitspolizei, la Police de Sûreté allemande (connue sous le nom de Sipo) dont il devient député-chef pour le district de Tallin-Harju. A cette époque, la condition des Juifs d’Estonie est déjà précaire. Sous le pouvoir soviétique, toutes leurs organisations ont été fermées, leur autonomie culturelle liquidée et leurs commerces et entreprises nationalisés. Installée dans le pays depuis moins d’un siècle, la communauté juive n’est pas très importante, estimée à 4 500 personnes. Consciente du danger que représente l’arrivée des Nazis au pouvoir, la grande majorité fuit vers l’URSS avant l’été 1941, quand elle n’est pas directement déportée par les Soviétiques. Les 963 qui restent au pays n’ont plus que six mois à vivre dans le meilleur des cas. Comme le montre le document ci-dessous, le pays est déclaré « Judenfrei » le 31 janvier 1942, avec 963 décès constatés par les autorités d’occupation allemande.

Map_used_to_illustrate_Stahlecker's_report_to_Heydrich_on_January_31,_1942

(Document wikipedia.org)

Adjoint du chef de la police de la capitale, Evald Mikson n’est pas étranger à ce massacre. D’après plusieurs documents, il aurait rédigé et signé de sa main une trentaine de sentences de mort, sans que l’on puisse réellement établir s’il s’agit de sentences destinées à des prisonniers de droit commun ou s’il s’agit de documents visant exclusivement la communauté juive. Mais selon d’autres documents, il aurait lui-même tué des Juifs.

Dans son livre “Operation Last Chance: One Man’s Quest to Bring Nazi Criminals to Justice” le Dr Efraim Zuroff, directeur du Centre Simon Wiesenthal en Israël et chasseur de nazis, décrit l’existence dans les archives du KGB de dizaines de témoignages décrivant les agissements de Mikson lorsqu’il était à la tête de l’Omakaitse, la milice estonienne, dans le district de Vonnu. Sept d’entre eux affirment l’avoir personnellement vu commettre un meurtre. Des documents décrivent le viol et le meurtre par Mikson de Ruth Rubin, 14 ans, à la prison centrale de Tallinn. La jeune fille était la nièce d’Haïm Arlozoroff, leader sioniste d’origine ukrainienne abattu à Tel-Aviv en 1933. Un autre témoignage décrit la manière dont Mikson, après avoir abattu un jeune homme, décide sur-le-champ que ses hommes devront exécuter un homme tous les trois prisonniers parmi ceux détenus par l’Omakaitse à Vonnu.

Famille Ruth Rubin

La jeune Ruth Rubin au centre de sa famille, dont son oncle Haïm Arlozoroff à droite | © postdoc.blog.is

M. Zuroff retranscrit également le témoignage d’une Estonienne témoin du viol d’une mère et de sa fille :

« Alors que j’étais en état d’arrestation dans le district rural de Vonnu, j’ai vu avec d’autres prisonniers à travers une fenêtre du rez-de-chaussée comment Mikson et d’autres membres de l’Omakaitse, six ou sept hommes, ont pris deux femmes juives, une mère de 40 ans environ et sa fille qui devait avoir 17 ou 19 ans, les ont tiré dans la rue, les ont mises nues, ont mis des chaînes dans leur cou, ont attaché leurs mains derrière le dos et ont commencé à jouer avec elles. Les gardes ont traîné ces femmes au sol, les ont forcées à s’accroupir et à manger de l’herbe, puis les ont mises au sol et les ont violées. J’ai vu Mikson les violer en premier, avant que tous les autres ne le fassent. Les deux femmes ont perdu connaissance, puis elles ont été traînées derrière un cabanon et tuées par balle. »

Les agissements de notre homme ne durent cependant pas longtemps. Entré dans la police en début de l’été, Mikson est, malgré son zèle, incarcéré par ses supérieurs allemands dès le 3 septembre 1941. Il a alors 31 ans. Officiellement, il lui est reproché une rétention volontaire d’informations dans un rapport remis à ses supérieurs. Mais d’après certaines sources, Mikson aurait été rattrapé après avoir détourné à son compte des biens, notamment des lingots d’or, confisqués par les Nazis aux Juifs de Tallinn. Il passe alors 22 mois en détention à la prison centrale de Tallinn, celle-là même où il avait abattu la jeune Ruth Rubin quelques semaines plus tôt.

La fuite vers l’Islande

Lorsque le pays est libéré des forces d’occupation allemandes en 1944, le conflit a pris un tout autre visage. Les Allemands battent en retraite devant les contre-offensives de l’Armée Rouge, qui parvient à reprendre le pays. Comme une partie de la population, Mikson, conscient que son passé de résistant anti-communiste puis de collaborateur lui vaudra rapidement un procès expéditif, choisit la fuite pour éviter d’hypothétiques représailles.

Après audition de la Cour de Stockholm, Mikson est considéré comme criminel de guerre et est déclaré indésirable en Suède.

Sa première destination est la Suède, pays resté officiellement neutre durant le conflit, et où ont notamment trouvé refuge de nombreux Juifs des pays voisins. Mais les premières accusations de persécution envers les Juifs commencent à apparaître. Après audition de la Cour de Stockholm, Mikson est considéré comme criminel de guerre et est déclaré indésirable en Suède. Interné quelques mois, il bénéficie d’un concours de circonstance en sa faveur. Les différents témoins et accusateurs présentant des versions et déclarations contradictoires, Mikson se voit accordé le droit de quitter le pays. Il est amené à Halden, à la frontière norvégienne, en 1946, où un bateau en partance pour le Vénézuela est amarré. Mikson espère ainsi rejoindre l’Amérique du Sud, où ont déjà trouvé refuge de nombreux anciens dignitaires des régimes de l’Axe vaincu. Il n’y posera jamais le pied, débarquant du bateau dès sa première escale : l’Islande.

S’installant sur l’île, Evald Mikson change de nom et devient Eðvald (Edvald) Hinriksson. C’est sous ce nom qu’il dépose en 1947 une demande de visa pour les Etats-Unis. Une demande rejetée après que le FBI, découvrant la véritable identité de ce résident de Reykjavik, dévoile son passé de criminel de guerre. Une décision qui fixe définitivement notre homme en Islande, qui, au contraire de la Suède et des Etats-Unis, refuse de reconnaître son passé de criminel de guerre.

Hinriksson peut alors vivre paisiblement. Il devient rapidement un leader sportif reconnu en jetant les bases de la fédération islandaise de basket-ball (Körfuknattleikssamband Íslands, ou KKÍ dans le texte), qui est affiliée à la FIBA en 1947. Il revient ensuite dans le monde du football, en tant que physiothérapeute puis entraîneur, avant de fonder une famille qui ne manquera pas de s’illustrer dans le petit monde du football islandais. Ses deux fils font ainsi une belle carrière professionnelle. Johannes Edvaldsson compte ainsi 32 sélections en équipe nationale islandaise et cinq saisons sous le maillot du Celtic Glasgow entre 1975 et 1980 tandis qu’Atli Edvaldsson passe par le Borussia Dortmund et le Fortuna Düsseldorf, entre autres, et porte 70 fois le maillot de l’équipe nationale avant d’en devenir lui-même le sélectionneur de 1999 à 2003. Ils font ainsi partie des meilleurs joueurs de l’histoire du football islandais. Mais la réussite de la famille ne s’arrête pas là puisque la fille d’Atli, Sif Attladottir, évolue elle aussi en équipe nationale islandaise depuis 2007, totalisant pas moins de 50 sélections à ce jour.

Les années 80 et le retour des accusations

Alors qu’Hinriksson coule une vie paisible en Islande, son passé refait surface avec les accusations du Centre Simon Wiesenthal. Créé en 1977 dans le but de retrouver d’anciens responsables de l’Holocauste, cette ONG l’accuse d’avoir joué un rôle actif dans les crimes contre les Juifs d’Estonie durant la Seconde Guerre mondiale et multiplie les demandes d’ouverture de procès à l’Islande, essuyant à chaque fois un refus catégorique.

Car l’Islande, et notamment ses médias, ne croit pas un mot de ces accusations. Et le tour prend peu à peu des dimensions diplomatiques. Une des requêtes émanant d’Efraim Zuroff, directeur de la branche israélienne du centre, provoque ainsi de lourdes réprimandes du gouvernement islandais envers l’Etat d’Israël, qui n’était en rien à l’origine de la requête. Les relations entre les deux pays se tendent, les dirigeants islandais allant jusqu’à accuser Israël de victimisation en souhaitant « passer pour une victime afin de s’attirer la sympathie de la communauté internationale, et non comme un agresseur qui attaque violemment les autres nations du Moyen-Orient », comme l’a notamment affirmé la maire de Reykjavik, faisant allusion au conflit israélo-palestinien. Un conflit au sujet duquel l’Islande s’oppose d’ailleurs régulièrement à Israël.

Loin de se faire oublier, les enfants d’Hinriksson prennent eux aussi publiquement la défense de leur père. Mais pour d’autres raisons. Suivant l’idéologie anti-communiste de leur père, ces derniers accusent le Centre de faire le jeu de la toute jeune Russie en essayant de donner une mauvaise image de l’Estonie. Le Centre serait selon eux partie prenante dans la tentative de la Russie de renforcer sa position dans un pays qui ne gagnera son indépendance qu’en 1991. Pour sa propre défense, Mikson, qui nie fermement les faits, se dit victime d’une persécution de la part des Juifs et d’une vengeance de la part des Russes, s’appuyant sur le fait que la plupart des preuves reçues par le Centre Simon Wiesenthal émanent des archives du KGB.

La législation islandaise ne permettant en aucun cas l’extradition d’un de ses citoyens, la seule option disponible pour les accusateurs est de parvenir à organiser un procès en Islande. Un objectif loin d’être accompli. D’autant plus que du côté de l’Estonie nouvellement indépendante, le Centre reçoit une fin de non-recevoir. Le Ministère des Affaires Etrangères publie ainsi un communiqué officiel dans lequel il est établit que Mikson est disculpé de tous les crimes qui lui sont reprochés.

Il faut finalement plus de dix ans d’abnégation au Centre Simon Wiesenthal pour obtenir gain de cause. Devant l’accumulation de documents, la pression de la Knesset (la parlement israélien) ainsi que d’une batterie d’avocats, le procureur d’Etat Hallvardur Einvardsson et le Premier Ministre David Oddsson annoncent en août 1993 l’ouverture d’une enquête officielle contre l’ancien international estonien.

Un procès impossible

Alors que l’Islande a enfin décidé d’ouvrir cette enquête pouvant mener à un procès, Hinriksson voit son état de santé se détériorer rapidement. Au point de succomber à une crise cardiaque le 27 décembre de cette même année, à l’âge de 82 ans. Quatre mois à peine après l’ouverture de l’enquête. Celle-ci est alors arrêtée. Le procès n’aura jamais lieu. La culpabilité ou l’innocence d’Evald Mikson ne pourront jamais être déterminées officiellement.

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Evald Mikson | © ripensia-sport-magazin.ro

Le Centre Simon Wiesenthal n’en reste cependant pas là et continue ses recherches. Et reçoit en 2001 le soutien de la Commission Historique Estonienne pour les Enquêtes de Crimes Contre l’Humanité, dont les travaux appuient les accusations, comme l’indique ce communiqué de presse :

« Le Centre Simon Wiesenthal a reçu avec satisfaction les résultats récemment publiés par la Commission Historique Estonienne pour l’Investigation sur les Crimes Contre l’Humanité qui ont confirmé les allégations du Centre selon lesquelles Evald Mikson a joué un rôle actif dans le meurtre de Juifs d’Estonie durant son service en tant que Député Chef de la Police politique estonienne dans le district de Tallinn-Harju pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans un rapport rendu à Jérusalem par le Dr Efraim Zuroff, qui a enquêté sur le cas Mikson et mené la campagne pour l’ouverture de poursuites judiciaires, le Centre a annoncé regretter que M. Mikson soit décédé avant la tenue de son procès mais a exprimé sa profonde satisfaction après que les conclusions de la commission, créée par le Président estonien Lennart Meri et composé de personnages de réputation internationale, aient confirmé les soupçons formulés contre Mikson par le Centre aux autorités islandaises. Selon M. Zuroff : ‘La justice arrive parfois trop tard pour le jugement de criminels, mais au moins l’ombre du doute concernant les crimes d’Evald Mikson en temps de guerre sont dissipés et son rôle important dans le meurtre en masse de Juifs d’Estonie est officiellement confirmé.’

Nous sommes particulièrement heureux que la Commission estonienne ait mis en lumière les activités criminelles de Mikson car les dirigeants estoniens, incluant jusqu’au Ministère estonien des Affaires etrangères, ont longtemps défendu Mikson et nié sa participation à des crimes contre l’Humanité.

Nous espérons que cette recherche, pionnière en la matière, menée par la commission clarifiera le rôle joué par les Estoniens dans les crimes perpétrés durant la Seconde Guerre mondiale, et facilitera les poursuites des Estoniens acteurs de l’Holocauste pouvant encore passer devant la justice ».

Malgré ces conclusions, sans procès le doute demeure. D’une part par les travers parfois imputés à la volonté du Centre Simon Wiesenthal de trouver coûte que coûte d’anciens criminels de guerre. D’autre part, parce que sans réel jugement, il s’avère impossible de mettre d’accord les partisans des deux camps. Soixante-dix ans après les faits, plus de vingt ans après sa mort, la réelle implication d’Evald Mikson continue de nourrir des débats enflammés et reste un sujet délicat en Estonie.

Pierre-Julien Pera


Photo à la une : L’équipe d’Estonie avec Mikson en bas au centre. © insanesoccer.com

Le football dans les RSS : #29 l’Estonie – Evald Mikson, l’international estonien accusé de crimes de guerre
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On a évoqué l’ancien directeur sportif du Zenit, Konstantin Sarsania, avec Christophe Hutteau, agent de joueurs et ami

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Le 7 octobre 2017, Konstantin Sarsania, directeur sportif du Zenit Saint-Petersbourg, décédait subitement d’une thrombose à l’âge de 49 ans. Tour à tour joueur, entraîneur, directeur sportif, son parcours fut atypique entre Russie, France et Lituanie. Qui de mieux pour en parler que son ami et partenaire professionnel, Christophe Hutteau, agent de joueurs (notamment de Valbuena dans le passé, d’Ismael Bangoura, Vincent Gragnic, Kevin Boli à présent).

Honnêteté et travail

Après une modeste carrière de joueur, Konstantin Sarsania débarque à la chute de l’URSS finir sa carrière de joueur en France, dans de petits clubs (Dunkerque et Armentières). « Il parlait remarquablement bien le français et de nombreuses autres langues. Il n’avait gardé que de bons souvenirs de son passage en France. Il appréciait notre culture même si, souvent, et nous en rigolions ensemble, il me disait que nous, Français et Européens du sud, nous étions des artistes. » Christophe Hutteau est encore marqué par la perte d’un ami fidèle. « Lorsque j’ai été prévenu, je ne pouvais pas le croire. Je l’avais eu quelques jours auparavant au téléphone et nous avions commencé à envisager le mercato hivernal. J’ai été dévasté. Il n’avait pas 50 ans. Il venait d’être grand-père quelques mois auparavant. C’est totalement injuste. »

Leur rencontre date de la fin des années 2000. « J’ai été amené à rencontrer Konstantin il y a quelques années, alors qu’il était directeur sportif du Zénit la première fois, puis nous avons été de nouveau en contact, car proches d’un de mes anciens collaborateurs. Il était à ce moment-là à Atlantas. Nos rapports étaient devenus amicaux et nous nous appelions plusieurs fois par jour au moment des mercatos et au moins une fois par semaine le restant de l’année. C’est dire si nous avons appris à nous connaître. Il nous arrivait fréquemment de nous appeler en pleine nuit durant les périodes de mercato, car nous avions en commun de ne pas beaucoup dormir. » Une confiance mutuelle les unissait. « Lorsque Konstantin s’engageait, il n’était pas nécessaire de signer un document dans l’absolu. Bien entendu que nous étions amenés à contractualiser les dossiers, car c’est une règle et une exigence, mais je veux dire par là qu’il n’y avait pas d’entourloupes avec lui. J’aimais parler football avec lui, mais aussi d’une multitude d’autres sujets. C’était un garçon cultivé. »

© soccer.ru

Directeur sportif sur la Baltique

Si son parcours comme joueur fut modeste, il n’en est pas de même de sa carrière de directeur sportif qui le voit passer par le Zenit (2006-2009), Khimki (2009), le Dinamo Moscou (2010), la Fédération russe (2010), le Fakel Voronezh (2010-2012) avant d’opter pour un nom beaucoup moins prestigieux, l’Atlantas Klaipeda (2013-2017). « Je crois savoir qu’il est venu à l’Atlantas parce qu’il avait déjà envie de retrouver le terrain, après plusieurs années passées à la tête du Zénit comme directeur sportif. Il aimait le football, travailler avec de jeunes garçons d’une vingtaine d’années et les faire progresser. Il connaissait le propriétaire du club et a voulu lui donner un coup de main. Tout simplement. »

Durant cette période, Edvinas Gertmonas signe au Stade Rennais et Andrei Panyukov à l’AC Ajaccio, vu les liens privilégiés qui existaient entre les deux hommes. « Il me signalait les joueurs dont il pensait qu’ils pourraient faire une carrière à l’ouest ». Dans l’autre sens, Pascal Feindouno tentera un come-back surprenant et sans succès du côté de Klaipeda. Entre Sarsania et le petit club de la Baltique, la relation est fusionnelle. « Bien sûr qu’il aimait ce club et les gens avec lesquels il travaillait, sinon il ne serait pas resté. Vous pouvez me croire, ce n’est pas pour l’argent qu’il était à Atlantas. Je peux même vous dire qu’il me disait souvent qu’il dépensait son salaire en trajets en avion, car il rentrait plusieurs fois par mois à Moscou pour voir sa femme et sa famille. »

© atlantas.lt

Passer de clubs du calibre du Zenit au modeste Atlantas reste malgré tout surprenant. « Konstantin à l’Atlantas, c’était comme une erreur, une incompréhension pour beaucoup, car il jouissait d’une incroyable popularité en Russie. Il aurait pu gagner bien plus d’argent en acceptant les nombreuses offres qui lui étaient régulièrement faites par les grands clubs russes, mais il se sentait bien dans ce club d’Atlantas. C’était Monsieur Konstantin. »

A l’été 2017, Konstantin Sarsana était de retour dans le club de Saint-Pétersbourg. « Le Zénit, c’était un peu son club. Il y avait déjà travaillé de nombreuses années en tant que directeur sportif. Je n’ai donc pas été étonné le jour où il m’a appelé pour me dire qu’il revenait au Zénit, c’était d’autant plus vrai que chacun sait que le président de la Russie est originaire de Saint-Pétersbourg, qu’il est un supporter du club et comme je vous l’ai dit, Konstantin était très proche du pouvoir et des hommes importants en Russie. Il y avait comme une sorte de logique qu’il revienne au Zénit. »

Un retour malheureusement très court, trop court, avec son décès soudain le 7 octobre. Restent alors les souvenirs. Comme « les nombreux rires que nous avons partagés ces dernières années, même en pleine nuit, lorsque nous nous appelions pour parler. Je me souviendrai aussi longtemps le jour où il m’a appelé pour me dire qu’il était devenu grand-père. Il était heureux… »

Par Viktor Lukovic


Image à la une : © atlantas.lt

On a évoqué l’ancien directeur sportif du Zenit, Konstantin Sarsania, avec Christophe Hutteau, agent de joueurs et ami
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Le football dans les RSS – # 30 l’Estonie : Depuis l’indépendance

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À moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) Républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique, avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Cette semaine, nous parlons de l’Estonie. Épisode 30 : l’état du football en Estonie depuis l’indépendance.

Comme dans beaucoup de pays de l’est, le football souffre d’un certain déficit de popularité. Difficile en effet de se faire une place de choix dans un pays où de nombreux sports sont populaires : athlétisme, cyclisme, aviron, basket, lutte, sport automobile (depuis la réussite de Markko Märtin et Ott Tänak en WRC), sans compter les sports d’hiver, notamment le hockey sur glace. Dans un pays déjà petit et faiblement peuplé (1,3 millions de personnes), la fédération estonienne de football compte ainsi moins de 10 000 licenciés. Bien peu pour faire face aux meilleures nations sur le plan continental, que ce soit en club ou pour la sélection nationale. Et loin du modèle à succès qu’est devenu l’Islande au fil des années, l’Estonie peine à s’équiper de terrains couverts, où les licenciés, notamment les plus jeunes, pourraient jouer durant les longs et rugueux hivers des bords de la Baltique.

Des clubs au niveau stagnant

25 ans ont passé depuis l’indépendance des Pays Baltes et la création de la Meistriliiga en 1992. Et contrairement à plusieurs pays voisins, comme la Lettonie avec le Skonto Riga ou la Biélorussie avec le BATE Borisov, le championnat d’Estonie n’a pas connu de domination outrageante d’un club. Car en 25 ans, ce championnat, aujourd’hui appelé Premium Liiga, a vu plusieurs aller et venir en tête du classement, avant parfois de disparaître corps et âme. Sur les sept clubs à avoir inscrit leur nom au palmarès du championnat depuis la saison inaugurale de 1992, pas moins de quatre ont aujourd’hui disparu.

Lorsque la fédération estonienne de football (Eesti Jalgpalli Liit, ou EJL en estonien) est recréée en 1992, une première saison est mise en place. A l’issue de celle-ci, disputé sur une demi-année, le FC Norma Tallinn est sacré champion. Equipe parmi les plus importante de la SSR d’Estonie avant l’indépendance, et soutenue par la minorité russe de la capitale, le Norma double la mise en 1993, grâce notamment à son buteur Sergei Bragin. Au terme de la saison 1993-94, le Norma est ex-aequo avec le Flora Tallinn. Les deux équipes doivent jouer le titre lors d’une finale, mais à l’aube de la dernière journée, l’EJL (dont le vice-président est l’omniprésent Aivar Pohlak, également président-fondateur du Flora) disqualifie le Tevalte Tallinn, troisième, pour des soupçons de matchs truqués (qui ne seront jamais avérés). En représailles, le Norma aligne une équipe junior lors de cette finale, perdue 2-5. Dès la saison suivante, le Norma Tallinn est relégué en Esiliiga. Il disparaît trois ans plus tard, en 1998.

L’année où le Norma descend, un nouveau club reprend le flambeau pour la minorité russe. Fondé par une famille russe, le FC Lantana Tallinn termine deuxième de Meistriliiga en 1995, avant de remporter les deux éditions suivantes. Le sucès est néanmoins de courte durée. Après deux troisièmes places, la Lantana termine sixième du classement en 1999, année où la famille Belov qui le détient décide de dissoudre le club.

En moins de dix ans d’existence, la Meistriliiga a donc perdu deux de ses champions. Les deux autres, le Flora Tallinn, club à la forte identité estonienne, et le Levadia Tallinn, qui prend la succession des Norma et Lantana comme porte-étendard de la minorité russe de la capitale, comptent eux respectivement quatre et deux titres à la fin de l’an 2000.


Lire aussi: Histoire de derbys – Flora Tallinn vs. Levadia Tallinn


Les deux gros clubs du pays se partagent le palmarès du championnat d’Estonie, à trois petites exceptions près. En 2005, le TVMK Tallinn leur vole ainsi la vedette. Après plusieurs places d’honneur, le club nommé d’après l’usine de fabrication de meubles en contreplaqué de la capitale (Tallinna Vineeri-ja Mööblikombinaat) qui le détient remporte un titre inespéré dans le sillage des 41 buts marqués par son attaquant Ingemaar Teever. Un titre qui signe son déclin. La plupart de ses joueurs partent à l’étranger (Teever, Neemelo) ou chez des rivaux. Trois ans après son titre, et malgré deux nouvelles places sur le podium, le TVMK met la clé sous la porte, victime de ses difficultés financières.

Le défunt TVMK © Siim Semiskar / Soccernet.ee

La dernière disparition d’un club champion est, elle, toute fraîche. Voilà quelques semaines, le FCI Tallinn, anciennement Infonet, annonçait sa fusion avec le Levadia, pour le plus grand soulagement de son président Andrei Leškin. Le FCI devient ainsi le quatrième et dernier champion d’Estonie à disparaître du paysage local.

Aux côtés du Flora et du Levadia, devenu donc FCI Levadia, le Nõmme Kalju, titré en 2012, est le seul champion d’Estonie encore en activité. Il est surtout devenu en 2016 le club estonien étant allé le plus loin dans une compétition européenne. Après avoir éliminé les Lituaniens de Trakai puis les Israëliens du Maccabi Haifa, Kalju devient alors le premier club estonien à passer deux tours préliminaires d’une compétition européenne, et donc à atteindre le troisième tour d’Europa League. Un exploit pour un club d’un pays habitué à quitter très tôt les compétitions continentales.

Les clubs estoniens sont en effet toujours aussi peu en vue au plan européen. Le Norma Tallinn, premier champion d’Estonie, n’a ainsi jamais gagné le moindre match européen (un nul pour cinq défaites), encaissant même un mémorable 0-10 face à Maribor en 1994. Même constat pour le TVMK, toujours éliminé au premier tour – que ce soit en Champions League, Coupe UEFA ou Coupe Intertoto. Le défunt Lantana Tallinn n’a de son côté réussit qu’une seule fois à passer ce premier tour, en 1996, après avoir éliminé les Islandais de Vestmannaeyjar. Malgré pas moins de 23 présences européennes, le Flora Tallinn n’est lui aussi parvenu à passer le premier tour qu’une seule et unique fois, en Coupe UEFA 2006-07. Jamais champion, le Trans Narva a lui été systématiquement éliminé dès son entrée en compétition lors de ses 15 présences européennes (en Coupe UEFA/Europa League et Coupe Intertoto).

Le bilan des clubs estoniens en Europe est ainsi famélique. La piteuse élimination du Flora Tallinn au premier tour de Ligue des Champions par le nouveau venu de Gibraltar en 2016 en est le dernier exemple parlant. Le Nõmme Kalju et le Levadia Tallinn, chacun cinq fois vainqueurs lors d’un premier tour européen, sont les seuls clubs à avoir connu autant de réussite. En fusionnant avec le FCI, le Levadia espère devenir une superpuissance au niveau national, et être ainsi le premier club estonien à atteindre la phase de groupes d’une compétition européenne d’ici deux à trois ans.

Une sélection nationale toujours anonyme

A l’instar des clubs, la sélection estonienne peine à se montrer. Cette année encore, la campagne de qualifications pour le mondial russe ont soufflé le chaud et (surtout) le froid, et jamais l’Estonie n’a été en mesure de briguer une place de qualifié. Un échec de plus pour une équipe qui n’a encore jamais réussi à se qualifier pour une grande compétition internationale depuis son indépendance. Son unique présence en grande compétition remonte ainsi aux Jeux Olympiques de 1924, avec un match perdu 0-1 face aux Etats-Unis dès le premier tour. Et, comme on a pu le voir au sortir de la dernière campagne de qualification, les espoirs de voir enfin l’Estonie en Coupe du Monde ou à un Euro dans un avenir proche sont bien minces.


Lire aussi: La Russie, ce sera sans eux #3 – L’Estonie


Au lendemain de l’indépendance, les débuts de la sélection estonienne sont véritablement altérés par les problèmes de citoyenneté. Dans un pays où la lutte est intense entre Estoniens et Russes, seuls les premiers sont autorisés à acquérir la citoyenneté estonienne. Les habitants d’origine russe (c’est-à-dire arrivés au pays après la Seconde Guerre mondiale) s’en voient privés. Le football se retrouve prisonnier du système. A l’aube de disputer ses premiers matchs, former une sélection nationale est un véritable casse-tête. A l’issue d’un processus aux multiples controverses, la sélection est privée des joueurs non-citoyens estoniens, sous l’impulsion d’une partie dirigeants et des joueurs eux-mêmes. Pas une mince affaire dans un pays où, en manque de popularité, le football a longtemps été l’apanage de la minorité russe sous l’URSS. Minorité qui compose en 1992 la quasi-totalité des meilleurs clubs de l’époque, comme le Norma Tallinn, Sergei Bragin en tête. Entre problèmes identitaires et financiers, la sélection met ainsi plusieurs années à trouver un rythme de croisière.

La légende Mart Poom | © AFP PHOTO / RAIGO PAJULA

Au fil du temps, l’Estonie a pourtant connu en Mart Poom, Joel Lindpere ou Ragnar Klavan des joueurs phares, auteurs de belles carrières à l’étranger. De belles têtes d’affiches malheureusement insuffisantes pour permettre à la sélection de créer l’exploit. Et par là même, de faire les gros titres des journaux, où le football laisse souvent la Une aux rallymen, skieurs nordiques et autres tenniswomen en pleine réussite.

La sélection a pourtant failli connaître son heure de gloire. Après des campagnes habituelles où elle termine cinquième et avant-dernière de son groupe en 2008 et 2010, l’Estonie fait sensation lors des qualifications pour l’Euro 2012. Placée dans le Pot 5 lors du tirage au sort, la sélection menée par Tarmo Rüütli déjoue tous les pronostics. Grâce à cinq victoires, dont trois à l’extérieur, l’Estonie compte 16 points (son record à ce jour) et termine deuxième de son groupe, derrière l’Italie, mais devant la Serbie et la Slovénie. Un véritable exploit qui l’envoie en barrages. Las, le match aller tourne à la catastrophe. Réduite à dix dès la demi-heure de jeu, puis à dix en fin de match, l’Estonie encaisse un sévère 0-4 à domicile face à l’Irlande de Robbie Keane.

Le rêve passé, la sélection est revenue à son niveau habituel, engluée dans le ventre mou de son groupe lors des diverses campagnes de qualification. Capable de battre la Croatie comme de faire match nul face à St-Marin, la sélection a connu des matchs amicaux en résultats en dent de scie au fil des années. Pas le meilleur moyen d’attirer la lumière et de susciter les vocations. Pour preuve, la sélection estonienne ne parvient qu’exceptionnellement à remplir les 10 500 places de son Albert Le Coq Arena.

Pierre-Julien Pera


Image à la Une © Brit Maria Tael

Le football dans les RSS – # 30 l’Estonie : Depuis l’indépendance
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Le football dans les RSS : #31 la Lituanie – Introduction

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la septième : la Lituanie et une  introduction (statistiques et faits).

Cet article sera suivi d’un événement important (les Universiades 1987), d’un club ayant marqué l’URSS (le Zalgiris Vilnius), d’un homme (Romualdas Marcinkus) et enfin d’un point sur vingt-six années de football après l’indépendance.

Le programme de la semaine


#31Introduction
#32 – Un événement : Le Zalgiris Vilnius s’offre un titre fort en symboles
#33 – Un club : Le Zalgiris, la fierté d’un peuple
#34 – Un Homme : Romualdas Marcinkus
#35 – Le football en Lituanie depuis l’indépendance


Un peu d’histoire

La République Socialiste Soviétique de Lituanie a été créée suite à l’invasion par l’URSS (conformément aux accords du pacte germano-soviétique sur le partage de l’Europe). La date officielle de sa création est le 21 juin 1940, même si l’Union Soviétique en a perdu le contrôle pendant les quelques années d’occupation allemande. La RSS de Lituanie s’est établie sur le territoire de l’éphémère République de Lituanie à laquelle, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques a rattaché le couloire de Memel (Klaipeda) pris à l’Allemagne et la région de la capitale Vilnius, pris à la Pologne. Il faut noter qu’une partie de la Lituanie historique avait auparavant été rattaché à la Biélorussie par Moscou.

Les débuts de la RSS sont marqués, comme pour les autres républiques baltes, par la répression tant que Staline est au pouvoir. D’autant plus que les Lituaniens pour restaurer leur indépendance ont essayé d’éradiquer les communistes. Une bonne partie des Lituaniens ont été en conséquence déportés par le gouvernement central en Sibérie. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser des Lituaniens nés dans ces régions. Même avant le retour des déportés, la résistance a continué à s’organiser en Lituanie notamment via le clergé catholique et cela a permis au Lituaniens de discrètement conserver et sauvegarder leur culture et leur vie culturelle. Ceci fût aussi facilité par l’absence de grands mouvements de population venus de Russie contrairement aux autres pays baltes. Les dirigeants du parti local (contrairement à l’Estonie) furent d’ailleurs des Lituaniens.

Avec l’affaiblissement et la libéralisation du régime dans les années quatre-vingts, les Lituaniens ont commencé à mener ouvertement des meetings anti-soviétiques qui ont mené à la déclaration de souveraineté de 1989 puis à l’indépendance du pays le 11 mars 1990 qui fût reconnue un an et demi plus tard par Moscou. La Lituanie a d’aillrus connu quelques affrontements au moment de l’indépendance avec notamment les évènements de la tour TV. La RSS de Lituanie fût celle qui a duré le moins longtemps (à l’exception de la Carélie), un peu moins de cinquante ans.

La Lituanie dans le championnat soviétique


Lire aussi : Où sont aujourd’hui les équipes ayant joué en Ligue Supérieure d’URSS ?


Comme vous allez le découvrir dès mercredi, seule une équipe a joué dans la Ligue Supérieure Soviétique : le Zalgiris Vilnius (qui fût auparavant Dinamo et Spartak), qui après un court passage en 1953 a fait partie du paysage footballistique de l’Union Soviétique pendant les années quatre-vingts suite à son titre de champion de « Pervaya Liga » en 1982. En plus d’une troisième place, les Verts peuvent s’enorgueillir d’une demi-finale de Coupe en 1988, battus par le Metallist Kharkov, futu vainqueur de l’épreuve.

Deux autres équipes ont participé aux championnats soviétiques mais au deuxième échelon, le Banga Kaunas dans des temps reculés et l’Atlantas Klaipeda dans les années quatre-vingt pour une petite année. D’autres clubs (pour la plupart créés en Lituanie indépendante) ont continué d’exister durant la période soviétique au niveau régional comme Ekranas (Panevezys), Inkaras (Kaunas), Sirijus (Klaipeda), Sakalas (Šiauliai), Neris (Vilnius), Suduva (Marijampole) et d’autres encore.

Statistiques en Ligue Supérieure :

Clubs ayant participé provenant de Lituanie 2%
Saisons jouées par les clubs lituaniens 1%
Points glanés par les clubs lituaniens 414 (0,6%)
Victoires par matchs joués 32%
Buts marqués et Goal-average 349 (0,6%) / -114
Titres 0
Podiums 1 (0,6%)

La RSS de Lituanie en Coupe d’Europe

Le Zalgiris, logiquement seul club lituanien a avoir connu la Coupe d’Europe sous l’URSS, découvre les joutes européennes à la toute fin de l’existence du pays. Suite à sa troisième place en 1987, il dispute son tout premier match de Coupe UEFA en 1988 avec une victoire contre l’Austria Vienne 2-0 à l’aller (grâce à Baranauskas et Fridrikas). Malheureusement, et malgré une ouverture du score rapide de Baltusnikas, les Autrichiens se rebellent au retour et marque cinq buts. Une réduction du score de Fridrikas (encore lui) pour le 5-2 ne suffit pas et les Lituaniens quittent l’Europe. Pour mieux la retrouver l’année suivante, avec une qualification (la seule donc) contre l’IFK Göteborg : une victoire avec 2-0 suivie d’une nouvelle défait mais cette fois sur le score minmal de 1-0 qui leur donne le droit de retrouver la Yougoslavie (pays où les Lituaniens ont brillé récemment) mais cette fois à Belgrade. C’est contre Zvezda que l’histoire européenne du Zalgiris soviétique s’arrête. En effet, une nouvelle fois qualifié en Coupe d’Europe, deux saisons plus tard, le Zalgiris laissa sa place au Chernomorets suite à l’indépendance du pays.

Les Lituaniens en équipe nationale d’URSS

Dans l’histoire du football soviétique, il a fallu attendre très longtemps pour voir des Lituaniens porter le maillot de la sélection nationale. Ils furent trois au total (soit 0,8% de l’ensemble des internationaux soviétiques). Le premier d’entre-eux fût Sigitas Jakubauskas, en 1985 contre la Roumanie pour un seul match. La seule apparition de l’attaquant au niveau international qui rejoint l’Allemagne et le FC Remscheid à l’indépendance. Les deux autres ont porté le maillot soviétique en 1988 après les premiers exploits du Zalgiris : il s’agit de Vyacheslav Sukristovas et Valdas Ivanauskas. Les deux ont disputé quatre matchs avec le maillot de l’URSS durant cette année, mais jamais ensemble. Les deux joueurs ont ensuite porté le maillot lituanien ensemble. Il est intéressant de signaler qu’aucun Lituanien n’a marqué sous le maillot frappé CCCP.

Adrien Laëthier


Image à la une : © Footballski

Le football dans les RSS : #31 la Lituanie – Introduction
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Le football dans les RSS #32 – La Lituanie : 1987, le Zalgiris Vilnius s’offre un titre fort en symbole

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la septième : la Lituanie. Episode #32: le titre fort en symbole du Žalgiris Vilnius.

Si une compétition universitaire reste mineure dans le monde du football, elle revêt une toute autre importance pour un club qui, dans le cœur de ses supporters, est l’équipe officieuse d’une nation réclamant son indépendance et participe certes sous le drapeau de l’oppresseur, mais avec son maillot vert et blanc. C’est l’histoire du Žalgiris Vilnius, victorieux lors des Universiades de Zagreb en 1987.

En 1987, Mikhail Gorbatchev vient de mettre en place la glasnost, ouvrant de nouvelles perspectives en termes de liberté d’expression. Une brèche dans le mur soviétique dans laquelle les peuples baltes vont s’engouffrer pour tracer leur chemin vers la liberté. De leur côté, les joueurs sont bien entendu loin de ces préoccupations. Pour eux, sortir de l’URSS est déjà une expérience hors du commun.

Zagreb 1987

Les Universiades sont organisées sous l’égide de la Fédération Internationale du Sport Universitaire (FISU). Une fédération créée en 1949 qui organise des compétitions universitaires internationales sous l’œil attentif du CIO. L’édition 1987 se déroule du 8 au 19 juillet. DDans cette optique, d’importants travaux de rénovation sont réalisés à Zagreb dès 1984. De nombreux centres sportifs sont créés ou modernisés comme le Cibona Sports Centre, renommé aujourd’hui Drazen Petrovic Basketball Hall, ou encore le centre sportif et récréatif de Jarun. Le bras de la Sava, la rivière qui coule de la Slovénie à la Serbie, est aménagé à cette occasion et le centre de la ville est rénové. Des travaux qui donnent en grande partie la configuration actuelle de la ville.

Comme de coutume pour ce genre d’événement, une mascotte, l’écureuil Zagi, est réalisée par Nedjeljko Dragic, un dessinateur croate parmi les plus réputés de l’époque. L’écureuil possède un petit chapeau noir caractéristique des costumes folkloriques de la région de Zagreb. Le pays hôte, la Yougoslavie post-Tito, est alors traversée par la montée des différents nationalismes. Ainsi, en avril 1987, Slobodan Milosevic, numéro deux du régime yougoslave, est envoyé au Kosovo pour apaiser la minorité serbe qui se considère opprimée par la majorité albanaise. La police locale composée d’albanais réagit violemment à des jets de pierres venus du coté serbe. Milošević déclare à la foule serbe : « On ne vous frappera plus jamais ! » devenant ainsi une figure du nationalisme serbe. Il est élu en mai 1989 Président de la Serbie.

Dans ce contexte, la Yougoslavie désire faire bonne figure et sous le slogan « World of Youth for the World of Peace », 6 423 athlètes de 122 pays participent à la quatorzième édition des Universiades, qui est aussi la première à bénéficier d’un aussi grand nombre d’athlètes présents. Avec, pour la cérémonie d’ouverture et comme stade principal des épreuves, le stade Maksimir.  Ce même stade Maksimir qui sera quelques années plus tard, le 13 mai 1990, le théâtre d’un Dinamo Zagreb – Etoile Rouge de Belgrade qui dégénère, en prélude au sanglant conflit qui s’apprête à déchirer la Yougloslavie.

Rien n’est laissé au hasard pour donner de l’importance à l’événement, la star locale, le basketteur au destin tragique Drazen Petrovic (il décède d’un accident de voiture en 1993) porte la flamme lors de la cérémonie d’ouverture.

Le Zalgiris Vilnius à Zagreb

Pour représenter l’URSS, le Žalgiris Vilnius fait office d’équipe nationale soviétique. L’équipe est très jeune et possède un noyau composé de joueurs encore étudiants et donc éligibles à une participation à cette compétition. Le Žalgiris est alors en pleine forme dans le championnat soviétique. S’appuyant sur Arminas Narbekovas, un jeune attaquant en pleine éclosion, le club lituanien termine la saison à la troisième place, à huit points du champion, le Spartak Moscou. Son entraîneur, Benjaminas Zelkevičius, a d’abord été joueur au sein du club (331 match, 50 buts) avant d’en être l’entraîneur à succès. Le gardien Jurkus (qui perdra d’ailleurs sa place de titulaire suite aux bonnes prestations de son remplaçant Kalinauskas à Zagreb), le défenseur Jakubauskas et le capitaine Matskevicius ne peuvent participer à l’aventure puisqu’ils sont déjà diplômés. Hormis ces trois joueurs, c’est donc une équipe complète du plus haut niveau du championnat soviétique qui se présente à Zagreb.

Le tournoi est organisé sur le principe d’une Coupe du Monde de l’époque : les seize équipes participantes sont divisées en quatre groupes dont les deux premiers sont qualifiés au tour suivant. Mais l’aventure commence par un couac d’importance. Les maillots soviétiques n’ont pas été floqués. Au lieu du maillot rouge soviétique, c’est donc le maillot vert et blanc du Žalgiris qui est utilisé pendant toute la compétition. A la grande fureur de la délégation soviétique, bien entendu. Le premier match contre la Corée du Sud est une déception. Les buts d’Arminas Narbekovas et Valdas Ivanauskas ne peuvent empêcher la défaite (3-2).

Cette mauvaise entame ne semble rien présager de bon avant d’affronter le pays hôte. Cependant, le déjà inévitable Narbekovas offre une courte victoire aux Soviétiques (1-0). Au menu du troisième match, la faible équipe du Brésil, déjà corrigée sur le même score (5-0) par la Yougoslavie et la Corée du Sud. Il s’agit donc de soigner la différence de buts pour ne pas être dépendant du score de l’autre match. Et le  Žalgiris soviétique a la bonne idée de s’imposer 6-0, car la Corée battant la Yougoslavie, l’équipe locale est éliminée à la différence de buts, les trois premiers finissant à égalité avec quatre points. Les Brésiliens termineront, eux, bons derniers du tournoi.

Pour les Baltes, l’Uruguay est au programme des quarts de finale, une formalité (6-1). Narbekovas par deux fois, Virginijus Baltusnikas, Stasys Baranauskas, Kestutis Rugzys et Pankratjevas assomment la Celeste. Duel très communiste ensuite en demi-finale contre la Corée du Nord, qui a étrillé 7-2 l’Allemagne de l’Ouest pour se qualifier. Baranauskas et Pankratjevas permettent d’assurer une victoire 2-1 et une place en finale contre la Corée du Sud. Le 19 juillet, 12 000 personnes garnissent les tribunes du stade Maksimir pour voir l’URSS affronter la Corée du Sud, qui s’est débarrassée de la Chine en demi-finale. La Corée a certes battu les Soviétiques en phase de poules, mais ces derniers n’ont cessé d’impressionner et de monter en puissance depuis. Le match s’annonce donc très indécis. La réalité du terrain est toute différente. Avec le maillot vert et blanc du Žalgiris, Sukristovas ouvre le score dés la première minute, Baranauskas plante le second à la 29e, Narbekovas inscrit son sixième but de la compétition à la 41e, et Sukristovas récidive à la 45e minute. La Corée du Sud est KO debout. Pour l’anecdote, Rasiukas vient enfoncer le clou à la 65e. Le triomphe est total !

Et après ?

Un an après les Universiades, Arminas Narbekovas et Arvidas Janonis deviennent champions olympiques à Séoul en battant le Brésil en finale. L’URSS est alors en pleine bourre. La sélection atteint la finale de l’Euro 1988 en Allemagne de l’Ouest, où elle s’incline contre les Pays-Bas de Gullit et Van Basten. Le noyau présent à Zagreb forme plus tard l’ossature de la future équipe nationale lituanienne. La star de la compétition, Arminas Narbekovas n’est lui jamais appelé en sélection soviétique. Il quitte le Žalgiris Vilnius lors de l’explosion de l’URSS et passe ensuite le reste de sa carrière en Autriche, principalement à l’Austria Vienne puis dans divers clubs de moindre importance pour finir sa carrière à 45 ans au SV Weikersdorf. Sa carrière en sélection est minée par les blessures et il ne joue que 13 matchs pour 4 buts. Il se lance par la suite dans une carrière d’entraîneur, mais sans grand succès.

Le meilleur joueur à émerger de cette équipe présente à Zagreb est l’attaquant Valdas Ivanauskas (né en 1966) qui, pour l’occasion, s’est montré plutôt discret. Il représente cinq fois l’URSS et 28 fois la Lituanie. Il part également dans un premier temps à l’Austria Vienne pour ensuite passer cinq saisons à Hambourg. Il devient également entraîneur sans succès probant et occupe actuellement un poste de directeur sportif au Dinamo Brest.

Aujourd’hui encore, le Žalgiris s’attribue fièrement cette victoire. Le contexte de l’époque ne prête cependant pas à une forte médiatisation de ce succès. Profitant de la glasnost, le sécessionnisme balte en profite pour s’exprimer au grand jour. Dès 1986, les Lituaniens redonnent à certaines rues leurs noms d’avant l’occupation soviétique. Cette expression de la volonté de retrouver l’indépendance culmine avec la Voie balte. Le 23 août 1989, une chaîne humaine de 560 km reliant Vilnius à Tallinn rassemble entre 1,5 et 2 millions de personnes pour réclamer l’indépendance des pays baltes le jour du cinquantenaire du pacte germano-soviétique. S’ensuit la Révolution chantante, qui mène à l’indépendance de la Lituanie et de ses voisins estonien et letton.

Viktor Lukovic

Le football dans les RSS #32 – La Lituanie : 1987, le Zalgiris Vilnius s’offre un titre fort en symbole
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Le football dans les RSS #33 – la Lituanie : Le Žalgiris Vilnius, la fierté d’un peuple

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la septième : la Lituanie. Episode #33: le Žalgiris Vilnius, fierté de tout un peuple.

L’année 2017 marquait le 70e anniversaire du Žalgiris Vilnius. Elle ne restera cependant pas dans les annales du plus grand club de football de Lituanie. En remportant la coupe nationale, le modeste et anonyme Stumbras Kaunas empêche en effet le Žalgiris de s’adjuger le trophée pour la septième fois consécutive. Pire encore, le Sūduva Marijampolé remporte le championnat après une fin de saison catastrophique du club de Vilnius. La surprise est grande tant l’hégémonie du club de la capitale était totale sur la compétition domestique depuis des années. En Lituanie, politique et histoire sont largement entremêlés. Le Žalgiris Vinius ne fait pas exception. Le club a connu la grandeur puis la décadence avant d’être redevenu depuis quelques années l’ogre insatiable de la A Lyga. Avec l’objectif de se faire connaître de toute l’Europe en accrochant un jour une place en Ligue des Champions, ce qui constitue actuellement le grand défi du club.

Žalgiris, la fierté d’une nation

Le nom du club est déjà tout un programme en affirmant l’identité et la fierté lituaniennes. Le 15 juillet 1410, l’alliance du Grand-duché de Lituanie et du Royaume de Pologne écrase les chevaliers teutoniques dans la plaine entre Tannenberg et Grunwald. Les Polonais et les Allemands utiliseront d’ailleurs les noms de ces lieux pour nommer la bataille. Pour les Lituaniens, elle est connue comme la bataille de Žalgiris. En lituanien, Zal signifie vert et giria signifie forêt, on parle donc de la bataille de la forêt verte ce qui explique la couleur des maillots vert et blanc. Cette bataille marque le début du déclin pour le puissant ordre religieux germanique et l’avènement de la puissance de l’union de la Pologne et de la Lituanie.

Considérée comme une des plus importantes batailles de l’Europe médiévale, son souvenir fut exploité dans le cadre du romantisme nationaliste par les trois nations impliquées. En 1914, une importante victoire allemande contre l’armée russe fut baptisée « bataille de Tannenberg » afin de tenter d’effacer des mémoires l’humiliation connue cinq siècles plus tôt sous les mêmes latitudes.

Commémorée chaque année, cette victoire est considérée comme le symbole de la résistance des Lituaniens face aux agresseurs étrangers et a un statut de légende écrite en lettres d’or dans l’Histoire lituanienne.

Le mémorial de la bataille de Grunwald | © Dudina18 / HiveMiner

Vilnius, une ville à l’histoire tourmentée

La première mention écrite de Vilnius date de 1323. Se développant pendant la période de l’union de Pologne-Lituanie, la ville est connue pour sa tolérance et accueille une très grande population d’origine juive, au point de gagner le surnom de Jérusalem de Lituanie. En 1795, la ville tombe sous la domination de la Russie jusqu’en 1915, lorsqu’elle devient sous contrôle allemand. Profitant du contexte d’une Russie en miettes et de la défaite militaire de l’Allemagne, la déclaration d’indépendance de la Lituanie est signée le 16 février 1918, alors que la ville est encore occupée par les Allemands. S’en suivent différentes et brèves prises de la ville par l’armée rouge et l’armée polonaise. Dans ce chaos d’après guerre, se déclenche une guerre entre la Pologne et la Lituanie. La Pologne considère la Lituanie comme une province lui appartenant. La Lituanie veut quant à elle défendre son intégrité territoriale (et garantir sa mainmise sur Vilnius) et prendre Suwalki, largement peuplée de Lituaniens.

Vilnius est à l’époque peuplée majoritairement de Polonais. Ces derniers conquièrent définitivement la ville le 8 octobre 1920, prétextant une mutinerie et chassant le gouvernement lituanien qui part s’établir à Kaunas. Il va de soi que cette amputation fut très mal digérée par la Lituanie qui n’eut de cesse de réclamer la réintégration de sa capitale historique. La Pologne jouissait de l’appui de la France et de la Grande-Bretagne, la Lituanie étant alors complètement isolée dans son combat. Les institutions de la ville complètement polonisées, et les Lituaniens, déjà minoritaires, fuyant ou chassés, ne deviennent plus, en nombre, que la quatrième nationalité de la ville après les Polonais, les Juifs et les Biélorusses.

Dés lors, il n’est pas étonnant que le football à Vilnius soit avant tout polonais (Smigly Wilno, Pogon Wilno) et juif, rendant l’identité lituanienne marginale jusqu’au tournant de la seconde guerre mondiale. Dans le cadre de l’invasion de la Pologne, les Soviétiques cèdent Vilnius à une Lituanie fantoche car elle-même annexée un peu plus tôt. Une répression impitoyable s’abat sur la ville et principalement sur les Polonais. Le 23 juin 1941, les nazis entrent dans Vilnius et liquident presque totalement la population juive. Les Lituaniens accueillent favorablement, dans un premier temps, les Allemands qui chassent les Soviétiques et indiquent vouloir rétablir un Etat lituanien indépendant. Promesse  faite évidemment dans l’intention de s’octroyer les faveurs des Lituaniens mais qu’ils n’ont aucune intention de tenir. Cette période donne lieu à des affrontements entre Polonais et Lituaniens. Le 13 juillet 1944, les Soviétiques réinvestissent la ville. S’en suivt une politique d’expulsion des Polonais et de repeuplement par des populations russes et biélorusses. Les Lituaniens qui étaient fortement présents dans les campagnes entourant la ville, affluent et deviennent progressivement majoritaires à Vilnius.

Un nouveau départ pour le football lituanien

L’ordre soviétique établit dune main de fer sur la petite Lituanie, le football renaît à Vilnius mais cette fois-ci avec une prédominance lituanienne. Dès le départ, l’identité lituanienne du club est très fortement marquée, puisque les débuts se font en 1946 en tant que club représentant la république, telle une équipe nationale donc, composée de joueurs du Dinamo Kaunas et du Spartakas Kaunas. L’équipe participe au championnat soviétique (Groupe III) sous la direction du Français Emil Pastor. Un an plus tard, le club est transféré à Vilnius sous le nom de Dinamo et joue son premier match le 16 mai 1947, en seconde division, contre le Lokomotiv Moscou (défaite 1-2).

Le vétuste Žalgiris Stadionas | © Smull / Wikipedia

Ultime et encombrant héritage polonais, le club, renommé Spartakas Vilnius, joue dans le stade du Pogon Wilno, qui sera vite rebaptisé Žalgiris Stadion et reconstruit par des prisonniers de guerre allemands. Revanchards, les Lituaniens tiennent enfin leur grand stade de 15.000 places, marqué au fer rouge de leur identité. Le Spartakas navigue alors entre seconde et troisième division, luttant pour le leadership lituanien avec l’Atlantas Klaipeda, ayant son importance à l’époque.

Afin de marquer les esprits, le nom de Žalgiris est adopté en 1962. Le club était appelé Spartackas car il dépendait des coopératives agricoles (Kolkhoze et sovkhoze) comme le Spartak Moscou. Le nom a été changé en Žalgiris quand le club a été transféré à l’organisation sportive de la République Soviétique de Lituanie où les clubs s’appelaient Žalgiris. Ce changement a été une surprise et s’est fait du jour au lendemain au point de ne pas avoir le temps d’acheter de nouveaux maillots. Au lieu du blanc et vert, le Žalgiris jouait ainsi en rouge, du fait de la couleur des clubs nommés Spartack. Mais le club n’arrive pas à s’imposer comme il le souhaiterait dans le championnat d’URSS. Avec une longue période dans l’anonymat des divisions inférieures, c’est toute la Lituanie qui manque une occasion d’affirmer son existence via le football. Jusqu’en 1982, quand Žalgiris termine finalement le championnat à égalité avec le Nistru Chișinău (l’actuel Zimbru) et que le club gagne le droit d’accéder au plus au niveau de la hiérarchie soviétique.

La saison 1983 est un franc succès, Žalgiris terminant 5ème. Le club représente l’URSS aux Universiades 1987 à Zagreb et remporte le titre universitaire avec un attaquant, Arminas Narbekovas dans la forme de sa vie. La saison est un succés total et le club accroche le droit de participer à la Coupe UEFA. Devant 17 000 spectateurs, le club dispute et remporte son premier match européen contre l’Austria Vienne, 2-0. Malheureusement, au retour, les Autrichiens retournent la situation et s’imposent 5-2. Le club connaît une seconde aventure européenne en 1989, en éliminant l’IFK Goteborg avant de s’incliner devant l’Etoile Rouge de Belgrade.

Avec les succès et la visibilité au niveau soviétique, le groupe de supporters Pietu IV, du nom de la partie du stade qui les accueille, voit le jour en 1985. Le club fait alors office de véritable équipe nationale comme il en avait rêvé depuis bien longtemps et le stade Žalgiris offre le moyen d’exprimer une forme de résistance à l’envahisseur. Alors que l’URSS se désagrège peu à peu, le club finit magnifiquement la période soviétique. A la clé, une honorable quatrième place en 1989, reflétant la superbe décennie du club. Le club quittant le championnat, sa qualification en coupe d’Europe est attribuée aux Chernomorets Odessa.

© footballinussr.fmbb.ru

Un géant à terre

Un championnat de la Baltique réunissant les meilleurs clubs baltes et un club russe (le Progress Cherniakhovsk) est organisé en 1990. Il est facilement remporté par le Žalgiris qui s’appuie sur une attaque de feu, avec Valdas Ivanauskas et Arminas Narbekovas qui quittent tous les deux rapidement le club pour aller jouer à l’étranger.

Par la suite, le club doit composer avec la réalité d’un championnat lituanien aux assistances faméliques et composé en partie de clubs corporatifs. Fini les matchs endiablés contre l’ennemi juré russe ou le prestigieux Dynamo Kiev. Dans ces conditions, l’argent fait défaut, le stade tombe progressivement en ruine et les bons joueurs émigrent très rapidement à l’étranger monnayer leurs talents.

© footballinussr.fmbb.ru

Le premier championnat lituanien, en 1991, n’est qu’une formalité pour le club de la capitale. Le titre donne l’occasion au Žalgiris d’affronter le PSV de Romario qui se qualifie facilement (0-6/0-2) en Coupe des clubs champions. La saison 92/93 vient marquer le premier signe d’essoufflement, Ekranas Panevezys venant mettre un terme à la domination du club de Vilnius. Les saisons suivantes, les éphémères Romar Mazikiai (financé par un riche lituanien exilé aux USA à tendance mégalomane), Inkaras Kaunas et Kareda Siauliai dominent le championnat. C’est tout de même au Žalgiris qu’est formé Edgaras Jankauskas, qui file en 1996 entamer une fructueuse carrière à l’étranger et remporter la C1 en 2004 avec Porto.

Il faut attendre la saison 98/99 pour voir un nouveau titre tomber dans l’escarcelle de Žalgiris. Mais la suite est encore pire. Le FBK Kaunas (financé par un sulfureux homme d’affaire et la toute aussi sulfureuse banque Ukios Bankas) puis Ekranas Panevezys dominent sans partage le championnat et Žalgiris est relégué dans un anonymat total, jusqu’à devoir disparaître en 2008, suite à des problèmes financiers et l’arrestation à Moscou de son propriétaire Vadim Kastujev suspecté d’être lié à de nombreux trafics. Le géant est à terre.

Le Žalgiris revit

Cependant, malgré ces années de galère, le club a gardé le soutien d’un noyau de fidèles supporters (le groupe Pietu IV) et la fidélité de ses anciens membres. Un nouveau club jouant dans un parc de la capitale est établi sous le nom de VMFD Žalgiris. Les mauvaises influences partent, de nouvelles têtes arrivent. Une femme devient présidente du club, Vilma Venslovatiene, brillante universitaire de son état. Un jeune directeur sportif né en 1983, Mindaugas Nikolic, est l’un des artisans de ce nouveau club. L’homme n’est pas inexpérimenté puisqu’à 22 ans, il occupait déjà ce poste au tout puissant FBK Kaunas puis au Heart Of Midlothian, les deux clubs ayant le même propriétaire, Roman Romanov. Rattrapé  par les ennuis judiciaires, Romanov quitte le football et Nikolic peut venir participer au projet Žalgiris et amener ses contacts.

Avec les meilleurs jeunes du défunt Žalgiris et de nombreux anciens venus se mettre au service du club, le titre de deuxième division est une formalité et le nouveau Žalgiris revient directement dans le top de l’élite grâce à une politique de transferts ambitieuse et une organisation moderne enfin digne du club.

C’est lors de son retour en A lyga que le tournant du football moderne s’opère pour le club. En 2011, le mythique Žalgiris Stadium, complètement en ruine, est abandonné pour le LFF Stadium. Un stade qui ne fait pas l’unanimité car il était construit au départ pour le FK Vetra et nommé d’ailleurs d’après son hôte (Vetra Stadium). Le stade est ensuite repris et modernisé par la fédération, lors de la faillite du FK Vetra en 2010. Sans trop d’identité, choisi par défaut, ce stade est plus moderne que l’ancien, mais toujours pas au standing d’une capitale. Les supporters espèrent toujours l’arrivée d’un futur stade digne de la glorieuse histoire du Žalgiris, mais qui est en suspens depuis des années.

Le LFF Stadionas | © fkzalgiris.lt

Toujours est-il que le club avance dans le sillage de ce stade. Et le board ne manque pas d’idée. Etonnant par rapport aux normes lituaniennes, Žalgiris fait venir des entraîneurs étrangers (le Croate Damir Petravic puis le Polonais Marek Zub), rapatrie des joueurs lituaniens de l’étranger (Skerla passé par le PSV et l’Ecosse) mais il fait aussi venir des joueurs étrangers dont le standing impressionne pour le niveau du championnat (l’écossais Callum Elliot puis, début 2013, les Polonais Kamil Bilinski et Jakub Wilk).

Cette politique ambitieuse est enfin récompensée en 2013. L’année du premier titre du Žalgiris nouvelle version mais aussi celle d’une belle épopée européenne. Après avoir sorti  St. Patrick’s Athletic et le Pyunik Erevan, le club reçoit le Lech Poznan.  Une montagne infranchissable à priori. Le match aller à Vilnius est l’occasion pour les supporters polonais de défiler dans la ville à coup de slogans rappelant l’identité polonaise de la ville. Mais les Lituaniens douchent leurs visiteurs en s’imposant 1-0 face à une équipe de Poznan guère inspirée. Le match retour est héroïque, Žalgiris s’inclinant 2-1 dans une fin de match houleuse qui voit l’exclusion de Lukasz Teodorczyk et du vétéran Andrius Velicka. Vu le contexte historique, il s’agit non seulement d’un authentique exploit mais aussi d’une victoire riche en symboles pour ce club. Au tour suivant, le Red Bull Salzbourg est infranchissable et brise le rêve d’accéder aux poules de la Ligue Europa.

Le trophée en championnat, en tout cas, est le début d’une emprise sans partage du club sur le football lituanien. Outre une politique marketing et de communication modernes et complètement hors norme pour le pays, le club essaye de former une équipe capable de faire revenir des Lituaniens expatriés (Deividas Semberas, légende du football lituanien après dix années au CSKA Moscou, en est le coup le plus fumant), des étrangers désireux de se montrer et tous les joueurs sortant du lot en Lituanie. Se voulant moderne et innovant, Žalgiris se démarque ainsi en 2015, quand le club fait venir un jeune entraîneur prometteur qui vient de se faire remarquer à Ekranas, Valdas Dambrauskas et organise une tournée au Brésil lors de la préparation d’avant-saison.

© fkzalgiris.lt

Désireux d’être l’ambassadeur de sa ville et du pays, c’est assez logiquement que le club s’investit politiquement en montrant son soutien à l’Ukraine, par exemple. Dans ce cadre, le Karpaty Lviv se déplace en mars 2015 à Vilnius, pour un match de soutien à une organisation qui s’occupe des déplacés internes provenant du Donbass.

Depuis, le scénario est identique. Le club rafle tout sur le plan national, faute de concurrence, mais butte invariablement sur une équipe d’un niveau supérieur lors des tours préliminaires de la Ligue des Champions.  Dinamo Zagreb, Malmö, Astana (où Žalgiris est éliminé sur un but à la 92e au match retour !) et Ludogorets sont synonymes de désillusions. La faiblesse du championnat ainsi que le maigre coefficient UEFA du championnat  sont un frein au développement du club au point qu’il a été évoqué un moment que Žalgiris rejoigne le championnat polonais afin d’attirer plus de monde au stade mais surtout d’affronter des oppositions un peu plus solides et de peut-être faire avancer le dossier du stade. Une ligue balte est également parfois évoquée, sans rien de concret jusqu’à présent.

2017 est donc la l’année du 70e anniversaire du club. Le club a révélé se baser en début de saison sur un budget de 2,4 millions d’euros (à titre d’exemple, Suduva ne dépasse pas le million) et a présenté un nouveau bus, une mascotte, un nouvel hymne. Un match amical est organisé contre l’IFK Goteborg, rencontré en coupe d’Europe en 1989, donnant l’occasion d’un rassemblement des anciennes gloires du passé. L’année est parsemée de surprises comme l’annonce d’un partenariat avec l’armée lituanienne et l’exposition de matériel militaire devant le stade. Si ce genre d’initiatives peut sembler complètement obsolètes pour nos yeux d’Occidentaux, il s’inscrit dans la psychose que connaît la Lituanie face à la musculation militaire russe et qui s’illustre par des incursions d’avions militaires dans l’espace aérien lituanien (qui ne possède pas d’aviation et doit déléguer la tâche de sa sécurité à l’OTAN) ou et les conflits récents avec l’Ukraine et la Géorgie. Plus que jamais, Žalgiris doit être le fer de lance de l’identité Lituanienne face aux envahisseurs.

Sportivement, l’année 2017 est une catastrophe. Alors que la saison s’annonçait sans difficulté au niveau national, il semble que l’élimination en phase préliminaire de la Ligue des Champions face au Ludogorets Razgrad ait brisé l’élan de l’équipe. Les contre-performances vont alors s’enchaîner et la dernière journée de la phase classique offre un Sūduva-Žalgiris déterminnt pour l’octroi de la première place au début des play-offs. La rencontre tourne à l’humiliation pour Žalgiris , qui s’incline 3-0 sans discussion possible. Sa plus grosse défaite en championnat depuis sept ans, et la défaite de trop pour l’entraîneur Valdas Dambrauskas, qui présente sa démission. Aleksandr Brazevic (BATE Borisov) se voit alors confier la mission de sauver la saison durant les play-offs. On note une incroyable défaite à domicile contre Jonava (2-4) et une nouvelle humiliation lors du match décisif contre Sūduva (3-0) où Žalgiris est inexistant. Logiquement, l’aventure avec Brazevic s’arrête là. Son remplaçant est Aurelijus Skarbalius, un ancien joueur du Žalgiris (1992-94) et international (65 sélections) qui a ensuite passé la majorité de sa carrière à Brondby avant de se reconvertir entraîneur (Herflge, HB Hoge, Brondby, Viborg) et de s’occuper des jeunes de Brondby depuis 2015. Comme un symbole, Mindaugas Nikolic quitte Vilnius pour tenter une nouvelle aventure en Croatie, à Gorica. Une grande lessive est entamée (Kuklys part au Kazakhstan, Sernas et Elivelto en Israël) et onze joueurs au total ont déjà quitté le club. En contrepartie, ce dernier marque un gros coup en signant le français Jeremy Manzorro en provenance du champion Sūduva. Les autres recrues pour le moment son le retour de Georgas Freidgeimas du Kazakhstan, Marko Tomic de Radnicki Nis, Marquinhos de l’Astra Girurgiu et le mercato devait être encore très animé car une seconde saison consécutive sans titre parait inconcevable pour le plus grand club du pays.

Viktor Lukovic


Image à la une : © fkzalgiris.lt

Le football dans les RSS #33 – la Lituanie : Le Žalgiris Vilnius, la fierté d’un peuple
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Le football dans les RSS #34 – la Lituanie : Romualdas Marcinkus

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la septième : la Lituanie. Episode #34: Romualdas Marcinkus.

Traversant une Europe déchirée par la guerre après avoir été star du football et héros de l’aviation, la vie et le destin de Romualdas Marcinkus sont tout bonnement stupéfiants. L’occupation de la Lituanie par l’URSS provoqua la négation de son histoire dans son propre pays et il a fallu attendre le retour de l’indépendance pour que son nom réapparaisse et que son peuple prenne – enfin! – connaissance de ses exploits. L’effacement de son nom des mémoires fait que beaucoup d’éléments de sa vie restent aujourd’hui encore inconnus. Retour sur un parcours hors du commun.

Star du football

Romualdas Marcinkus naît le 22 juillet 1907 à Jurbakas à proximité de l’actuelle frontière avec la Pologne. Son père est policier et sa mère, Honorata Kroaze-Marcinkiene, aurait des origines françaises. Kroaze serait une lituanisation de Courvoisier, du nom d’un soldat de Napoléon qui aurait épousé une Lituanienne.

Romualdas est passionné de sport et plus particulièrement de football qu’il pratique au sein de l’équipe de Jurbakas. A 17 ans, il part étudier à Kaunas, la capitale de la Lituanie amputée de Vilnius, dans le but d’intégrer l’armée lituanienne et plus particulièrement  l’aviation, qui est alors en plein développement. Toujours passionné de football, Romualdas évolue tout d’abord au Kauno Sporto Klubas puis au LFLS Kaunas (Union de l’éducation physique lituanienne), où il devient directement champion de Lituanie. Le LFLS Kaunas domine largement le petit championnat lituanien et le football est alors le sport le plus populaire à Kaunas avant d’être surpassé par le basket. Marcinkus évolue de 1927 à 1938 au LFLS Kaunas (excepté une infidélité d’un an au Kovas Kaunas en 1936). Il devient également un cadre et capitaine de l’équipe nationale, affichant un total de 41 sélections et deux buts pour son pays. En 1932, il devient même entraîneur-joueur de la sélection qui faisait auparavant appel à des sélectionneurs autrichiens ou hongrois. Cette expérience ne dure qu’un an mais il reprend ce rôle en 1938, le temps de deux défaites contre la Lettonie et la Hongrie.

L’équipe lituanienne avant de disputer son match de qualification face à la Lettonie © IFFHS

La Lituanie a l’occasion de tenter de se qualifier pour la première fois pour la Coupe du Monde en 1934. Au départ, la FIFA propose de former un groupe éliminatoire comprenant la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Pologne et le Danemark. Cependant, suite à la prise de Vilnius en 1920, la Lituanie et la Pologne n’entretiennent plus de relation diplomatique. Il est donc décidé que la Lituanie jouerait contre la Suède et l’Estonie. Le premier match éliminatoire de l’équipe nationale se déroule ainsi le 29 juin 1933 à Kaunas devant 6 000 spectateurs. Marcinkus est capitaine. La Suède est néanmoins la plus forte et s’impose 0-2. Ces mêmes Suédois ayant déjà battu l’Estonie, il est décidé de ne pas jouer le match Lituanie-Estonie. Il faut ainsi attendre encore quatre ans à Marcinkus pour honorer son second rendez-vous avec la Coupe du Monde. A Riga en 1937, le toujours capitaine ne peut empêcher une nouvelle défaite 4-2 (il est absent du match retour qui voit la Lettonie s’imposer 1-5 à Kaunas). Son aventure avec l’équipe nationale prend fin avec une défaite contre l’Estonie en juin 1938, à l’occasion d’un match au cours duquel il n’endosse que la casquette d’entraîneur. Considéré comme un des meilleurs joueurs lituaniens de l’époque, Marcinkus écrit des articles à propos du football et devient une célébrité locale. Son palmarès compte trois titres de champion de Lituanie et deux Coupes de la Baltique.

Militaire, aviateur et héros de guerre

Parallèlement au football, Romualdas Marcinkus poursuit son instruction militaire, grimpe les échelons et devient pilote. En 1933, il épouse Aleksandra Lingyte, qui est également une célébrité sportive, mais dans le basket. Il ne cesse de s’instruire, devient parachutiste instructeur et participe à des shows aériens. Son expertise en aviation est reconnue et lui vaut d’être invité à un vol transeuropéen d’une durée de 25 jours et visitant douze capitales à bord d’un ANBO 41, un avion de construction lituanienne. Il est accueilli avec ses quatre copilotes par Mussolini. Le retour au pays est triomphal mais marque paradoxalement le début du déclin pour Marcinkus. Le sport semble plus l’intéresser que la vie militaire, il accumule des dettes et ses blessures mettent fin à sa carrière de footballeur. Dépressif, il est écarté du corps actif de l’armée. La déflagration planétaire de la Seconde Guerre mondiale va lui permettre de redonner un sens à sa vie.

© kam.lt

Le 30 novembre 1939, débute la Guerre d’Hiver. L’URSS entame une invasion massive de la Finlande peu après l’échec de négociations visant à créer une zone tampon pour protéger la ville de Leningrad d’une attaque venue d’Allemagne. Selon les clauses secrètes du pacte germano-soviétique, la Finlande fait en effet partie de la sphère d’influence soviétique. Contre toute attente, l’invasion est un désastre militaire pour l’Armée Rouge. Les carences militaires d’une armée décapitée par les purges de Moscou s’étale au grand jour face à une courageuse Finlande. Au niveau international, l’effet sur l’image de l’URSS, déjà écornée par le coup de couteau porté dans le dos de la Pologne, est désastreux. La petite Finlande s’attire, elle, la sympathie et une reconnaissance internationale. De nombreux volontaires viennent lui prêter main forte, comme le futur acteur Christopher Lee mais aussi Romualdas Marcinkus, qui se joint aux Finlandais comme nombre de ses concitoyens, et ce même si la Lituanie affiche une stricte neutralité durant le conflit. Il semble cependant que notre homme soit arrivé trop tard pour participer aux combats. Le Traité de Moscou, signé le 12 mars 1940, met un terme aux hostilités. Marcinkus rejoint alors la France pour s’engager dans l’Armée de l’Air, son rôle durant le conflit franco-allemand restant inconnu. Il est démobilisé le 12 août 1940. Durant cette période, les 15 et 16 juin 1940, 500 000 soldats soviétiques franchissent les frontières des pays Baltes et mettent fin à l’indépendance des trois nations.

Marcinkus rejoint Liverpool en octobre 1940 et devient un pilote de la RAF le 24 décembre 1940. Il est obligé de se rajeunir de trois ans pour pouvoir incorporer l’armée britannique. Durant sa période de formation, il démontre son habileté et est transféré au No. 1 Squadron de la RAF, engagé dans des missions de combats de nuit particulièrement dangereuses. L’ancien joueur croit encore au retour de l’indépendance de la Lituanie et échafaude des plans pour sauver son pays qui est – hélas! – déjà condamné.

Le 11 février 1942 les Allemands débutent l’opération « Cerberus » qui consiste au repli en Mer du Nord de deux croiseurs de bataille, le Scharnhorst et le Gneisenau et du croiseur lourd Prinz Eugen, qui sont alors basés dans le port de Brest, en passant par le chemin le plus court, la Manche, pour rejoindre le nord de l’Allemagne et le port de Wilhelmshaven. Pris de surprise et gênés par le brouillard, les batteries côtières britanniques tirent à l’aveuglette. Tardivement prévenue, la RAF engage 650 avions et en perd 42. L’avion de Marcinkus est abattu en attaquant le Scharnhorst. Il est sauvé des eaux par les Allemands.

Prisonnier de guerre

Devenu prisonnier, Marcinkus est envoyé au Stalag Luft III, situé prés de Zagan, en Pologne. Ne restant jamais inactif, il est associé à un événement popularisé par le cinéma via le célèbre film « La grande évasion » avec Steve McQueen et Charles Branson (de son vrai nom Charles Dennis Buchinsky, version américanisée de Karolis Dionyzas Bučinskis, fils d‘un émigré de la région d‘Alytus). Autour d’un groupe de prisonniers baptisé « comité X » commandé par le pilote britannique Roger Bushell, un plan d’évasion de grande envergure est mis en place. Dans la nuit du 24 au 25 mars 1944, 200 prisonniers parviennent à prendre la fuite via un tunnel creusé à une vitesse record à partir d’un baraquement pour déboucher dans une forêt. Marcinkus apporte une aide précieuse à la mise en place de l’évasion. Ses qualités, comme la connaissance des langues, dont l’allemand, sont jugées précieuses. Il compile notamment de précieuses informations sur les chemins de fer allemands qui doivent être utilisés par les fugitifs, participe à l’élaboration de faux documents et parvient à soutirer aux Allemands des informations pouvant s’avérer utiles.

Marcinkus est l’un des premier à s’échapper. Il doit, avec trois compagnons, se faire passer pour un groupe de travailleurs lituaniens retournant au pays. Le but est de prendre un train jusqu’à Danzig (Gdansk) pour ensuite gagner la Suède, neutre lors du conflit. Malheureusement, les fugitifs sont repris à Schneidemühl le 26 mars. Marcinkus est remis à la Gestapo de Danzig et exécuté comme cinquante autres fugitifs sur ordre direct d’Hitler pour sanctionner l’humiliation subie par les Nazis. En 1947, 18 des auteurs de ces exécutions sont jugés à Hambourg. Treize d’entre eux sont condamnés à mort.

Sous l’emprise soviétique, la Lituanie ignore plusieurs décennies durant le parcours de Romualdas Marcinkus. Sa mémoire survit néanmoins au sein de la diaspora, et il faut attendre le rétablissement de l’indépendance du pays pour que l’ensemble de ses compatriotes puissent avoir accès à son histoire. Les Britanniques honorent sa mémoire à Vilnius en 2001, sa famille recevant la Croix de Guerre pendant qu’un escadron de jets Harriers traverse le ciel lituanien. Sous le titre « Le Capitaine ouragan, » un livre et un reportage viennent le consacrer en 2004 au panthéon des héros lituaniens.


Viktor Lukovic

Image à la Une © yrasalis.lt

Le football dans les RSS #34 – la Lituanie : Romualdas Marcinkus
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Le football dans les RSS #35 – la Lituanie : Le football depuis l’indépendance

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A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous poursuivons en ce début d’année avec la septième : la Lituanie. Episode 35: Le football depuis l’indépendance


Lire aussi : Le football dans les RSS #34 – la Lituanie : Romualdas Marcinkus


Le championnat lituanien reprend vie en 1990 après quasiment un demi-siècle d’occupation soviétique. Les clubs qui ont disputé les championnats d’avant-guerre à partir de 1922 ont été liquidés soit par les nazis, comme le KSS Klaipeda en 1940, d’autres comme le Kovas Kaunas, le LFLS Kaunas ont été liquidés en 1945 lors du retour des Soviétiques. Autre changement, et il est de taille, le pouvoir soviétique a rétrocédé à la Lituanie sa capitale historique, Vilnius et donné ainsi involontairement au pays son meilleur club, le Zalgiris Vilnius. Cependant, entre problèmes économiques, désertion des stades par les spectateurs, scandales et amateurisme, les difficultés sont énormes pour le football lituanien qui est relégué dans l’ombre du basket – qui est et restera toujours le sport roi en Lituanie.

Genèse

Le championnat se forme en additionnant le Zalgiris Vilnius qui joue le top 5 en URSS, deux clubs évoluant dans les divisions nationales inférieures, l’Atlantas Klaipeda et l’Inkaras Kaunas et des équipes disputant le championnat de la république soviétique de Lituanie. L’équipe souffrant le plus est bien entendu le Zalgiris Vilnius qui passe des confrontations contre les cadors du championnat soviétique à des quasi-terrains vagues devant 100 spectateurs. Les meilleurs éléments vont donc vite partir monnayer leur talent à l’étranger. Le club se basera essentiellement sur son centre de formation performant pour renouveler son équipe, faute d’argent, de médiatisation et de perspective dans un championnat à l’image du pays où tout est à reconstruire après le cauchemar soviétique.

Sportivement entre 1990 et 1999 le Sirijus Klaipeda, Zalgiris Vilnius, Ekranas Panevezys, ROMAR Mazeikiai, Inkaras Kaunas, Kareda Siauliai et FBK Kaunas se succèdent pour cueillir les lauriers de champions. FBK Kaunas remporte ensuite tout les titres jusqu’en 2007 (exception faite de 2005 où Ekranas s’impose). Ekranas rafle tout entre 2008 et 2012, Zalgiris tout depuis 2013, avant que Suduva ne vienne à la surprise générale remporter le titre cette saison. Une constante, en dehors de Suduva et Zalgiris plus aucun des anciens champions n’existe aujourd’hui et encore, Zalgiris revient de l’enfer.

Les débuts

Organisé sous la forme d’un championnat se déroulant sous la forme d’une coupe, le Sirijus Klaipeda devient à la surprise générale le premier champion lituanien en 1990. Le Zalgiris rétablit la logique pendant deux saisons avant de pratiquement finir second chaque année pendant dix ans ! Romar Mazeikiai,Inkaras Kaunas, Kareda Siauliai dament le pion au club de Vilnius, mais ce sont des géants aux pieds d’argiles dont la gloire est éphémère. Illustrons cette réalité par le cas du Romar Mazeikiai , fondé en 1947 et portant le nom d’Atmosfera Mazeikiai, le club est renommé en 1992 ROMAR Mazeikiai, ROMAR venant du nom de Romas Marcinkeviciaus investisseur principal du club. Le club se renforce fortement (Tomas Kancelskis, Saulius Mikalajunas, Vidas Dancenkas, RaimondasZutautas) et créée un intérêt incroyable à Mazeikiai (un Romar – Zalgiris rassemble 10.000 spectateurs en 93), mais également en déplacement où le club qui reçoit est assuré de faire la meilleure assistance de la saison. Cependant, Romas Marcinkevicius est un personnage trouble, qui a fait fortune à la chute de l’URSS, entretenant des liens avec la mafia locale. Au bout de trois ans, il quitte la Lituanie pour partir s’installer aux USA et abandonne le club qui doit repartir en D4.

Sirijus Klaipeda disparait lui en 1996 et est intégré à l’Atlantas Klaipeda. Inkaras Kaunas survivra jusqu’en 2003 et le Kareda Siauliai est déplacé à Kaunas en 2000 et disparait en 2003. Faute d’argent, les clubs sont bien souvent le jouet d’un nouveau riche qui au bout d’un moment lassé le jette à la poubelle. L’instabilité est totale et seul le Zalgiris Vilnius se montre stable, mais sa situation ne cesse de se dégrader à l’image de son stade qui tombe littéralement en ruine. Les disparitions de ces différents rivaux ne lui permettront pas de retrouver le succès, le FBK Kaunas devenant pour un bon bout de temps le leader quasiment incontesté du championnat.

Les années FBK Kaunas (1999-2007)

Évoluant sous le nom de Banga Kaunas à l’époque soviétique, le club change de nom en 1993 pour devenir le Kauno Futbolo Beisbolo Klubas. Ce changement de nom correspond au début du sponsoring par l’ Ūkio bankas et de son sulfureux propriétaire Vladimir Romanov.

Vladimir Romanov est né en Russie et suit son père militaire en Lituanie. Suite au décès de son père à l’âge de 16 ans, il apprend rapidement à gagner de l’argent et lors de l’indépendance retrouvée du pays fonde la première banque privée de Lituanie : Ūkio bankas. Il diversifie ses investissements (aluminium, télévision, immobilier, textile…) et étend son empire en Russie, Ukraine, Belarus, Serbie, Bosnie. Romanov devient rapidement multimillionnaire. Il prend donc contrôle du club de Kaunas sans vraiment y investir beaucoup au début, mais à partir de 1999 le club accumule les titres en recrutant les meilleurs joueurs lituaniens. Les joueurs étrangers sont  alors rarissimes dans le championnat lituanien. Si le club règne quasiment sans partage sur le championnat local, il ne brille pas sur la scène européenne.

En 2005, le FBK à néanmoins l’honneur de mener à Kaunas  via Giedrius Barevicius contre Liverpool pendant six minutes avant que Djibril Cissé, Jamie Carragher et Steven Gerrard ne viennent glacer l’assistance. À partir de 2006 le club commence à recruter des étrangers et de plus en  plus au fil des années. En 2008 le club recrute l’entraineur portugais José Couceiro, coup de génie ! Après avoir logiquement corrigé Santa Coloma, Kaunas doit affronter les Glasgow Rangers. Personne ne mise un litas sur les hommes de Couceiro…À Glasgow, FBK parvient à obtenir un match nul et vierge  déjà miraculeux, mais le meilleur est encore à venir. Au retour, Kevin Thompson ouvre le score pour les visiteurs à la 33e. Les Écossais pensent avoir fait le plus dur, mais vont tomber de haut. Nerijus  Radzius expédie un coup franc magistral dans la lucarne d’Allan McGregor juste avant la pause, et Linas Pilibaitis est à la réception d’un corner de Rafael Ledesma pour expédier d’une tête rageuse le ballon au fond des filets écossais ! Signe que les temps ont changé 7 joueurs étrangers figurent sur la feuille de match pour Kaunas en ce soir du 5 aout 2008. Le club se met alors à rêver de Champions League, mais Aalborg vient briser le rêve. Reversé en Europa League, ce sera la Sampdoria d’Antonio Cassano qui vient mettre un terme au rêve européen. José Couceiro jouit alors d’une énorme popularité et se voit nommer entraineur de l’équipe nationale lituanienne, il passera ensuite entre autres par Gaziantepspor, le Sporting Portugal, Lokomotiv Moscou…

Paradoxalement, cette belle campagne européenne est le chant du cygne pour le FBK Kaunas. Le club ne finit que deuxième du championnat local, distancé largement par Ekranas Panevezys. En conflit perpétuel avec la fédération, Romanov décide de faire descendre le club en D3 ! Il oblige, et ceci dans le but de saborder complètement le championnat, Atlantas Klaipeda qui ne survit que grâce aux joueurs prêtés par Kaunas à faire de même. Le club remonte en deux ans en D1 en remportant 46 de ses 47 matchs de championnats disputés durant cette période. Mais alors que Romanov pense pouvoir revenir en Dieu tout puissant, la réalité va commencer à rattraper l’homme tout puissant de Kaunas. Les problèmes arrivant il délaisse le club qui disparait et sera refondé de façon éphémère par ses ultras.

Outre son empire économique, Romanov s’est créé un empire sportif. En 2005 il prend possession du club écossais de Heart of Midlothian (à qui le FBK prête des joueurs tels Roman Bednář, Edgaras Jankauskas, Bruno Aguiar, Andrius Velička, Nerijus Barasa ou encore Marius Žaliūkas). Par la suite ce sera le club biélorusse du MTZ-Ripo Minsk rebaptisé Partizan Minsk et en 2009 le club de basket du Zalgiris Kaunas, club numéro un du sport numéro un en Lituanie. Plus rien ne semble pouvoir arrêter l’homme qui compte même se présenter à l’élection présidentielle, mais la commission électorale lui refusera l’accès au scrutin, n’étant pas né en Lituanie. Tout s’écroulera avec l’effondrement de la Ūkio Bankas. La vérité apparait au grand jour, les clubs que possède Romanov sont criblés de dettes et Romanov s’enfuit (probablement en Russie) pour échapper à son arrestation. Il est actuellement toujours recherché…

Le championnat perd donc une force vive et les choses ne s’arrangent pas, un autre leader doit mettre la clef sous le paillasson peu après, car quasi au même moment le Zalgiris Vilnius s’effondre. Son propriétaire Vadim Kastujev est arrêté à Moscou et le club tombe en faillite. Il est sauvé par ses supporters qui créent un nouveau club pour repartir en D2. Dans le même temps, l’exotique FC Vinius est relégué.  Son propriétaire, Algimantas Breikštas qui a fait fortune dans l’industrie laitière, décide de faire du business dans le football en allant acheter de jeunes Brésiliens inconnus dans le projet de les revendre avec une plus-value. Il se rend lui-même au Brésil visionner des tournois de jeunes et trouvera un certain Paulinho (2006-2007 à Vilnius et aujourd’hui star à Barcelone ou encore Rodnei qui évoluera ensuite à Kaiserslautern, RB Salzbourg ou Munich 1860. Cependant, ramener de très très jeunes Brésiliens dans un championnat physique n’est pas une réussite et les problèmes financiers vont arriver entrainant la relégation du club et sa disparition.

Le championnat lituanien est alors complètement décapité. L’instabilité règne en maitre. Durant cette période, l’anglais Adebayo Akinfenwa débarque à l’Atlantas Klaipeda en 2001. Surnommé « « The Beast » pour son physique impressionnant, son retour  dans la presse occidentale sur cette période de sa vie des années plus tard et la sortie de son livre sobrement intitulé « The Beast » sera surtout marqué par les remarques sur le racisme des supporters à son égard.

Ekranas (2008-2012)

Profitant de cette situation Ekranas Panevezys devient le nouveau monstre du championnat. D’autant plus que rapidement son opposant principal le FK Vetra fait lui aussi faillite. Fondé en 1996, le FK Vetra Rudiskes gravit rapidement les échelons du football lituanien. Son propriétaire Romas Stasauskas, basé initialement dans la petite ville de Rudiskes (15 au sud de Trakai), lui permet d’accèder à la première division en 2003 et déménage à Vilnius. Le club prend possession du stade Lokomotyvas qu’il reconstruit et renomme Vetra tout simplement. Il attire des joueurs lituaniens confirmés comme Aidas Preikšaitis, Darvydas Šernas, Donatas Vencevičius ou Algis Jankauskas. Cependant, en 2009, Romas Stašauskas fait face à des difficultés financières et cède le club à de nébuleux investisseurs russes qui ne payent plus rien et le club disparait à son tour.

Profitant de la faiblesse d’un championnat qui doit sans cesse faire monter des équipes de D2 pour combler les trous, c’est presque avec joie qu’Ekranas voit le nouveau Zalgiris revenir en D1 pour pimenter un peu un championnat bien insipide. Atlantas Klaipeda remonte lui aussi de l’enfer et Suduva est l’équipe stable. Ce sont ces équipes qui vont animer cette période, avec Ekranas qui finit toujours premier à la fin. Cependant, des problèmes financiers vont commencer à être évoqués et à partir de 2013 Ekranas n’a plus les moyens de lutter pour le titre et au bout de deux ans est déclaré en faillite. Les supporters ont recréé un club actuellement en D2.

Zalgiris Vilnius (2013-2016)

Ekranas disparu, la voie royale semble tracée pour Zalgiris. Cependant, un autre club revit également : l’Atlantas Klaipeda. Le russe Konstantin Sarsania prend en main la gestion du club (voir notre portrait). Atlantas se renforce avec des Lituaniens chevronnés et tient tête à Zalgiris jusqu’à la dernière journée, mais un nul inexplicable contre la modeste équipe de Banga Gargzdai offre le titre à Zalgiris. Zalgiris par la suite reste constant, engrange les titres et acquiert les meilleurs joueurs lituaniens en ajoutant des étrangers d’un niveau supérieur à la norme lituanienne. Atlantas ne parviendra par la suite plus à tenir la cadence. Le club investit dans des jeunes lituaniens et russes (Gertmonas, Panyukov, Maksimov …) qui sont vendus à des moments pas toujours opportuns pour assurer une continuité sportive.

Une nouvelle force apparait également, le FK Trakai promu en 2014, également détenu par un riche investisseur. Faute de stade conforme le club émigre à Vilnius pour jouer devant 200-300 spectateurs…Affichant un effectif de qualité, mais souvent limité en quantité le club est actuellement un pilier du championnat lituanien avec l’ambition de jouer l’Europe chaque année, mais se baser sur un mécène unique a déjà souvent mené au désastre comme nous l’avons vu. Suduva club assez stable et ne faisant pas de folie vient compléter le tableau des prétendants. Néanmoins ni Trakai, ni Atlantas, ni Suduva ne sont en mesure d’empêcher le Zalgiris Vilnius d’aligner quatre titres consécutifs.

Suduva 2017

Le scénario semblait écrit à l’avance et conforme aux saisons précédentes : Žalgiris champion sans souci, une bataille Atlantas, Sūduva, Trakai pour l’Europe et une lutte pour la survie pour les autres.


Lire aussi : Suduva, l’histoire en marche (retour sur le parcours des lituaniens en Ligue Europa cet été)


Et c’est effectivement ce qui se passe jusqu’à l’été et les joutes européennes où, dans le sillage des beaux parcours de Sūduva et Trakai, on assiste à une redistribution complète des cartes. Žalgiris sans âme et méconnaissable s’effondre complètement et se fait dépasser par Sūduva , qui démontre lors de leurs deux confrontations directes qu’elle est bien l’équipe la plus forte et remporte méritoirement le championnat. Atlantas perd son mentor, Konstantin Sarsania qui part au Zenit (et décède malheureusement de façon impromptue quelque temps après…) Utenis annonce dès la clôture de la saison  2017 son retrait de l’élite lituanienne, pas assez rémunératrice. L’inconnue est pour l’instant totale pour le nom du remplaçant, Žalgiris Kaunas à nouveau ? Le Vytis Vilnius (D2) aurait montré son intérêt, à suivre donc… Ce serait la seconde fois d’affilée que le Zalgiris Kaunas serait relégué et ne descendrait pas, un peu comme un symbole des problèmes d’un championnat en quête perpétuelle de stabilité.


Viktor Lukovic

Le football dans les RSS #35 – la Lituanie : Le football depuis l’indépendance
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On a discuté avec Etienne Mukanya, un Bruxellois en Lituanie

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En quête d’un buteur pour combler  le départ de Maksim Maksimov au Vardar Skopje dans des conditions rocambolesques, le joueur russe ayant signé en Macédoine sans accord du FK Trakai, le club a jeté son dévolu sur un jeune belge au parcours étonnant. Rencontre avec Etienne Mukanya qui a déjà beaucoup de choses à raconter.

Quel est ton parcours ?

Je suis né à Kinshasa et ma famille est arrivée en Belgique quand j’avais quatre ans. J’ai grandi à Evere et j’ai appris à taper le ballon dans la rue. J’ai commencé en club assez tard en fait, à l’âge de 14 ans je me suis affilié à la RUSAS de Schaerbeek. Je venais de nulle part donc je jouais avec l’équipe C au tout début puis, comme je me débrouillais bien, j’ai rapidement été surclassé et, au bout de trois saisons, j’étais en transition entre la réserve et l’équipe première. Mais le club a fusionné avec d’autres clubs de Bruxelles donc  je devais changer de club. Initialement, ma destination était le FC Brussels, mais quand je m’y rends,  le secrétariat me dit que l’entraîneur ne pourra me tester que la semaine suivante et ça allait être limite niveau timing pour la période des transferts, donc via un ami j’appelle un entraîneur de l’Union, ils me font passer directement un test, qui est concluant, et voilà ; je me retrouve à l’Union Saint Gilloise…

Tu te débrouilles bien à l’USG, mais tu n’arrives pas à percer en équipe première.

Non, j’étais considéré comme un joueur de la réserve pendant deux ans et la troisième année j’étais considéré comme un joueur de la première. En fait, c’est Drazen Brncic (au RWDM aujourd’hui, NDLR.) qui me repère et me fait monter dans le noyau A. Il croit en moi. Problème, il est remplacé par Marc Grosjean pour qui je suis un choix qu’on lui a imposé. Il me remet en équipe réserve à la base pour deux semaines, je n’avais rien fait de mal, mais n’importe qui l’aurait ressenti comme une punition. Les deux semaines deviennent définitives, sans explications. Je ne lâche rien et je donne tout en réserve, je marque 25 buts et fait 18 assists, on en fait une vidéo qui va entre autres me permettre de me faire remarquer par Trakai.

Il me semble que tu es très croyant, c’est bien ça ?

Oui, je suis quelqu’un de très croyant. Je sais qu’il y a une force au-dessus. Je dis merci à Dieu de me mettre sur la bonne voie. Je veux accomplir de belles choses. Je veux être un exemple. Ce n’est pas juste jouer au football, je veux être une belle personne qui apporte quelque chose aux autres. Je tiens vraiment à remercier les gens de l’Union, Roger Hénuset, José Menacho, Gustavo Lopez. Au moment où j’étais en réserve, ils étaient derrière moi et m’ont toujours soutenu. Si je passe pro aujourd’hui c’est aussi un peu grâce à eux !

Puis, tu pars en Angleterre.

Oui, en fait un ami parle de moi à un agent anglais et on le rencontre au Sheraton, avec mes parents. Ce n’est pas évident parce que personne ne parle anglais à l’Union à part le président Jurgen Baatzsch donc ça traîne un peu. Ça a pris du temps et en plus, j’étais étudiant à l’EPHEC, en commerce  extérieur, donc j’ai préféré passer mes examens en juin avant d’aller en Angleterre. C’était un choix personnel. J’ai été faire un test au Grays Athletic FC, au nord de Londres ( Isthmian League), mon style leur a plus et j’ai signé là-bas.

Comment décrirais-tu ton style de jeu ?

De base, je suis surtout un flanc offensif et pas vraiment un attaquant de pointe, mais je peux jouer à tous les postes offensifs. Mes qualités principales sont la vitesse, la percussion, la puissance, et ma technique apprise dans la rue.

Cela ce passe comment ?

Le bilan n’est pas excellent. Je me blesse aux ischios fin octobre et j’ai été absent trois mois. Le club a transféré un joueur pour me remplacer et quand j’étais rétabli je ne jouais que des bouts de matchs. J’avais bien commencé la saison, des clubs, comme Crystal Palace, étaient venus me visionner, mais comme je me suis blessé et qu’après ça je ne jouais plus beaucoup, il n’y avait plus  d’intérêt. En plus, le club descend et n’a forcément plus trop d’argent, donc à la fin de la saison je me retrouve sans rien… Je n’avais pas de famille pour m’héberger à Londres donc je rentre en Belgique, j’ai besoin de jouer et de me faire un nom et un statut. Heureusement mon équipe d’agents m’a vraiment bien entouré. Je dois vraiment les remercier parce qu’ils m’ont soutenu quand je n’avais rien et, grâce à eux, je deviens pro et je vais jouer la coupe d’Europe. C’est formidable !

Comment te retrouves-tu à Trakai ?

Mes agents étaient en contact avec le club, ils ont plusieurs joueurs au club et ils m’ont proposé. En fait, j’étais venu au mois d’août 2017, le club était déjà intéressé, mais administrativement c’était trop tard pour qu’ils m’engagent. Je suis revenu en Lituanie le 5 janvier, j’ai joué deux matchs amicaux, passé les tests médicaux et voilà.

Trakai, Lituanie

© http://www.fkt.lt/

Connaissais-tu la Lituanie ?

Je ne connaissais absolument rien, je ne pouvais même pas situer le pays sur une carte. Mais là, je suis heureux. C’est un pays qui me plait bien, les gens sont cools. Évidemment on voit bien qu’ils ne sont pas habitués à voir des Africains, mais il n’y a aucun souci, c’est de la curiosité. J’habite un appartement dans le centre de Vilnius, à proximité des terrains d’entrainement  donc c’est très pratique. J’ai appris l’anglais réellement lors de mon passage là-bas, pas à l’école où j’étais pourtant bon élève. Donc pour m’exprimer pas de soucis non plus. Dans le vestiaire , ça parle lituanien, russe et anglais. La plupart parlent anglais et il y en à qui jouent les traducteurs pour ceux qui ne comprennent pas. Tout se passe bien !

Trakai joue très bien au football, la philosophie du coach (Oleg Vasilenko qui a été assistant de Guus Hiddink à l’Anzhi, NDLR.) est de jouer avec le ballon au sol, de privilégier le jeu en mouvement, avoir la possession du ballon. J’aime vraiment notre style de jeu. Après je ne connais bien entendu pas encore les autres équipes. J’avais vu en été un Zalgiris – Trakai et franchement techniquement cela valait un match de D1 belge, avec moins de public…

Il y a un joueur connu dans le noyau de Trakai en la personne de Diniyar Bilyaletdinov.

Il a les yeux dans le dos, il sent les appels, il a le football en lui. Il a joué à Everton, dans les grands clubs russes, en sélection, mais il est très humble. C’est un cadre du vestiaire bien entendu, mais il est très poli, très calme, discret… Il a joué dans de grands clubs, mais il ne snobe personne, c’est un Monsieur !

Quelles sont les ambitions de Trakai ?

Aller le plus loin possible en coupe d’Europe, le championnat c’est un peu compliqué avec le Zalgiris qui est peu le monstre national. Moi je dois marquer des buts ! J’ai signé un contrat de cinq ans, parce que le club croit en moi et aussi parce qu’avec l’affaire Maksimov ils veulent bétonner les contrats des joueurs. Après, il est clair entre le club et moi que le but est d’essayer de me mettre en valeur pour partir dans un plus gros club par la suite.

Percer au plus haut niveau est ton ambition. Si tu pouvais atteindre le niveau international, quelle serait ta préférence ?

Je suis très reconnaissant pour l’accueil que la Belgique a réservé à ma famille en 1999, mais je choisirais la RDC. Les choses ne vont pas super bien là-bas tant au niveau politique qu’économique. Il faut que les gens qui en ont les possibilités se battent pour leur patrie. C’est vraiment très important.

Viktor Lukovic


Image à la une : © http://www.fkt.lt/

On a discuté avec Etienne Mukanya, un Bruxellois en Lituanie
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On a discuté avec Anthony Bakmaz, milieu de terrain du Kauno Zalgiris

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Loin de son Australie natale, Anthony Bakmaz vient de poser ses valises à Kaunas pour relever un nouveau défi. Une carrière déjà riche en découvertes après des passages en Croatie, Pays-Bas, Malte, Lettonie et maintenant dans un deuxième pays balte. Rencontre.

Que peux-tu nous dire de ta vie en Australie et de tes racines croates ?

Je suis né à Sydney de parents croates. Mon enfance était croate à la maison comme celle de la plupart des enfants venus de familles de ce pays. Je parle les deux langues parfaitement. J’allais à l’école et je jouais au football comme n’importe quel enfant normal en Australie. Plus je grandissais, plus le football devenait sérieux pour moi. J’avais vingt ans quand je suis allé pour la première fois en Croatie.

En 2013, tu pars donc en Croatie dans des petits clubs (Tresnjevka, Laduc).

Je suis parti m’entrainer en hiver avec une équipe de première division, le NK Zagreb (ndlr : le club a fait faillite et évolue désormais en D3). De là, j’ai eu envie de rester et de jouer au football en Croatie parce que j’ai apprécié l’expérience sur place et que je parlais déjà la langue. Je décide donc d’aller à Tresnjevka (D3) et de commencer mon parcours là-bas. Cela a été un grand apprentissage. J’ai dû composer avec des choses que je n’aurais jamais imaginées. Néanmoins, je suis content d’avoir joué avec de bons joueurs et d’avoir appris d’eux.

En 2015, tu pars pour l’Ajax amateur…

Les Pays-Bas sont un grand pays pour tout jeune footballeur. Ils accordent beaucoup d’importance à la technique et à la tactique. Bien que ce soit la troisième équipe, le coaching, les installations, les équipements, les terrains, le style de jeu étaient d’un très haut niveau. Je suis très heureux d’avoir passé une année à Amsterdam, qui est aussi une ville incroyable pour y vivre.

Anthony Bakmaz époque Ajax – Facebook

De là, tu rejoins St Andrews FC à Malte.

Je cherchais quelque chose de plus après Amsterdam. Je voulais jouer dans une équipe de première division. J’ai passé un test qui s’est très bien déroulé. Après six mois, je ne me sentais pas progresser à Malte et je n’étais pas très heureux avec tout ce qui ce passait et j’ai eu envie de partir et là j’ai eu la chance de joindre Jelgava.

Comment atterris-tu en Lettonie ?

La façon dont je rejoins Jelgava est assez intéressante. J’étais à Malte en train de préparer un match contre La Valette quand mon agent m’appelle et me dit que je dois être à Riga dans les 72 heures pour un match contre Ventspils. La situation était un peu risquée parce que si je ne signais pas avec Jelgava, je me retrouvais sans club et en même temps je ne voulais pas laisser la chance de jouer dans une plus grande équipe. En 30 minutes, je me suis arrangé avec St Andrews. Je ne voulais plus jouer pour eux et j’avais un billet pour Riga. Mon expérience à Jelgava a été fantastique. J’adorais jouer devant nos supporters. Malheureusement, nous ne leur avons pas donné beaucoup de victoires. Sur le plan personnel, j’ai joué beaucoup de matchs et grandi énormément comme joueur et personne.

Mais en 2018, tu rejoins la Lituanie et le Zalgiris Kaunas…

Tout est allé très vite. Je reviens de vacances et je suis prêt à jouer pour Jelgava. Andrius Velika (directeur sportif du Zalgiris qui depuis a démissionné) m’appelle pour le rencontrer à Kaunas. Sur le trajet jusqu’à Kaunas, je me disais que je perdais mon temps et que j’étais certain de vouloir être à Jelgava cette saison. Je ne suis resté que quelques heures à Kaunas. J’ai rencontré le coach, Mindaugas Cepas et Linas Pilibaitis (joueur du Zalgiris Kaunas, qui a marqué le but du FBK Kaunas éliminant les Rangers). J’ai discuté avec Cepas de sa vision du football et des ambitions pour la saison suivante. Sur le chemin du retour à Riga, j’étais certain de vouloir devenir joueur du Zalgiris Kaunas. J’ai discuté avec des joueurs lituaniens qui jouent en Lettonie, Mindaugas Grigaravicius, Evaldas Razulis et Rytis Leiluga de tout cela et j’ai pris ma décision encore plus facilement et maintenant je suis très heureux d’être à Kaunas !

De nombreux joueurs de Jelgava vont jouer en Lituanie cette saison. Comment expliques-tu cela ? Tu es toujours en rapport avec certains d’entre eux ?

Comment expliquer cela ? Je ne saurais pas dire. Je pense que du point de vue d’une carrière, nous avons franchi une étape en venant en Lituanie. Je suis très ami avec Gints Freimanis qui est maintenant à Atlantas. Je pense que cela va être très intéressant de se retrouver sur le terrain ! Même chose avec Kler Heh qui est à Jonava. Nous étions très proches à Jelgava. C’est un joueur talentueux. Je pense que le football lituanien va mieux lui convenir que le football letton.

La saison 2017 de Jelgava à été mauvaise. Tu l’expliques comment ?

C’est une question que je me pose moi-même. Beaucoup de gens me le demandent, mais honnêtement je ne sais pas quoi répondre. Si je dois pointer quelques éléments, les blessures, les conditions d’entrainement étaient des choses qui n’allaient pas.

©Raitis Supe Photo / facebook.com / Anthony Bakmaz

Jelgava a rencontré Ferencváros en Ligue Europa. Un grand moment ?

Un rêve qui devient réalité ! Enfant, je regardais la Coupe UEFA à la télévision et finalement y participer est quelque chose de génial. Ce qui n’était pas génial en revanche, c’était notre prestation. Nous n’étions tout simplement pas assez forts. Ils étaient très bien organisés avec de bonnes individualités. Tactiquement nous étions extrêmement pauvres…

Ton opinion sur le football letton ?

Très direct, physique, pas mal de bons joueurs techniques, mais à certains niveaux, ils sont bloqués dans le passé…

Comment était ta vie à Jelgava ?

Géniale ! Jelgava est une petite ville tranquille. J’ai vraiment beaucoup apprécié. J’ai appris à parler letton, rencontré ma copine et plein de gens cools, ce qui a rendu ma vie très facile. J’aime vraiment beaucoup Jelgava et la Lettonie.

A Jelgava, tu as joué avec Rafael Ledesma, qui est très connu dans le football lituanien (ndlr : joueur majeur du FBK Kaunas de la grande époque)…

Je ne réalisais pas du tout qu’il était connu en Lituanie avant de venir à Kaunas. Rafa est talentueux et très doué techniquement. Il m’a beaucoup aidé sur le terrain. C’est vraiment une chouette personne avec qui je parle encore. Nous avons passé beaucoup de temps en dehors du terrain à Jelgava. Ça ne me dérangeait pas de courir pour lui pour récupérer le ballon, car c’est un magicien (sourire).

Le Zalgiris Kaunas était normalement relégué en fin de saison. La place de l’équipe en D1 n’a été confirmée que tardivement. Tu n’as jamais douté ?

Pas du tout. J’étais très confiant sur le fait que nous allions réussir à garder notre place en A-Lyga.

Quelle est l’ambition du club cette saison ?

L’ambition est d’être dans les quatre premiers. Aussi simple que ça !

Qu’est ce que tu peux nous dire sur le Zalgiris Kaunas ?

Les terrains d’entrainement sont le FM Tauras et le centre NFA (centre de la Fédération). L’équipe commence doucement à se former. Je pense que le plus important est dans le fait de comprendre comment chacun d’entre nous joue. Nous avons engagé de très bons joueurs comme Pilibaitis, Mamaev, Snapkauskas et Sirgedas. À chaque entrainement, tout le monde vient dans la bonne humeur. Le coach est probablement le meilleur que j’ai jamais eu et cette pré-saison probablement la meilleure que j’ai effectuée. Le coach est quelqu’un pour qui j’ai envie de me battre, je n’ai jamais eu ce feeling auparavant.

Ton sentiment sur la ville de Kaunas ?

Je n’ai pas encore été beaucoup dans le centre. La plupart du temps nous avons entrainement deux fois par jour donc je rentre juste à la maison me reposer, cuisiner ou discuter avec des amis. Ma vue sera meilleure quand la neige sera partie !

La différence entre la Lituanie et la Lettonie ?

Les langues ! Je pense qu’il n’y a pas autant de gens qui parlent anglais ou russe en Lituanie.

Bakmaz

© Foto Tkatchiova / facebook.com/ FK Kauno Zalgiris

Personnellement, quelles sont tes ambitions ?

Je veux juste voir jusqu’où je peux aller dans le football, c’est quelque chose qui me motive et me porte. À quel niveau je ne sais pas, on verra. J’aime travailler dur tous les jours sur le terrain tout simplement !

Comment te décrirais-tu point de vue football ?

Je laisse les gens autour du terrain se faire une opinion…

Ton cousin est Anthony Seric (ancien international croate passé par Brescia, la Lazio, le Panathinaikos, Besiktas…), c’est bien ça ?

Il est la raison pour laquelle j’ai commencé le football ! Je le suivais quand j’étais jeune et je collectionnais ses maillots. Je tentais de faire des choses comme lui sur le terrain, comme des vilains cartons jaunes aussi. Il a eu une carrière brillante en étant pris dans la sélection pour trois Coupes du Monde, des matchs en Serie A, Ligue des Champions, Coupe UEFA. Pas mal, non ?

Nous remercions Anthony Bakmaz pour avoir pris le temps de répondre à nos questions et nous lui souhaitons bonne continuation avec le Kauno Zalgiris et dans sa carrière !

Viktor Lukovic


Image à la une : © facebook.com/ FK Kauno Zalgiris

On a discuté avec Anthony Bakmaz, milieu de terrain du Kauno Zalgiris
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Saison 2018: 5 espoirs du championnat estonien

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L’année 2017 a été riche en rebondissements en Premium Liiga. Le Flora Tallinn a beau avoir survolé le championnat une bonne partie de la saison, il n’a décroché son 11e titre que lors de l’avant-dernière journée du championnat. Alors qu’une nouvelle saison se prépare en Estonie, Footballski revient comme chaque année sur les cinq espoirs qui ont été présentés en 2017. Et dévoile sa sélection des cinq espoirs pour cette nouvelle année 2018.


A lire aussi: Saison 2017: 5 espoirs du championnat estonien


Retour sur les espoirs de 2017

Eduard Golovljov

Homme de base de l’équipe réserve du FCI Tallinn, pour laquelle il a encore marqué 20 buts en 24 matchs d’Esiliiga, la deuxième division, Golovljov a continué de voir son temps de jeu augmenter en équipe première cette année. Barré en pointe de l’attaque par les Voskoboinnikov et Prosa, il n’a néanmoins été que rarement titulaire, mais a réussi à marquer six buts en 22 apparitions. La marche est encore haute, et la fusion entre FCI et Levadia n’est pas pour l’aider. Barré par la concurrence de Kobzar, Hunt, Andreev et d’un certain Roosnupp au sein du nouveau FCI Levadia, Golovljov n’a pas été conservé par le club. Une bonne occasion pour signer au Trans Narva, un club qui a considérablement rajeuni son effectif, et où bénéficie de confiance, d’une place de titulaire, et donc d’un temps de jeu enfin élargi. Avec réussite pour le moment, puisqu’il a marqué deux fois lors des deux premières journées de Premium Liiga.

Golovljov dans ses œuvres ce week-end face au Nõmme Kalju.

Mark Oliver Roosnupp

Après une bonne année en prêt à Paide, on attendait de voir ce que Roosnupp allait pouvoir faire dans une équipe de tête. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas déçu ! Grâce à sa polyvalence, Roosnupp a rapidement gagné a place de titulaire au Levadia, que ce soit sur son aile gauche, à droite voire même dans l’axe. Auteur de dix buts malgré une petite période d’absence due à une blessure, l’ailier, déjà nommé troisième meilleures progression de l’année 2016 en Premium Liiga, a confirmé en 2017, et a été récompensé par ses quatre premières sélections lors de la tournée océanienne de l’équipe d’Estonie. Largement de quoi, déjà, briguer une place de titulaire régulier au sein de la grosse écurie FCI Levadia.

Markus Poom

A 18 ans à peine, le fils du grand Mart Poom a fait grande impression au sein de l’effectif du Flora Tallinn, avec lequel il s’est offert son premier titre national. Au point d’être nommé meilleur espoir de l’année en Premium Liiga. Si le jeune milieu axial n’a disputé qu’une moitié des matchs de son équipe en championnat, ses prestations ont à chaque fois été de très haut niveau. De quoi lui ouvrir, déjà, les portes de la sélection espoir, où il compte désormais trois sélections. Entre sa dernière année au lycée, ces sélections espoir et son temps de jeu grandissant au sein du Flora, l’automne a été chargé mais le jeune milieu de terrain y a fait face avec aplomb et talent. Avec le départ en Norvège de son capitaine Brent Lepistu cet hiver, Markus Poom devrait voir ses responsabilités augmenter encore cette année et devenir la pièce maîtresse de l’entre-jeu vert et blanc. Un sacré défi.

© Janek Eslon

Herol Riiberg

2017 a soufflé le chaud et le froid pour Riiberg. Souvent relégué en réserve du Flora Tallinn en première partie de saison, le jeune ailier a dû quitter pour la première fois son club formateur. Un mal pour un très grand bien. Parti au Viljandi Tulevik en prêt pour six mois, Riiberg a pris une toute nouvelle dimension. Utilisé exclusivement dans l’axe, en position de meneur de jeu, l’ailier de formation a brillé, portant quasiment à lui seul une jeune équipe en difficulté au classement, comme lors de son but décisif pour la victoire 1-0 de l’Avenir de Tulevik face au Levadia. Des prestations qui ont forcément attiré l’œil. Car en plus d’avoir connu ses premières sélections avec l’équipe d’Estonie espoirs, Riiberg a été élu meilleure progression de l’année, meilleure recrue de l’année, et figure dans la deuxième équipe type de l’année en Premium Liiga.

Magnus Villota

Comme chaque année, un de nos cinq espoirs est un pari un peu fou. Force est d’admettre que celui de Magnus Villota n’est pas une réussite. Après un hiver mouvementé, l’équipe de la ville de Pärnu a été entièrement reformée, sous un nouveau nom de Pärnu Vaprus. Des difficultés qui se sont traduites sur le terrain. Dernière du classement avec deux petites victoires, huit points au total, mais surtout 146 buts encaissés en 36 journées (un peu plus de quatre buts par match en moyenne), la lanterne rouge a sombré. Du haut de ses 19 ans, Villota a fait de son mieux en défense centrale, sans pouvoir empêcher ce naufrage à lui seul. Par bonheur, les rebondissements de fin de saison permettent au Pärnu Vaprus de rester en Premium Liiga. Villota pourra donc continuer sa progression dans l’élite cette année.


A lire aussi: 2017: un an de football en Estonie


Les espoirs de 2018

Mark Anders Lepik (Flora Tallinn – 17 ans – 10 septembre 2000)

© Janek Eslon

C’est normalement un pas de géant pour un jeune footballeur, mais une simple formalité pour Mark Anders Lepik. En arrivant au Flora Tallinn en janvier 2017, à 16 ans, ce jeune attaquant est passé du championnat U17 à l’Esiliiga (la deuxième division) puis la Premium Liiga en quelques semaines seulement avec une réussite insolente. Pour preuve, son premier but marqué dès sa première apparition en Premium Liiga. Capable de marquer du pied gauche comme du droit ou de la tête, « Lepa » a certes passé la majeure partie de son année en Esiliiga, mais a  pu grappiller du temps de jeu en équipe première, avec notamment une titularisation lors d’un match capital face au Levadia. Un énorme signe de la confiance placée en lui par Arno Pijpers, qui n’a pas hésité à replacer, avec bonheur, ce rapide ailier gauche dans l’axe de l’attaque. Un poste où l’on devrait revoir de plus en plus souvent ce joueur collectionneur de records de précocité : international U17 à 14 ans et U19 à 16 ans. En attendant de passer très bientôt chez les U21, et pourquoi pas un transfert à l’étranger pour celui que certains voient déjà comme le prochain Andres Oper.

Martin Miller (Flora Tallinn – 20 ans – 25 septembre 1997)

© Gertrud Alatare

Vingt ans à peine, et pourtant Martin Miller est déjà un habitué de Premium Liiga. Auteur de 86 apparitions avec le Tammeka Tartu, ce n’est pourtant qu’avec son transfert au Flora Tallinn l’an dernier qu’il explose. Habituel milieu défensif, poste auquel il honore ses première sélections juste avant son arrivée à Tallinn, Miller est reprofilé ailier gauche par Arno Pijpers dès sa première titularisation (face au Tammeka d’ailleurs). Avec une réussite immédiate, puisqu’il marque quatre buts dès ses six premières titularisations en championnat. Une réussite qui lance le désormais jeune ailier, qui ne quitte plus le onze de départ, à de rares exceptions près. Une situation facilitée par les blessures à répétitions du malheureux Maksim Gussev, mais que Miller met à profit de la meilleure des manières. Titré avec le Flora, ce dernier se voit nommé dans la deuxième équipe type du championnat, mais aussi deuxième meilleure progression de l’année (derrière Riiberg), et troisième meilleure recrue de l’année en Premium Liiga. Efficace, capable de jouer à tous les postes au milieu de terrain, Miller a, à même pas 21 ans, tous les atouts en main pour devenir un élément incontournable du Flora.

Märten Kuusk (Flora Tallinn – 21 ans – 21 avril 1996)

© fcflora.ee

A bientôt 22 ans, Märten Kuusk arrive à un âge limite pour être encore considéré comme un espoir, d’autant qu’il est aujourd’hui un joueur bien connu en Premium Liiga. Mais quel dommage ce serait de passer à côté de lui. Passé par le Rakvere Tarvas en Esiliiga, Kuusk n’a pas su s’imposer au Nõmme Kalju. Le Flora a flairé le bon coup et l’a fait signer en début de saison 2017. Une aubaine pour les deux parties puisque c’est avec ce club que la carrière de Kuusk explose réellement. Arrière droit de formation, ce dernier est bloqué par Gert Kams à ce poste, mais s’est trouvé à son aise dans l’axe. Combatif, solide dans les duels aériens (malgré un modeste 1,81m) mais également bon relanceur, notamment dans les phases de turn-over, Kuusk a rapidement gagné sa place de titulaire, malgré une blessure en seconde partie de saison. Avec le départ de Joonas Tamm cet hiver, le capitaine de la sélection espoirs devient cette année le patron de la défense axiale du Flora, mais également un des patrons du vestiaire auprès de son inamovible capitaine Gert Kams.

Mihkel Järviste (Tammeka Tartu – 17 ans – 28 mai 2000)

© EJL

Il est le principal espoir à suivre cette année du côté du Tammeka Tartu, club formateur par excellence en Estonie. Arrivé en équipe première à 16 ans seulement, le jeune milieu de terrain a connu l’an dernier une rapide progression, qui l’a amené à être à plusieurs reprises titulaire. Une marche difficile à franchir, l’équipe U21 du club n’évoluant qu’en Esiliiga B, la troisième division estonienne, mais qu’il a franchie avec succès, étant élu troisième meilleur espoir de Premium Liiga en 2017. A cause de son jeune âge, Järviste semble encore léger physiquement, mais sa vision du jeu et sa technique font merveille. Au point d’être comparé à Martin Miller par certains. Avec un avantage sur le joueur du Flora: Järviste peut jouer à tous les postes du milieu de terrain, à droite comme dans l’axe. Préservé par le staff de son club, il n’est encore que le remplaçant de Sander Kapper sur le côté droit du Tammeka. Mais si tout se passe comme espéré, nul doute que l’on verra Järviste devenir un homme de base du côté de Tartu en seconde partie de saison.

Marko Lipp (FCI Levadia – 18 ans – 19 mars 1999)

© esiliiga.ee

Un pur produit de la formation du Levadia Tallinn. Avec sa condition physique comme principal atout, Lipp s’est illustré avec toutes les équipes de jeunes de son club. Malgré une blessure au genou, le défenseur axial – qui peut également dépanner comme latéral tant à gauche qu’à droite – est parvenu à retrouver son meilleur niveau l’an dernier. Capitaine de l’équipe U21 du Levadia, qui évolue en Esiliiga, Lipp attend son heure en Premium Liiga. Conservé dans l’effectif du FCI Levadia après la fusion, il pourra profiter des éventuelles blessures et suspensions (ce qui ne manquera pas d’arriver) des titulaires Podholjuzin et Morozov pour gagner sa place. A condition d’améliorer encore son jeu balle au pied. Comme l’a annoncé son entraîneur Aleksandar Rogic, Lipp fait partie des jeunes que le club veut développer pour en faire « les joueurs clés du Levadia dans les années à venir. »

Pierre-Julien Pera


Image à la Une © Janek Eslon

Saison 2018: 5 espoirs du championnat estonien
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Le football dans les RSS – #49 La Lettonie : Aleksandr Starkovs, le roi du football letton

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À quelques mois de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) Républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique, avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Cette semaine, nous parlons de la Lettonie. Épisode #49 : Aleksandr Starkovs, buteur du Daugava Riga devenu légende nationale au tournant des années 2000.

Entraîneur mythique de la Lettonie, Aleksandr Starkovs a d’abord eu une carrière de buteur  au Daugava Riga avant d’embrasser une fructueuse carrière d’entraîneur qui l’a vu réaliser l’exploit de qualifier le petit pays balte à l’Euro 2004 au Portugal, et marquer ainsi à jamais l’histoire du football letton.

Le Gerd Müller letton

Né dans la petite ville de Madona en 1962, c’est tout naturellement au sein du club local, le RPI Madona, qu’Aleksandr Starkovs chatouille ses premiers ballons. Et avec un succès certain puisque le grand club letton de l’époque, le Daugava Riga (D2 soviétique), attire le jeune attaquant en 1976. Son talent dépasse rapidement les frontières de la Lettonie et il file en 1978 au  grand Dynamo Moscou, mais n‘arrive pas à s’y imposer. Retour logique au Daugava de 1979 à 1989 pour y disputer la bagatelle de 303 matchs et inscrire 110 buts.

Le Daugava ambitionne la montée au plus haut niveau de la hiérarchie soviétique, mais les buts de Starkovs ne s’avèrent pas suffisants pour permettre de concrétiser les espoirs du club. Cette période reste synonyme de désenchantement. S’il est un excellent attaquant, et sans doute le meilleur joueur letton de la période soviétique, Aleksandr Starkovs voit malheureusement son talent cantonné à la deuxième division soviétique. Il remise les crampons au moment ou la Lettonie réclame son indépendance et l’URSS s’effondre progressivement.


Lire aussi : Daugava Riga, l’impossible ascension


Entraîneur et figure emblématique du Skonto Riga

Pour se préparer à sa nouvelle orientation, Starkovs part étudier le sport à Moscou. Il commence sa nouvelle carrière humblement en tant qu’adjoint au Daugava. Son club de cœur faisant rapidement faillite, il poursuit au Pardaugava Riga puis au Kompar/Daugava Riga  avant de prendre en mains les espoirs lettons de 1992 à 1994. Mais surtout entre 1993 et 2004, il prend les rênes du Skonto Riga qui devient une machine à gagner sous son impulsion et règne sans partage sur le championnat letton avec 14 titres consécutifs ! Derrière le club, un président omnipotent, Guntis Indriksons, homme d’affaire ayant fait fortune lors de la chute de l’URSS via son groupe « Skonto. »

Starkovs  résume ainsi dans So Foot la politique du club et cette période : « Pour Indriksons, l’ordre était premièrement, tu dois gagner le championnat. Deuxièmement, tu dois rendre tes joueurs compétitifs au niveau européen et les rendre disponibles pour le marché extérieur et ainsi augmenter ton budget en faisant une plus-value sur leur vente. Troisièmement, renforcer l’équipe nationale lettone. Le noyau dur de l’équipe lettone qui a connu ses plus grands succès s’est construit au travers de l’équipe du Skonto. Il faut aussi comprendre que lorsque Guntis Indriksons devient président de la fédération lettone en 1996, l’équipe nationale est devenue ma priorité. Le Skonto est devenu le laboratoire de l’équipe nationale à partir de ce moment-là. »

La domination totale du Skonto sur le football letton lui permet de disputer chaque année les compétitions européennes et de se frotter à Naples, Barcelone, Valladolid ou encore l’Inter de Milan, ce qui permet aux joueurs d’acquérir une expérience du niveau international. En parallèle de sa fonction au Skonto, Starkovs intègre donc le staff de l’équipe nationale. Suivant son habitude d’observer et étudier avant de prendre les choses en main, il gravit les échelons avant de connaître la consécration.


Lire aussi : Skonto FC, la chute d’une institution lettonne


Équipe nationale et consécration de l’Euro 2004

À partir de 1995 il devient donc adjoint de l’équipe nationale, côtoyant successivement Janis Gilis, le géorgien Revaz Dzodzouachvili et l’anglais Gary Johnson. Si ce dernier facilite les signatures de Marians Pahars à Southampton et d’Igors Stepanovs à Arsenal, les résultats lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2002 sont catastrophiques. Après un match nul humiliant (1-1) contre Saint-Marin qui force Johnson à abandonner son poste, Starkovs débute sur le banc en tant que sélectionneur principal à l’occasion d’un déplacement en Belgique synonyme de défaite (3-1).  La Croatie vient ensuite s’imposer à Riga (0-1) et la campagne prend fin avec une défaite 2-1 en Écosse. La Lettonie a donc uniquement pris des points contre Saint-Marin, le moral est au plus bas et il n’y pas vraiment d’effet Starkovs.

Le groupe 4 de la phase qualificative pour l’Euro 2004 offre à la Lettonie un groupe comprenant la Suède, la Pologne, la Hongrie et de nouveau Saint-Marin. Autant dire que personne ne donne une chance de faire beaucoup mieux aux Lettons. Mais les miracles vont s’enchaîner. Ainsi, la Lettonie commence par une victoire (0-1) à Solna contre une Suède médusée grâce au but d’un jeune attaquant prometteur, Maris Verpakovskis.

Confirmation au match suivant, la Hongrie repart de Riga avec un cuisant revers (3-1), grâce encore à un doublé de Verpakovskis. Cependant, la Pologne vient s’imposer (0-2) en Lettonie et le déplacement en Hongrie donne lieu à une seconde défaite (3-1) avec un nouveau but de Verpakovskis. Ce retour à la réalité refroidit l’enthousiasme letton. La double confrontation contre Saint-Marin redonne espoir après un bon 3-0 à la maison, mais aussi une victoire sortie de nulle part en principauté sur un but contre son camp du malheureux Carlo Valentini à la 89e. Avec douze points, la campagne est déjà réussie, mais l’appétit venant en mangeant, l’impossible semble être à portée de main. Et le miracle continue. En trompant Jerzy Dudek, Laizans offre une courte victoire aux Lettons à Varsovie, et du même coup une finale pour la première place contre la Suède lors de la dernière journée. Poussés par 8 500 supporters dans un stade du Skonto chauffé à blanc, les Lettons obtiennent un 0-0 miraculeux donnant droit à une place de barragiste. Et le sort désigne comme adversaire la Turquie, qui vient de finir troisième du dernier Mondial avec une seconde manche à disputer en Anatolie. Mission impossible à priori.

Si Verpakovskis offre une courte victoire à Riga (1-0), l’avantage semble bien ténu avant de se rendre dans l’enfer d’Istanbul. Et effectivement, Ilhan Mansiz (20e) puis Hakan Sukur (64e) offrent un avantage que l’on pense décisif à la Turquie. Mais il est écrit que rien ne peut arrêter cette équipe balte. Laizans réduit le score sur coup franc, avant que le héros Verpakovskis ne parte en solo égaliser devant un public turc incrédule. La Lettonie vient de se qualifier pour la première fois de son histoire pour la phase finale d’une compétition internationale. Cette équipe créée la sensation et une ferveur rarement vue dans ce petit pays, qui trouve autour des exploits de son équipe nationale l’occasion de se rassembler.

Starkovs à réussi à créer une alchimie en se basant sur l’effectif du Skonto renforcé par quelques joueurs qui jouent à l’étranger comme le gardien Kolinko (Rostov), Juris Laizans (CSKA Moscou), Igors Stepanovs (prêté par Arsenal à Beveren, en Belgique), Andrejs Stolcers (Fulham) ou encore Marian Pahars (Southampton). La plupart des joueurs approchent la trentaine et ont atteint leur maturité sportive, voire apparaissent comme périmés, à l’image des défenseurs du Skonto Mihails Zemlinskis (34 ans) et Olegs Blagonadezdins (31 ans) ou encore du milieu de l’Admira Wacker, Vitalijs Astafjevs (33 ans). Pratiquement tous sont passés par le Skonto sous les ordres de Starkovs. Le manque de qualité est ainsi compensé par une cohésion sans faille, l’enthousiasme de l’invité surprise mais aussi le soutien de toute une nation fière de son équipe. Le pays est en ébullition.

© Lumijaguaari / Wikipedia

L’Euro 2004

En tombant dans un groupe avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la République Tchèque, on voit mal la Lettonie échapper à quelques punitions. Personne ne prend au sérieux cette sympathique équipe d’un pays n’ayant aucune référence footballistique et dont les joueurs sont de complets inconnus.

Le premier match, contre la République Tchèque à Aveiro, est entamé de la meilleure des manières puisque Maris Verpakosvkis ouvre le score à la surprise générale dans les minutes additionnelles de la première mi-temps ! Mais le pressing infernal imposé par les Tchèques finit par payer. Baros (73e) et Heinz (85e) viennent briser les espoirs lettons en fin de match. Une première néanmoins encourageante et qui peut laisser des regrets à la Lettonie.

© Roman Koksharov / skontofc.com

C’est l’ogre allemand qui est au menu du deuxième match. Sorti d’un match nul face aux Pays-Bas pour débuter, celui-ci ne peut laisser passer l’occasion de prendre les trois points contre le Petit Poucet du groupe dans l’optique de la qualification. Mais une nouvelle fois, la Lettonie est solide et organisée et obtient même la plus belle occasion du match via un déboulé de l’inévitable Verpakovskis, qui traverse un demi-terrain balle au pied avant d’échouer sur Oliver Kahn qui sauve la Mannschaft. Le siège du but de Kolinko se montre infructueux et la Lettonie obtient un résultat nul historique fêté comme une victoire. L’Allemagne peut de son côté s’en mordre les doigts, cette contre-performance lui coûtant une élimination sans gloire dès le premier tour de l’Euro portugais. La Lettonie, elle, se met à rêver. Verpakoskis déclare ainsi : « Nous n’avons besoin que d’un seul but contre les Néerlandais. On doit rentrer sur le terrain avec cet état d’esprit, car on a encore une chance de se qualifier pour les quarts. »

Ruud Van Nistelrooy vient néanmoins rapidement rassurer les Pays-Bas de Dick Advocaat en inscrivant deux buts en première période, avant que Roy Makaay ne vienne fixer le score final à 3-0 en fin de match. Qu’importe, le pari est réussi pour une Lettonie qui n’a pas été ridicule pendant le tournoi, a tenu en échec l’Allemagne et a surtout fait vibrer toute une nation. Plusieurs centaines de Lettons ont fait le déplacement de 3 600 km via un trajet en car de cinq jours pour participer à ce moment unique.

Spartak Moscou et retour à la maison

Maris Verpakovskis rentabilise cette campagne incroyable en signant au Dynamo Kiev, mais connaît par la suite un parcours chaotique et en deçà de ce que l’on pouvait espérer de son talent. Les prestations de la Lettonie version Starkovs ne laissent, elles, pas insensible la direction du Spartak Moscou, et notamment son propriétaire Leonid Fedun (propriétaire de Lukoil), qui fait signer le Letton pour remplacer Nevio Scala. Fedun, un homme qui n’est pas connu pour sa patience avec ses entraîneurs. Mais pour Starkovs, il s’agit également d’un changement radical par rapport à la carrière qu’il a menée jusqu’alors, durant laquelle il n’a encore jamais eu affaire à une pression médiatique d’un tel niveau, et surtout jamais connu la gestion d’un vestiaire de stars. Son conflit avec Dmitri Alenichev est emblématique des problèmes qu’il découvre au Spartak. Si, lors de la première saison, le Spartak accroche la deuxième place, Starkovs est licencié en juin 2006 suite au conflit ouvert avec Alenichev qui s’est répandu dans les médias. Et le Letton de garder un souvenir amer de cette période.

C’est tout naturellement que Starkovs retourne alors en Lettonie pour reprendre en main l’équipe nationale tout en s’occupant du Skonto Riga, qui périclite peu après fautes de moyens financiers. Le technicien en profite pour tenter une brève escapade en Azerbaïdjan, au FC Bakou. Il abandonne le terrain en 2013 pour travailler au sein de la fédération, et redevient adjoint en 2016 puis de nouveau sélectionneur après les éliminatoires catastrophiques de la Coupe du Monde russe. La Lettonie n’est malheureusement plus une équipe compétitive et c’est un peu le sauveur qu’on appelle à la rescousse pour une mission quasi impossible. Le temps est passé et l’Euro 2004 est bien loin. Le football en Lettonie nage en plein marasme et n’a pas réussi à progresser. Il n’y a plus le Skonto pour former une épine dorsale, plus un joueur du talent de Verpakoskis et les doutes commencent même à poindre au sujet de Starkovs, que certains trouvent dépassé. Le nul 1-1 contre les iles Féroé et surtout la défaite de ce week-end contre Gibraltar (1-0) viennent évidemment donner de l’eau au moulin des détracteurs du sélectionneur, dont la tête est ouvertement réclamée… S’il ne jette pas l’éponge d’ici là, la prochaine Baltic Cup en juin, avec la Lituanie et l’Estonie, sera donc à haut risque pour le sorcier letton.

Viktor Lukovic


Image à la une : © AFP PHOTO / JANEK SKARZYNSKI

Le football dans les RSS – #49 La Lettonie : Aleksandr Starkovs, le roi du football letton
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